Quand manipulations et comédies s’entrechoquent dans le «tonneau des Danaïdes» :

En cette journée dominicale de froid glacial, atténué par moments, par une brève apparition timide du soleil en cette saison hivernale que connaissent, comble de paradoxe climatique, les pays d’Afrique australe, ici à Johannesburg, quoi de plus normal que de nous enquérir des nouvelles de notre cher pays, de notre famille qui nous manquent tant. Nous avions suivi à travers la toile, les sujets de l’actualité nationale, à savoir la visite du chef d’Etat aux chefs religieux à Touba, Tivaouane, la marche de soutien au Peuple de Palestine, suite aux violents et meurtriers évènements de Gaza, la journée des manifestations pour la criminalisation de l’homosexualité, en réalité à défoncer une porte entrouverte après le vote de la loi criminalisant les rapports contre nature comme la sodomie dont, comble de paradoxe, on notait dans les rangs des manifestants les défenseurs les plus acharnés de celui qui était accusé de sodomie.
C’est là où nous avions pris connaissance du malaise dont a été victime le député et leader du Pastef lors de la journée de prières à Bignona à la mémoire des morts des journées des 3 et 4 mars. Il ne nous ressemble pas du tout de par notre éducation, nos croyances religieuses socio-culturelles, contrairement à bon nombre de militants et responsables du parti Pastef, leur leader au premier chef, de nourrir une haine viscérale à son prochain, même son ennemi jusque et après sa mort, comme ce fut le cas, lors du décès du juge qui avait la charge d’instruire l’affaire qui avait opposé le ci-devant député à une jeune fille qui l’avait accusé de viols et rapports contre nature multiples et menaces. Il se trouve que la personne prise de malaise, à qui nous souhaitons un prompt rétablissement nous a habitués à des tours de manœuvrier, d’illusionniste, de comédien. D’où un billet que votre serviteur lui avait consacré «Qui guérira notre «Don Qui Chiotte» de la Petomania ?». Il est aussi vrai, comme nous le rappelaient les adages, les contes et fables à valeur éducative et régulatrice de nos contrées, racontés par de grands poètes, écrivains comme Birago Diop dans le roman adapté au théâtre «L’Os de Mor Lam», Feus Abdoulaye Sadji et le Poète et premier président de la République du Sénégal, l’histoire de «Leuk le lièvre et Bouki l’hyène». Le constat est que ces contes et fables ressemblent bien à s’y méprendre à ceux d’autres contrées comme la France, que nos instituteurs d’alors nous apprenaient dans un style lyrique ou prosaïque dans nos cours de lecture, de récitation et de morale.
Un adage de chez nous dit : «Un menteur n’est jamais écouté même s’il dit un jour la vérité.» N’a-t-il pas son répondant avec ce vieux conte d’outremer «Hurler au Loup». En d’autres termes : «A force de donner de fausses alertes, l’alerte véritable n’est plus écoutée ; ou à toujours s’alarmer pour rien, les véritables alertes perdent toute leur valeur.» Dans cette fable d’Esope, il y a de cela quelques siècles avant Jésus Christ, il s’agissait d’un jeune berger qui se faisait un malin plaisir de crier inutilement au loup, histoire de voir les villageois venir les secourir lui et son troupeau. Comme la plaisanterie avait très bien marché, il la recommença un peu plus tard avec le même résultat. Mais quand le loup avait un jour réellement attaqué son troupeau, il eut beau crier, plus personne ne bougea. On connaît la suite de l’histoire.
Il faut quand même reconnaître que notre homme nous a beaucoup habitués à toutes sortes de boniments, du genre : «Les députés ne paient pas leurs impôts ; le frère du Président a bradé frauduleusement les gisements de pétrole ou gaz à un société étrangère, faisant perdre aux Sénégalais des centaines de milliards ; un ancien collègue aurait détourné 94 milliards lors d’une transaction foncière, occasionnant à ces derniers leurs postes de directeurs de grandes directions nationales. Il avait ainsi presque épuisé toute la littérature des grands fabulistes et comédiens des siècles passés, comme le «Malade imaginaire» de Molière. Le comble a été l’histoire du «Loup et l’Agneau» de Jean de la Fontaine et de l’histoire du «Petit Chaperon Noir», pardon du «Chaperon Rouge» de Charles Perrault où cette fois, notre «Loup», pardon notre patient, sous prétexte de soigner un mal de dos terrible depuis son enfance, suite aux recommandations de son médecin et bénédictions de son imam, se jeta sur sa proie humaine, une jeune et pauvre fille orpheline, sans défense, toute tremblotante malgré ses supplications d’épargner ce qu’elle avait de plus précieux dans son honneur, sa dignité de future femme, sa chasteté pour l’emporter et la dévorer, non dans les forêts des Landes, mais dans la désormais tristement clinique de massage «Sweet Beauty» qui embrasa le Sénégal avec son lot de morts (quatorze), de blessés et de dégâts incommensurables. Pourrait-on alors sérieusement nous dénier notre droit d’avoir un tantinet de circonspection pour ne pas dire de suspicion du malaise survenu à notre hypocondriaque à Bignona, lors de la journée de prières, à la mémoire des morts des journées des 3 et 4 mars, après son discours, pour dire ensuite tranquillement, histoire de rassurer l’assistance effrayée, après avoir retrouvé subitement ses esprits, qu’il était pris par l’émotion ? Nous donnons notre langue aux hommes de l’art, médecins et spécialistes. Mais «Attenchion» au Var «Dé» !
Maître Djibril WAR
Depuis le Parlement Panafricain à Johannesburg