Quelles que soient les conclusions de la Cop27 sur le climat, il faudra une transition énergétique transparente pour les uns, responsable pour les autres et juste pour le reste

La transition vers les énergies renouvelables nécessitera un secteur pétrolier transparent, responsable et surtout juste, selon El Hadji Diallo de Fortesa, doctorant et représentant des compagnies pétrolières dans le Cn-Itie.
Transparent et responsable pour les compagnies pétrolières internationales et les pays développés grands consommateurs d’énergies fossiles (grands pollueurs). En effet, dans leurs stratégies de mise en œuvre de leur Plan de gestion environnementale et sociale (Pges), certaines compagnies pétrolières internationales ont des pratiques commerciales trompeuses qualifiées de «greewashing» sur l’évaluation de leur empreinte carbone. En mars dernier, l’Ong Greenpeace a assigné en Justice le groupe TotalEnergies pour sous-évaluation massive de ses émissions CO2.
Le conflit ukrainien-russe, amène aujourd’hui les Européens à s’interroger sur leur souveraineté énergétique et sur la diversité de leurs approvisionnements. Face aux crises de fin de mois avec la crise énergétique et les menaces climatiques ; nous avons malheureusement l’impression que les pays européens ont fait leur choix en privilégiant la recherche de nouveaux fournisseurs de gaz naturel pour remplacer le gaz russe au grand dam des accords climatiques. La France, avec la crise, prévoit d’acheter du gaz de schiste aux Etats-Unis alors que l’exploitation du gaz de schiste est interdite en France. Avec toujours la crise énergétique du gaz, la France est en train de réactiver et de repousser la fermeture de ses centrales nucléaires.
Une autre illustration, le volte-face de Black Rock. En effet, le premier gestionnaire d’actifs au monde, qui a mis à jour sa politique de vote en assemblée générale annuelle, pour les sociétés dans lesquelles il est investi. Dans une note, celui-ci prévient qu’il va réduire en 2022 son soutien aux résolutions émanant d’actionnaires pro climat, soumises en Ag ces derniers jours.
L’attitude responsable pour les pays développés grands pollueurs doit être la sobriété énergétique, avec des modes de vie plus modérés et non la recherche effrénée de nouveaux partenaires producteurs de gaz. Et la véritable sobriété est une politique de la décroissance en réduisant leurs productions et leurs consommations pour limiter les dégâts sociaux et environnementaux.
Les politiques climatiques doivent s’aligner sur les priorités nationales. Dans un tel contexte, une exploitation juste des énergies fossiles se justifie pour les pays africains qui polluent moins (l’Afrique n’est responsable que de 3,8% des émissions totales de gaz à effet de serre) et qui aspirent à la croissance à long terme pour accéder au développement.
Au moment où plus 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité, la transition énergétique en Afrique doit donc reposer à la fois sur le gaz naturel, combustible fossile le moins polluant, et les énergies renouvelables afin de faciliter l’accès généralisé des populations à l’électricité et d’atteindre les objectifs de développement du continent (stratégie « gas-to-power »pour le Sénégal).
Le choix du Sénégal qui s’est engagé à développer ses gisements de pétrole et de gaz naturel avec le Sénégal, qui s’est ouvertement opposé aux efforts internationaux visant à limiter le financement du développement des énergies fossiles, est juste. Le Sénégal travaille à l’élaboration d’une feuille de route pour une transition juste, dans le cadre de l’Initiative d’Action climatique pour l’Emploi.
Le concept de transition énergétique en Afrique doit être revu pour qu’il soit adapté au contexte local et juste pour tous les pays.
El hadj Amath DIALLO
Fortesa
Grand chevalier Ordre national du mérite