Le Comité des supporters Allez-Casa est miné par des querelles intestines. D’un côté le président Seydou Sané, réélu tout dernièrement, et de l’autre les «frondeurs». Cette scission constatée par les observateurs du football local dans les gradins a accouché d’un procès entre les frères sudistes. Doudou Mané a été condamné à 3 mois dont 15 jours ferme. Hier, il a été reconnu coupable du délit de coups et blessures volontaires par le juge du Tribunal d’instance. Le plaignant s’en était sorti avec une Incapacité temporelle de travail (Itt) de 15 jours, attestée par un certificat médical. En effet, les faits ont eu lieu après le match Union sportive (Us) de Gorée et le Casa-Sports, soldé par une victoire des Insulaires sur le score de 2 buts à 1. C’était le 4 novembre dernier.
Ce lundi, la salle d’audience était aux couleurs des inconditionnels de l’équipe fanion de Ziguinchor, le vert. «Allez-Casa, c’est au stade. Ce n’est pas ici.» C’est en ces termes que le procureur leur a rappelé la solennité de l’audience. A sa suite, dira le juge, «silence ! Sinon j’évacue la salle». Après ces deux mises en garde, les débats ont repris leur droit. La partie civile, Lamine Coly, a déclaré qu’il a été attaqué et blessé au niveau des dents par le prévenu. «Je ne l’ai pas touché. Je ne l’ai pas blessé, mais s’il estime que je suis l’auteur de ce qui lui est arrivé, je lui présente mes excuses», a répondu Doudou Mané. Et pour joindre l’acte à la parole, il a tendu sa main au plaignant. Ce dernier l’a refusée parce que, dit-il, le mis en cause n’a pas voulu reconnaître les faits alors qu’il en est l’auteur. Interpellé sur sa lettre de désistement, Lamine Coly a parlé de pression familiale. Sur les faits, le prévenu a insisté qu’il y a eu juste une bousculade et non une bagarre. Qu’est-ce qui a alors créé cet incident ? En effet, Doudou Mané, chargé de la logistique, s’est interposé, d’après ses dires, parce que la partie civile s’était rapprochée du bus des joueurs. Deuxièmement, poursuit-il, leur groupe critiquait l’équipe alors qu’officiellement ils sont exclus du Comité des supporters. Mais pour le plaignant, cette version est «archi fausse». Il a soutenu qu’il était avec ses cousines et qu’à aucun moment il ne s’est approché d’un joueur.
Dans les débats, il est ressorti un problème d’argent comme étant à l’origine de la division du Comité. A chaque fois que la défense glisse sur la question financière, elle est vite recadrée par le juge. Ce dernier a demandé aux uns et aux autres de rester sur les faits pour lesquels le Tribunal a été saisi. Pour Me El Hadji Diouf, Lamine Coly et compagnie «sont venus provoquer les vrais supporters. Ils se comportent en bandits. Il s’agit là d’une affaire concoctée de toute pièce». Selon l’avocat, il n’y a pas eu de violence parce que, dit-il, la partie civile ne peut pas dire où elle a été blessée. Il a ajouté que le certificat médical versé dans le dossier ne lie pas le juge. Ses confrères et lui ont plaidé à titre principal la relaxe purement et simplement de leur client à défaut d’une application bienveillante de la loi pénale. En plus de la condamnation pénale de leur client, celui-ci doit allouer à la partie civile la somme de 75 mille francs Cfa, réclamés en guise de dommages et intérêts.
msakine@lequotidien.sn