L’Etat du Sénégal, sur demande des syndicats d’enseignants, avait, depuis la signature des accords de 2012, proposé la création du corps des administrateurs scolaires. Selon le représentant de la fonction publique d’alors, «ce corps des administrateurs scolaires va permettre d’améliorer la gestion des établissements scolaires tout en permettant une bonne gouvernance des ressources». De 2012 à nos jours, que de discours. Chez nous, le respect de la parole donnée est ce qu’est la signature chez le blanc, et qu’en réalité du moment où l’on signe des accords, surtout des accords dits réalistes et réalisables, on crée des attentes. Juste rappeller qu’au Sénégal, les chefs d’établissement scolaire sont des enseignants qu’on nomme à des postes de responsabilité sans aucune préparation préalable à la gestion scolaire. Nous pensons que la mise en place dudit corps leur permettra de mieux relever les défis auxquels ils sont appelés. Autrement dit, il s’agira plutôt de professionnaliser la fonction de chef d’établissement. Ils doivent devenir des acteurs de changement pour faire travailler l’ensemble des maillons de l’administration scolaire en vue d’atteindre les objectifs communs. Par conséquent, l’Unesco (1993) avait souligné que «ni l’effectif des classes ni même la qualification des enseignants qui occupent la première place n’influent sur les performances des élèves, mais sur le style de direction pédagogique et administrative de l’école». Rien que pour cela, il urge de mettre en place le corps des administrateurs scolaires.
Plusieurs pays, ayant compris son importance, n’ont pas lésiné sur les moyens pour offrir aux chefs d’établissement scolaire, des possibilités de développement personnel ainsi que professionnel. En effet, en Côte d’Ivoire, après le concours, les sélectionnés suivent une formation à la gestion scolaire de deux à trois semaines pendant les vacances et sont affectés dans les établissements en qualité d’adjoints. En revanche, au Burkina Faso, il existe des sessions de formation d’introduction à la direction des établissements scolaires et de perfectionnement en cours d’emploi. Ainsi, les nouveaux chefs d’établissement sont formés à la connaissance des textes officiels régissant le domaine de l’éducation, des règles de gestion matérielle et financière et de la construction de projet d’établissement. A cet effet, il convient de préciser que le Burkina Faso est l’un des rares pays en Afrique à disposer au sein de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature des programmes de formation de niveau universitaire pour les cadres de l’administration scolaire et universitaire.
En Guinée, nous dit Faya Lansana Millimouno (1998), c’est à l’Institut supérieur des sciences de l’éducation (Isseg) que revient la responsabilité de former les gestionnaires scolaires. En Tunisie, ce sont les centres régionaux relevant de la Direction régionale de l’enseignement qui assument la formation continue des chefs d’établissement.
A juste titre, au Sénégal, nous pensons, pour notre part, que les Centres régionaux de formation des personnels de l’éducation (Crfpe) peuvent valablement assurer cette formation pour rehausser les compétences des concernés. Il s’agira, dans ce cas, non seulement de les doter de moyens financiers satisfaisants et d’installations adéquates, mais aussi de mettre à leur disposition, des personnels qualifiés pour assurer cette formation des chefs d’établissement. A titre indicatif, nous constatons avec enthousiasme, l’effort du Centre régional de formation des personnels de l’éducation (Crfpe) de Louga qui expérimente déjà cette initiative. A cet effet, il servirait de centre-pilote.
Par ailleurs, nous rappelons que le Sénégal dispose de formateurs de Directeurs d’établissements capables de prendre en charge ce dispositif de formation. Ainsi, il suffit de mettre «l’homme qu’il faut à la place qu’il faut».
Nous terminons avec cette belle phrase de Grégoire : «On n’avancera pas beaucoup en affectant des enseignants mieux préparés dans une école mal administrée.»
Bouna Ndao
Formateur en administration scolaire au Crfpe de Louga
Chercheur en sciences de l’éducation, laboratoire de recherche : Centre de recherche en éducation, formation et du sport (Crefs)
bourniany2@yahoo.fr
ndao.bouna@ugb.edu.sn