Beaucoup de travailleurs en Afrique ne bénéficient pas de protection sociale. Ils sont laissés à eux-mêmes malgré le temps qu’ils consentent au travail. D’après Dr Gislaine Saizono, moins de 17% de travailleurs bénéficient de protection sociale. Pourtant, ce ne sont pas les voies qui font défaut pour remédier à cette question. Une réflexion est en train d’être menée pour convaincre les autorités d’assurer la protection sociale aux travailleurs.Par Justin GOMIS – 

«Moins de 17% d’Africains bénéficient de la protection sociale», a informé Dr Gislaine Saizono hier, lors d’un atelier de trois jours sur la sensibilisation sur le Protocole de l’Union africaine à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des citoyens à la protection sociale et à la sécurité sociale. Pour la chargée des questions de protection sociale et d’égalité au sein de la Confédération africaine des travailleurs, «c’est dommage». D’après Dr Gislaine Saizono, «le secteur informel est constitué à près de 80% de la population, mais moins d’1% bénéficie de la protection sociale. 5% du secteur public bénéficient de la protection sociale. En tout, on a 6% qui bénéficient de la protection sociale». Et dans le domaine de la sécurité sociale, poursuit-elle, «à peine ces 6% bénéficient des 4 branches sur les 9 de la sécurité sociale». Suffisant pour la chargée des questions de protection sociale et d’égalité au sein de la Confédération africaine des travailleurs de dire «qu’il y a péril en la demeure». En ce sens que «beaucoup de travailleurs n’ont pas accès à la santé, à l’assurance maladie, à la pension de retraite…». Pire, même le chômage n’est pas pris en charge.
Pourtant, pense Dr Gislaine Saizono, il y a possibilité d’y remédier. «On n’a pas besoin d’aller s’endetter pour financer la protection sociale. Il faut que nos Etats fassent des budgets fonctionnels, c’est-à-dire qu’on trouve des poches de ressources au niveau des mines, de la pêche, de la société de bière. On dégage un pourcentage pour allouer à la protection sociale. Après le budget à la protection sociale, on fait un budget économique dans le cadre du budget général.»
Selon toujours elle, «on n’a pas besoin d’aller s’endetter pour trouver 15% du Pib». Car «le secteur informel a de l’argent, ils veulent contribuer». Il suffit, croit-elle, de mettre en place un cadre «en leur fournissant l’assurance, la confiance afin de cotiser pour la santé pension». Aucun prétexte ne peut être avancé pour justifier l’absence de protection sociale. «Les flux financiers font sortir des millions de nos pays, on ne peut pas nous dire qu’il n’y a pas d’argent pour investir dans la protection sociale. On fuit pour aller en Europe parce qu’on n’a pas de protection sociale. C’est parce que les autres ont un système de protection sociale bien équilibré», remarque-t-elle. Avant de promettre qu’ils vont réfléchir pendant ces trois jours sur ces questions afin de trouver les moyens pour convaincre les autorités de la possibilité d’assurer une protection sociale des travailleurs dans nos pays africains. «Nous devons approfondir nos efforts et avancer vers des formules qui permettent d’intégrer de plus en plus de Sénégalais dans le champ de cette protection sociale, parce que tout le monde en a besoin», a-t-elle conclu, en soulignant que la protection sociale est la clé du développement. Et que celui qui est en bonne santé et qui a un bon revenu est plus productif, et cela va participer à booster l’économie car c’est en lien avec la productivité. A son avis, «ce n’est pas la macroéconomie qui développera les pays, mais la protection sociale».
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