Passionné par les arts premiers et les civilisations lointaines, Jacques Chirac, décédé le 26 septembre dernier, a voulu et porté le musée du Quai Branly pour défendre les cultures et les Peuples menacés par la mondialisation.

Réalisation culturelle majeure de sa présidence, ce mu­sée, rebaptisé pour ses dix ans en juin 2016 Quai Branly-Jacques Chirac, a permis à Jacques Chirac de s’inscrire dans la lignée de ses prédécesseurs Georges Pompidou (Centre Pom­pidou), Valéry Giscard d’Estaing (musée d’Orsay) et François Mitterrand (le Grand Louvre). Lancé dès son installation à l’Elysée en 1995, le projet architectural et muséographique du Quai Branly a été suivi de près à toutes ses étapes par Jacques Chirac qui s’est rendu à plusieurs reprises sur un chantier lui tenant «particulièrement à cœur». Jouant souvent avec sa fausse image de Président inculte, Jacques Chirac s’est finalement imposé avec les années comme un amoureux éclairé des arts d’Asie, d’Océanie et d’Afri­que, signalant même certaines pièces aux responsables du Quai Branly. «Il était nécessaire d’imaginer un lieu original qui rende justice à l’infinie diversité des cultures, un lieu qui manifeste un autre regard sur le génie des Peuples et des civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océa­nie et des Amériques», avait-il dit en inaugurant le musée installé en bord de Seine dans un bâtiment conçu par l’architecte Jean Nouvel. Il s’agit aussi pour la France de rendre hommage à des «Peuples brutalisés, exterminés par des conquérants avides et brutaux», des «Peuples aujourd’hui encore souvent marginalisés, fragilisés, menacés par l’avancée inexorable de la modernité», avait-il ajouté. Tel est aussi l’enjeu de ce musée. «Dresser face à l’emprise terne et menaçante de l’uniformité la diversité infinie des cultures et des arts», avait lancé Jacques Chirac. Le Quai Branly a franchi la barre des 15 millions de visiteurs depuis son ouverture. Le principal bâtiment domine un jardin de 18 mille mètres carrés conçu par le paysagiste Gilles Clément.
Lepoint Afrique