Des moments en entreprise où le travailleur-salarié doit pou- voir prendre en considération la réalité du patronat. Il s’agit certes de la localité, de la branche professionnelle et du syndicat dans l’entreprise : une formation est donc une nécessité pour le salarié, aux fins de pouvoir faire la part des choses et de pouvoir percevoir les enjeux internes et externes du Capital.

De ce point de vue, le syndicalisme se construit dans le but de pouvoir contourner les changements de nature, du patronat et du pouvoir en place ; il doit élaborer de nouvelles stratégies d’intégration, dans son champ d’actions et sur le terrain des besoins sociaux. Et cette formation-là : c’est nous qui devons la mener, du fait de notre expérience, de notre vécu, les mandataires syndicaux et les assesseurs.

Sous cet aperçu, les délégués syndicaux, les permanents, les syndicats de base professionnels et les responsables des centrales syndicales doivent unir leurs forces pour trouver les causes réelles, fondamentales, et les changements en défaveur du monde du Travail. C’est pour- quoi il faut asseoir des groupes de travail pour tenter de résoudre, d’abord, la problématique au niveau des institutions sociales : l’antre des inspecteurs et contrôleurs du Travail. Que certains d’entre eux procèdent à des enquêtes sentimentales, face à la naïveté des travailleurs-salariés, en méconnaissance de leur droit légitime ou par confiance aveugle en leur endroit. A ce niveau, il y a lieu de les armer, dans le souci de bien les former. Et c’est un coût et du temps à leur consacrer. C’est indispensable et vital, pour la défense d’un milieu du Travail debout et en toute dignité.

Alors, comment devons-nous nous comporter et comment cela se passe-t-il en entreprise aux fins de pouvoir initier notre monde à nous ? Comment percevons-nous les préoccupations des salariés-travailleurs ? Comment devons-nous les motiver et comment les assis- ter en permanence, de manière efficace ? Comment dompter la peur de perdre leur emploi, en les convainquant à se défend- re et à se syndiquer ? Comment briser le silence mortel qui les pousse à l’agonie ? Ces moult questions doivent apporter des réponses concrètes. Des réponses justes, face à leurs attentes… et face à notre expérience sur le terrain, à pouvoir dès lors les accompagner avec une certaine assurance.

Attendu que les travailleurs-salariés ont besoin énormément d’être convaincus et d’être en possession des armes de défense en termes de droit social. Pour cela, ils ont besoin également d’une bonne pédagogie syndicale, d’un bon langage syndical et d’une bonne orientation dans les stratégies de lutte à l’interne. Des choix stratégiques en matière d’exploitation du monde Capital patronat et pouvoir étatique ; en termes de domination, de sélection, de discrimination, de travail forcé, d’isolement, de violence, de menaces et de harcèlement au travail… et d’inexistence de cadres sectoriels de dialogue social. Et pourtant en amont, le milieu du Travail s’interroge quant à «la dimension économique de la mission de l’Inspection du travail qui est très peu ou mal appréhendée. En effet, cette mission, au travers d’actions multiformes telles que l’élaboration et la mise en œuvre d’un cadre et de normes juridiques adaptés aux besoins des entreprises, l’information et le conseil, les études et enquêtes, la régulation et l’animation des relations professionnelles, la prévention des risques et la pro- motion de la sécurité et de la santé au travail, contribue en dernière analyse à l’amélioration du climat des affaires, à accroître la productivité du travail et à promouvoir la création de richesses pour le bien-être des populations»… autrement dit, cela n’existe pas en lame de fond.

Attendu que «la finalité de l’Inspection du travail et de la sécurité sociale est d’assurer l’application de la législation sociale». Or, tel n’est pas le cas. Alors que faut-il faire, avec un nouveau ministre du Travail qui n’est point un spécialiste dans ce domaine ? Ou faut-il se contenter de promesses et d’illusions ? Sous ce regard : comment la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal, la centrale la plus représentative, doit-elle communiquer avec les salariés- travailleurs ? Comment doit-elle pouvoir les sensibiliser, les informer et les accompagner ? Une forme prégnante de description, de dénonciation, dans notre pratique, à pouvoir et à devoir inquiéter ou à montrer les failles et les contradictions dans une action revendicative. Comment faut-il mener et inviter à l’action revendicative ? Comment devons-nous mener le dialogue avec les salariés-travailleurs sur leur réalité comme sur leurs besoins et leurs préoccupations diligentes ?
Ce faisant, le monde syndical doit pouvoir s’appuyer sur les aspirations et les besoins réels des salariés-travailleurs pour faire disloquer et éclater les contradictions des solutions partielles patronales et étatiques ? Comment devons-nous nous emparer du réel pour pou- voir nous projeter offensivement avec les salariés-travailleurs ? Comment devons-nous proposer ensemble, en prenant en compte les syndicats les plus faibles ? Comment devons-nous être une force de proposition et ne pas nous cantonner sur le seul refus de ce que dicte le Capital le patronat & l’Etat ?

Dans ce contexte-ci, il faut pendre des exemples à partir de chaque entreprise : des réalisations d’emplois stables, des qualifications professionnelles, des salaires et sursalaires, de la généralisation de la prime de logement, de la formation professionnelle, de l’organisation et de la participation au travail des salariés en entreprise, des conditions de travail, de la santé au travail, du social, entre autres. En ce sens, il n’y a pas lieu, sous cet angle, de biaiser ou fragmenter les débats d’idées… parce que : tout ce qui se fait sans nous est contre nous, par simple stratégie du Capital.
Ibrahima Khalil MENDY
Président des permanents & Sg du Syntips-Cnts