Putsch au Burkina Faso : La Cedeao opte pour le dialogue

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a décidé de ne pas imposer de nouvelles sanctions au Burkina Faso, où des militaires ont pris le pouvoir le 24 janvier. C’est la principale information à retenir du Sommet des chefs d’Etat d’hier, à Accra.Par Malick GAYE
– «Nous allons rapidement demander aux autorités burkinabè, de proposer un calendrier clair et rapide pour un retour à l’ordre constitutionnel», a déclaré une source anonyme à l’Afp. Ainsi, la suspension du Burkina Faso des instances de la Cedeao décidée après le putsch, est la seule sanction contre les militaires au pouvoir.
Si les dirigeants de l’espace communautaire n’ont pas jugé nécessaire de corser les sanctions, c’est grâce aux deux missions militaire et ministérielle envoyées par la Cedeao. En effet, les chefs d’Etat ont entendu le compte-rendu des participants à ces missions qui avaient rencontré le nouvel homme fort du Burkina Faso, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Avant de quitter Ouagadougou lundi, la ministre des Affaires étrangères du Ghana, Mme Shirley Ayorkor Botchwey, avait parlé de «discussions franches» et trouvé la junte «très ouverte aux suggestions et propositions» de la Cedeao. Avec d’autres membres de la délégation, elle avait pu rencontrer le Président renversé, Roch Marc Christian Kaboré, placé en résidence surveillée et qui, avaient-ils dit, va «très bien», exigeant sa libération.
La Cedeao, qui doit gérer 3 coups d’Etat en l’espace de 18 mois, reste droite dans ses bottes. En effet, le Mali qui a décidé de faire 5 ans de Transition, n’a pas été ménagé par la communauté ouest-africaine. Celle-ci l’a isolé pour l’amener à réduire considérablement ce temps.
Ces mêmes sanctions ne peuvent être appliquées à la Guinée et au Burkina Faso, pour la simple et bonne raison que ces pays n’ont pas montré une volonté de s’éterniser au pouvoir. Naturellement, ces Etats peuvent être sanctionnés comme le Mali.
En plus, la semaine dernière, lors de sa seule déclaration publique après sa prise de pouvoir, Paul-Henri Sandaogo Damiba a assuré que son pays, en proie à des attaques djihadistes régulières depuis 2015, avait «plus que jamais besoin de ses partenaires» internationaux. Dans le sillage du Mali et du Niger, le Burkina Faso est pris depuis 2015, dans une spirale de violences djihadistes qui a fait au moins deux mille morts en près de sept ans et plus de 1,5 million de déplacés.
La Guinée pour sa part, est en train de consulter ses forces vives afin d’avoir un consensus sur la durée de la Transition.
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