Question impie : Diomaye dôt’oul Sonko ?

Le feuilleton de l’extradition de Madiambal se poursuit allègrement : l’Etat sénégalais devra revoir sa copie, peaufiner son dossier, se justifier le 3 février 2026 devant le Tribunal de Versailles. Ça ne fanfaronne pas vraiment du côté des officiels dans cette affaire. Même Le Soleil qui annonce alors l’arrestation de Madiambal à Paris, ne s’épanche plus vraiment sur le sujet. Quant à la Rts, elle en fait un sujet tabou.
Si l’on compte que sur les doigts et les orteils, ça ne pourra pas faire le total des déconvenues judiciaires du régime «Sonko môy Diomaye». Les lois à l’Assemblée sont retoquées, les prévenus sur les accusations de biens mal acquis depuis un an recouvrent la liberté les uns après les autres avec presque les excuses de la République, et les Nations unies s’interrogent sur la manière cavalière de jeter les citoyens en prison au Sénégal…
Retour au pays natal où il faut réinitialiser les données : «Domaye dôt’oul Sonko, Sonko dôt’oul Diomaye».
Manifestement, le bras de fer au sommet n’en finit plus de tenir le peuple des 54% en haleine. Après la rencontre du Bureau politique de Pastef avec le chef de l’Etat, en dépit des déclarations fracassantes sur l’imminente réconciliation du tandem, les choses se corsent plutôt.
C’est clair, le Président Bassirou Diomaye Faye n’attend plus rien de Pastef, sinon le pire. Sa téra randonnée à la tête de quatre mille cinq cents soldats est la seule réponse qu’il apportera aux menaces à peine voilées du téra meeting du 8 novembre, annoncé comme le tournant capital qui changera la face de la République.
Traduction : ce qui s’est passé en 2021 ne se reproduira plus. Le message serait-il passé ?
Toujours est-il que ce sont des responsables de Pastef qui choisissent de se faire recevoir par le chef de l’Etat pour arrondir les angles entre lui et son Premier ministre, après les appels à la réconciliation des rentiers de la zizanie restés lettres mortes et le flegme de Bassirou Diomaye Faye devant les foucades de Ousmane Sonko.
La délégation de Pastef, rentrée bredouille, laisse fuiter la teneur de cette audience : Bassirou Diomaye Faye ne lâche rien, et c’est plutôt à Ousmane Sonko, Premier ministre à ses heures perdues depuis quelque temps, de se ressaisir, leur précise-t-il… D’ailleurs, l’impétrant en question, qui prend des vacances sans crier gare, reprend le travail le même jour alors que personne ne s’y attend : c’était plutôt parti pour longtemps, cette histoire de congés arrachés sans l’aval du patron. Le ton du Président qui se durcit y serait-il pour quelque chose ?
En français académique, ça s’appelle une capitulation.
Quant à la Coalition Diomaye Président que coordonne Mimi Touré malgré le tollé de Pastef, elle recrute de plus belle et se permet même de faire du chiqué en recommandant aux insulteurs publics de rester chez eux. Abdourahmane Diouf, pour ce qui le concerne, il n’a pas même besoin de se défendre des accusations de surfacturation lâchées publiquement par le Premier ministre Ousmane Sonko, lors de son téra meeting : c’est le chef de l’Etat en personne qui le blanchit devant les visiteurs de Pastef venus mettre un terme au bras de fer des siamois en fâcherie.
Vous pouvez donc le croire quand il vous l’affirme : «Diomaye môy Ass, Ass môy Diomaye»…
Il est clair que la Coalition Diomaye Président n’a pas l’ambition de former un parti : ce serait plutôt un appareil électoral d’urgence, du genre Bèn Bok Yàkâr pour aller au plus vite à l’assaut de l’Assemblée nationale en doublant Pastef et accessoirement à la conquête des communes. Ce sera un excellent baromètre pour savoir s’il sera raisonnable de présenter une candidature à la Présidentielle de 2029…
Irait-il jusqu’à s’allier à ce qui reste de l’Apr et du Pds ? C’est connu : l’ennemi de ton ennemi est ton ami… Macky Sall auquel l’opinion prête l’ambition de briguer le Secrétariat général des Nations unies, pourrait commencer à marchander : donner une majorité à Diomaye et renvoyer Pastef dans l’opposition, contre le soutien de la République du Sénégal pour sa candidature à l’Onu.
C’est tordu, n’est-ce pas ? Ben, Macky Sall n’en est pas à une contorsion près. Sa Rondeur voudrait le poste de Secrétaire général des Nations unies ? Grand bien lui fasse… Pour moi, c’est surtout un bon débarras sans regret : qu’il aille se faire pendre à New York !
Quant à Karim Wade, ces derniers temps, il pose avec des airs de candidat à la Présidentielle de 2029. C’est vrai que s’il n’a en face de lui que Bassirou Diomaye Faye à ce moment-là comme principal concurrent, ça pourrait ressembler à une promenade de santé.
Ah, ces gosses de riches : ils préfèrent toujours la facilité !
Bref, la semaine démarre avec la tranquillité d’une veillée d’armes avant la bataille finale entre Pastef et son ancien candidat à la Présidentielle. Ça ronronnerait sans bruit si, depuis les Yvelines, Madiambal ne décidait pas d’allumer la mèche : le Premier ministre Ousmane Sonko s’envole pour Abu Dhabi en jet privé, après avoir déménagé quelques affaires du Petit Palais à la Cité Keur Gorgui.
Branle-bas de combat chez les pontes de Pastef, contrairement à la fois où le sniper de Versailles révèle dans une interview un contrat d’armement octroyé à Ndèye Khady Ndiaye, la proprio de Sweet Beauté et non moins «maîtresse du pays» qui se vante de pouvoir obtenir des sous du «Président» d’un seul coup de fil -Allez savoir de quel président elle parle…
Les explications fusent de partout : pour les uns, le Premier ministre va chercher des sous ; pour les autres, Ousmane Sonko va en petit pèlerinage et fait escale dans les Emirats. Bien sûr, chez les esprits chagrins, ça s’émeut du standing du Premier ministre sénégalais qui ne se prive manifestement pas…
Il faut bien que les fonds publics servent à quelque chose, n’est-ce pas ?
Par Ibou FALL

