Lorsque nous nous posons cette question, nous sommes censés tomber dans un fantasme, une imagination, car le sentiment de réussite s’avère, aujourd’hui, énigmatique et capricieux. Pourtant, la réussite représente la chaleur de l’âme, car elle permet à l’homme de se réaliser pleinement et d’être considéré par ses semblables. C’est pourquoi nous osons dire que toute personne raisonnable aspire à la réussite. Lorsqu’on parle de réussite, nous faisons allusion à la fin, à l’horizon, au firmament de l’existence humaine.
La réussite représente le résultat intime de tout individu, car tout effort la suppose, tout homme la demande et l’exige, non pas parce qu’elle est synonyme de bonheur, mais parce que, de nos jours, aucun bonheur n’en dispense. La vie n’a de sens que lorsqu’elle tend vers la réussite. Lorsque nous étudions, nous travaillons ou que nous nous attelons à n’importe quelle activité, nous visons la réussite et, par ricochet, le bonheur. Alors qu’est-ce qu’une existence réussie ? Faut-il être riche pour réussir ? Suffit-il d’avoir une belle voiture, une jolie maison ou le dernier IPhone pour mériter son appartenance à la vie sociale ? Faut-il être une star des réseaux sociaux ou accumuler le plus de «vues» pour triompher ? Il est très facile, aujourd’hui, de se laisser emporter par la recherche effrénée de la gloire et des biens matériels, en pensant qu’ils sont synonymes de bonheur.
Une analyse de la situation tragique de l’homme nous montre qu’il n’est libre de rien, car il ne dépend absolument pas de lui d’être beau, fort, en bonne santé, riche, d’éprouver le plaisir ou d’échapper à la souffrance. Tout cela dépend de causes extérieures. L’homme est livré, malheureusement sans défense, aux accidents de la vie, au revers de la fortune, à la maladie, à la mort. Tout dans notre vie nous échappe. Il en résulte que les hommes sont dans le malheur, parce qu’ils cherchent, avec passion, à acquérir des biens ou à chercher la célébrité ou le «buzz», quitte à se comporter comme des animaux, à s’exhiber sur le net, à affabuler, à détruire son alter égo. Résultat : nous devenons ridicules et vulnérables. Nous perdons notre identité sociale. Or, le bonheur ne réside pas seulement dans le plaisir, la gloire ou dans l’intérêt individuel, mais dans l’exigence du bien, dictée par la raison et le cœur, la volonté de faire le bien et d’agir conformément à la droite raison.
La parfaite détermination de faire le bien est la citadelle intérieure imprenable que chacun peut ériger en soi-même. C’est là que nous pourrons trouver la liberté, l’indépendance, l’invulnérabilité, et surtout mériter notre appartenance à l’humaine nature. Le choix de bien faire est la condition sine qua non d’un vécu social stable et harmonieux.
Force aussi est de constater que le bonheur terrestre est aussi synonyme de sacrifice, de résistance et de courage. La vie est un éternel combat, un champ de bataille qu’il appartient à chacun, tant soit peu, de gagner. Pour ce faire, il nous faut une armure de persévérance, de constance et de ténacité. Même si les problèmes te tourbillonnent et que tu te sens abattu, même si, mortel que tu es, tu commets des erreurs, ressaisis-toi et écoute cette conscience morale kantienne, qui te chuchote à l’oreille de ne point jeter la manche après la cognée ou de déclarer forfait.
Même si le sort s’acharne sur toi au point de vouloir baisser les bras, accroche-toi et garde foi au Tout Puissant. Ne laisse jamais personne te dire que «tu es velléitaire ou incapable». La réussite commence par l’action qui, à son tour, produit le but escompté. Ne soyez pas envieux car le retard n’empêche pas le bonheur. Ayons confiance en Dieu car, lui seul, est le chemin de la vérité.
Ndoura Wally MBERGANE
Apprenti-Philosophe