Les retraités n’en peuvent plus et plastronnent depuis quelques mois. Et pour cause, la pauvreté abjecte commence à les «ronger» sans que les bigots et les politicards ne daignent leur venir en aide. Mais à force de crier, l’Etat leur prête enfin une oreille politique.
Eh oui, on saute sur l’occasion et on s’engouffre dans la brèche pour politiser. Il s’agit plus de droit de vivre dans la décence même apolitique, que de la condescendance, de l’apitoiement ou d’assistance à 3ème âge en danger. C’est la tournure qui semble être mise en avant, avec la bonne volonté du chef de l’Etat, et de son altruisme très désintéressé, tout en exigeant en filigrane une reconnaissance (électoraliste) tacite.
Le droit d’ainesse et la solidarité auraient imposé aux gouvernants de s’investir dans une spontanéité unanime et sans aucune ostentation ou accointance d’ordre sociopolitique dans cette œuvre de salubrité, dès lors qu’on se gargarise de tonton, père ou doyen, mais à l’acte, l’on semble se départir de cette posture et feindre d’ignorer ce fait. De l’hypocrisie ou de l’égocentrisme ? Peut-être tout cela à la fois.
Dans cette épreuve de survie du 3ème âge, un politicard de l’instance supérieure riait jaune sur le fait que les actifs redoutaient cette ultime étape de la vie du devoir accompli, destination vers un havre ailleurs, alors qu’ici on tombait dans le pétrin de l’ingratitude et de l’indifférence et dans la dèche totale. Insignifiants et lorgnés comme résidus, des retraités préféraient la résignation, en quittant ce bas monde.
Et pendant ce temps, parmi eux, des veinards se sont reconvertis dans un métier sans retraite, la politique, du moins pour une retraite dorée, de farniente pour n’avoir rien fait, sinon déblatérer sur des choses mé­connues et le faire-semblant, par le simple fait que le parlement a cotisé une somme rondelette. N’en ferait-on pas autant pour tous les futurs prestataires?
D’ailleurs, ces derniers retraités, moins solidaires de ceux qui ont trimé et gagé leur jeunesse pour l’essor du pays, les auront ravalés à l’état de gueux, rechignant à leur octroyer ces parapluies. Et leurs «homologues», députés de la même génération, devant légiférer, ne sauraient admettre (égoïstement peut-être) qu’on leur trouve un paradis sur terre afin de mieux finir leur vie, sous prétexte de contraintes budgétaires.
L’Etat se barricade et récuse toute idée de modifier la donne sinon pour quelques privilégiés, alors que la majorité, en proie à cette épreuve, rue sur les brancards pour que l’âge soit prorogé jusqu’à 65 ans, en l’occurrence chez les magistrats. Et les enseignants du Supérieur leur emboiteront le pas, d’une manière plus pudique, voire soft, qui abhorrent à faire valoir leur droit à une pension dérisoire de 250 mille (avec 1 million 300 de salaire), arguant de rupture et pénurie d’encadreurs calés.
C’est de bon droit pourquoi deux poids deux mesures ? L’espérance de vie allongée aurait incité à procéder dans la majorité des pays européens qui ont poussé l’âge de la retraite à 68 ans, comme c’est le cas pour cette dizaine de juges (choyés par leurs rangs) et la grande masse, rien du tout malgré leurs protestations contre une telle mesure discriminatoire. Comme on peut accepter la retraite anticipée (partir 5 ans avant l’âge légal) comment peut-on refuser de le prolonger d’un lustre jusqu’à ce qu’on ne se sente plus en mesure de bosser ?
Le chef de l’Etat n’enfreindrait pas la loi en nommant des retraités ambassadeurs ou juges à l’Ofnac, du fait que le pouvoir discrétionnaire lui est dévolu, mais on admettrait en retour que ces actifs restent fringants et arborent le profil pour l’emploi. Comme pour dire qu’il n’en trouverait pas mieux. Mais la logique l’aurait amené à consentir à accorder aux autres le même droit ?
Certes, les Dockers ou autres ouvriers hésiteraient à deux fois avant de le réclamer puisqu’ayant perdu toutes leurs forces, mais il serait très équitable et éthique de proposer une retraite à la carte (une doléance du Sutsas) dès lors que les constitutions physiques sont différentes d’un individu à un autre. Ce qui devrait permettre de jouer sur l’équité pour que le cotisant puisse verser un pactole, même ayant commencé à travailler à 40 ans et sans frauder sur l’âge.
La rupture générationnelle risque d’être très forte, pouvant induire des effets négatifs dans la gestion de la chose publique, faute de relève suffisamment préparée et apte à conduire cela de main de maître. Et pour cause, l’ajustement structurel aurait provoqué ce hiatus et que la jonction n’ait pas pu se faire normalement.
Tous les «soixante-huitard» aux commandes vont probablement quitter la «scène» dans trois cinq ans laissant un vide, et suivra la génération Clad avec un manque d’expertise et un défaut d’expérience (je vous renvoie à l’appel à candidature entre 5 et 10 ans susceptible à bien gérer un poste par une bonne pratique), ça risque de subir les contrecoups à tous les niveaux de la structure étatique.
Les comptes de l’Ipres (160 milliards de fonds de calamité) seraient dérisoires et cet audit me donnera raison après diagnostic en vue des reformer, sans trop s’emberlificoter de chiffres. L’institution ne pourra survivre des placements ou autre défiscalisation si la proportion d’actifs cotisants ne cesse de baisser, tandis que la cohorte de retraités aura quadruplé ou décuplé. C’est tellement vrai que je n’en veux pour preuve qu’ailleurs on a misé sur les centres d’accueil de réfugiés, une rentabilité du reste ignoble.
En fait, il est impératif de diagnostiquer dès à présent, la problématique de la gériatrie avec l’augmentation de l’espérance-vie au Sénégal doublée d’un croît démographique très fort, entrainant une hausse exponentielle d’individus entre 0 et 30 ans et dont la réussite sociale dépendrait, d’une part, de l’apport des personnes âgées et expérimentées mais aussi en grand nombre.
Ces dernières seront de plus en plus nombreuses certes, mais aussi fringantes donc susceptibles de fournir un service de qualité pouvant, inutilisé, être un gâchis énorme. Ce qui devrait aussi inciter à étudier les possibilités d’introduire cette formule de la retraite à la carte ou allongement, avec comme double objectif de compléter les annuités en vue de bénéficier d’une pension décente et faire profiter leur expérience aux nouvelles recrues.
Il faut rappeler que les temps ont changé, révolue la période des excédents et la régularité des cotisants ; aujourd’hui, on est face à des déficits liés à des non-versements des sociétés, détruisant la formule générationnelle au profit de la capitalisation, inadaptée chez nous. Il ne suffit pas de dépêcher des brigades de recouvrement, mais de simple réadaptation, voire rénovation.
L’IpreS court vers une faillite après une première sauvée dans les années 90 par la BM, venue à la rescousse avec une perfusion de quelque vingtaine de milliards. S’y ajoute le gap du fait du nombre de retraités plus élevé que celui des actifs cotisants, les risques persistent, en rappelant que la manne de la période des vaches grasses serait ensevelie dans des projets inopérants et peu rémunérateurs pour l’heure.
Certes, d’ores et déjà des réformes sont engagées, en commettant des spécialistes à plancher sur cette question cruciale, objet de dissensions entre le pouvoir et les représentants des travailleurs en France depuis un certain temps alors que leurs voisins européens ont déjà pris leur option résolue de repousser à 65 ans en Allemagne et 67ans en Suède l’âge du départ à la retraite. Au Sénégal, moins proactif, on laisse le mal sévir pour apporter illusoirement un remède.
Il ne s’agit pas de singer pour singer, mais c’est l’évolution du monde qui l’impose et chez nous le service de qualité et la qualification seraient en train de partir que le privé recrute ou les politiques enrôlent comme consultants, conseillers ou militants intelligents. La relève ne serait pas très assurée et rassurante. L’on craint qu’elle n’ait eu le temps d’appréhender les rudiments. Et l’Administration publique en pâtira implicitement.
En fait, le processus générationnel des premiers produits de la fonction (publique et para) est en train de boucler ses 5 à 6 décennies de travail ayant acquis toute l’expérience requise et qu’il leur aura fallu du temps pour assimiler, tout un savoir-faire, voire un arsenal, hérité du colon ou technicien expatrié. Ce qui risque de ne pas être le cas aujourd’hui pour défaut de restitution. On n’a pas le droit de les laisser en rade, inusité un tel patrimoine. Même un peu décalée et en conflit virtuel, la génération des Tic a besoin de cet apport.
J’insiste sur l’apport du 3ème âge primordial en gardiens du temple, jouant le rôle de grands parents (systématisé), devant inculquer ces éléments porteurs de la conscience «noire» avec les concepts idéalisés. Le QI (quotient intellectuel) ne suffirait pour construire un génie apte à conduire des hommes, mais le QE (quotient émotionnel) en est un complément fondamental, pourtant négligé par l’Académie, pour y parvenir.
Ce QI (quotient intellectuel) reste à l’état traditionaliste et informel que l’on imprègne par immersion à travers le stage de formation ou le bizutage qui forge l’impétrant à s’insérer correctement, à assumer pleinement sa fonction sociale, surtout en management, lui procurant ce que l’Ecole ne peut dispenser. Aujourd’hui, il est impératif de reproduire le schéma éducatif, avec comme instruments les contes et la philosophie entre autres, pour prévenir l’asocial.
A l’évidence, une telle sagesse ne servirait qu’à inoculer ce vécu, voire cette expérience afin d’épouser les éléments du fameux QE, venant combler l’absence de l’instruction civique plus ou moins prégnante, l’incarnant en processus identitaire dès lors qu’on aura la latitude de prêcher par l’exemple, tout en permettant de pratiquer in situ ces références.
La renaissance africaine tire tout son sens à partir d’ici, mais ceci n’est qu’un des maillons de la chaîne du Hangar 3 A à la Case des tout-petits, puisque devant être soutenue par le foyer des Ados, la maison des jeunes avec ce plafond et des interférences et une collaboration tacite.
Le constat est là que la rupture sociale est patente même si le conflit de génération demeure latent ou larvé et l’on pourrait éventuellement parer à une telle crise aux conséquences inquiétantes, en faisant en sorte que les trois formations ou strates se croisent à travers des visites programmées et éducatives de part et d’autre.
En Europe, une stratégie globale est en train d’être mise en place pour les personnes âgées, consistant à offrir les outils techniques, de santé et d’autonomie pour éviter de leur faire vivre des situation difficiles à la vieillesse. On a inventé ici des Coaches pour le 3ème âge à l’instar de la Suède, lesquels se rendent au domicile des retraités pour les stimuler, en agissant sur le préventif…
Chez nous, il y a lieu de procurer un toit à la Case des tout-petits, au foyer et la maison des jeunes (virtuelle à travers les Asc) notamment avec le Hangar du 3ème. Tout le contraire de ce qui se fait ailleurs. Il s’agit là d’édifier une maison de l’expérience, regroupant toutes les personnes du troisième âge qui auront opté de partir avant ou à 65-67ans, donc ayant fait valoir leur droit à une pension de retraite. (Modèle domotique pour abriter le H3A à proposer).
C’est là que la trouvaille puise toute sa quintessence, s’évertuant à construire, voire conduire ce futur dirigeant vers un tel idéal, car le développement est un état d’esprit et les vertus incarnées devraient être semées dès le bas âge pour que celles-ci s’incrustent profondément et conformément à cet homme de demain à l’idéal, en l’occurrence le Hsm (l’Homo Sénégalensis Moderne).
Le principe est simple car il suffira de les réunir dans un espace quasi informel approprié et aménagé selon les commodités admises pour cet âge afin de pouvoir recourir à eux et bénéficier de leurs expériences. Une formation qui pourrait être chapeautée par le Conseil des Sages (la Médiature version africaine).
Ils pourront en faire profiter aux Etablissements scolaires, universitaires, parapublics, mais plus concrètement aux tout-petits de leur savoir d’une manière plus ponctuelle et académique (combler le gap de profs surtout en math). Leur intrusion dans le foyer des ados et Foyers des jeunes devrait aussi être orientée vers la Maison des outils ou les «Daras» de métiers, ce qui permettrait de combler ce déficit, en se dotant de cette expertise avérée à ce niveau.
Le ralliement, tout dernièrement aux côtés de l’Etat, des anciens diplomates, montre l’utilité de ces hommes dont on voudrait exploiter leur expérience. Pourquoi ne pas les organiser ces anciens au niveau local et les regrouper toutes spécialités confondues, dans ce Hangar du 3ème âge, pour dispenser leurs connaissances aux jeunes du quartier ou du village à l’instar de la Case des tout-petits.
Ces retraités en tireraient un grand bénéfice, en sortant du désœuvrement, de l’ennui, la solitude ou autres traumatismes pouvant provoquer des maladies coûteuses, grevant le budget du Plan sésame. Car, cette interruption (brutale des fois) engendre des dégâts à cause de l’impréparation à une reconversion pour s’activer un peu et garder le même standing de vie  et rester d’attaque ; dès lors que cette rupture affecte terriblement le retraité africain.
Tout autant, la diversité de cet aréopage d’anciens pourraient à chaque fois, suivant une périodicité (à déterminer) provoquer des réunions sur des sujets d’actualité ou ponctuellement mettre à la disposition de l’Autorité les conclusions de leurs réflexions en qualité «d’alerteurs» et de régulateurs sociaux.
En outre, ils pourront assumer la fonction de Mémoire vivante, afin de relever le niveau des apprenants et pourquoi pas des enseignants, ils seront alors des «Bibliothropes» (humains-bibliothèques), en magnifiant cette assertion : qu’«un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brule». Tout autant, la doxa nous l’enseigne, je cite : «Maak Maat na baayi ci deek» (les personnes âgées sont à garder précieusement dans un pays)
Le Sénégal est un pays leader qui a su inventer des choses comme la Case des tout-petits et le Hangar 3A en sera une autre trouvaille, en érigeant dans chaque région (localité) ce dispositif qui sera un Grand-Place des retraités actifs, confirmant l’adage aussi : «qu’un vieillard assis peut voir ce qu’un jeune perché sur un arbre ne verra». Autant affirmer que l’émergence du Sénégal ne dépendra implicitement que du sort réservé en partie à ces vieillards loin d’être séniles pour le processus de l’Education à la Formation en passant par l’Instruction.

Demba Th. DIAKO Koundel