Qualité des services bancaires : Le secteur face au défi de la satisfaction client

Le secteur bancaire sénégalais a fait preuve d’un dynamisme remarquable. Malgré tout, d’énormes défis restent à relever : le taux de bancarisation qui demeure faible, la satisfaction client, entre autres. Par Alioune Badara CISS (Correspondant) –
Le secteur bancaire sénégalais, malgré une croissance notable, est confronté à un paradoxe, à savoir une expansion des services qui ne se traduit pas encore par une amélioration significative du taux de bancarisation strict. C’est le constat principal qui ressort de l’ouverture de l’atelier technique de restitution de l’Enquête de satisfaction des usagers des services bancaires (Esub) 2024 de trois jours organisé par l’Observatoire de la qualité des services financiers (Oqsf), mercredi à Saly.
Cette rencontre a réuni des acteurs-clés du secteur pour examiner les résultats de cette troisième enquête du genre, après celles de 2010 et 2017. L’objectif, c’est d’utiliser les données collectées pour améliorer la qualité des services, renforcer la confiance des clients et stimuler l’inclusion financière.
Selon les chiffres présentés par M. Mamadou Ndiaye, représentant du ministre des Finances et du budget, le secteur bancaire sénégalais a fait preuve d’un dynamisme remarquable. Fin 2023, le pays comptait 33 établissements de crédit dont 29 banques et quatre établissements financiers. Le nombre de points de service a également bondi de 11%, passant de 505 en 2022 à 562 en 2023, tandis que le nombre de guichets automatiques est passé de 711 à 739.
Cependant, ces chiffres positifs contrastent avec un faible taux de bancarisation strict, qui a légèrement reculé, passant de 22, 47% en 2022 à 22, 39% en 2023. Ce taux reste significativement en deçà de ceux observés dans d’autres pays de la région ou du continent, comme le Maroc qui enregistre un taux de 58% ou la Tunisie, 40%. «Ces statistiques réconfortantes contrastent avec le faible taux de bancarisation strict», a souligné M. Papa Amadou Diagne, Secrétaire exécutif de l’Oqsf. A l’en croire, «cette qualité des services bancaires est le fondement de la confiance qui lie les banques à leurs clients et constitue, à cet égard, un levier essentiel de l’inclusion financière, notre objectif commun». Le secteur bancaire sénégalais évolue dans un contexte de concurrence accrue et d’adoption d’une nouvelle loi bancaire. Cette législation met l’accent sur le renforcement des exigences en matière de relation client et de protection des consommateurs.
L’atelier de l’Oqsf est donc une occasion pour les acteurs du secteur de s’adapter à ces changements et de s’attaquer aux défis persistants, notamment les coûts élevés des services, les difficultés liées à la mobilité bancaire, le manque de transparence financière dans les contrats, le risque de surendettement des clients, le faible niveau d’éducation financière de la population.
Les participants à l’atelier ont été invités à analyser les résultats de l’enquête pour identifier les points à améliorer et les progrès à consolider. L’objectif est de mettre en place un plan d’actions concret.
M. Momar Diop, président du Conseil d’orientation de l’Oqsf, a insisté sur l’importance de la collaboration. «Votre métier est d’une importance capitale. Vous n’êtes pas seulement des intermédiaires financiers. Vous êtes les architectes du crédit», a-t-il déclaré, en exhortant les banquiers à considérer les défis comme des opportunités.
Pour M. Mamadou Ndiaye, il est essentiel d’accélérer le rythme des enquêtes de satisfaction, proposant une périodicité quinquennale au lieu de septennale, «au regard de l’accélération du rythme d’évolution du secteur bancaire». Il a également souligné la nécessité d’élargir le champ d’étude à la microfinance et aux assurances pour une vision plus complète de l’écosystème financier.
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