Suite à son (Le prix de l’honneur d’un «fils de la Casamance»)
Monsieur Madiambal Diagne, j’avais décidé de me taire, de vous répondre par le mépris, mais en fin de compte j’en déduis que vous répondre n’est pas vous donner de l’importance et le silence vous ferait croire ce que vous n’êtes pas. Oui, se taire c’est être complice. Se taire c’est être lâche face à la situation qui prévaut actuellement dans le pays.
Ma main tremble, je suis en colère comme tout Sénégalais épris de paix et de cohésion sociale.
Monsieur Madiambal Diagne, avez-vous la conscience tranquille après avoir pondu ces inepties, ce ramassis de grossièretés et de mensonges ? Le rôle d’un journaliste n’est-il d’être un régulateur social de par sa position et les moyens dont il dispose ?
Monsieur, avez-vous le sens de la responsabilité ? Permettez-moi de vous dire que vous êtes un irresponsable ! De quel droit vous vous permettez pour menacer ce que notre pays a comme richesse la plus inestimable, la paix et la concorde nationale ?
Vous mentez ! Vous manipulez ! Vous êtes un manipulateur narcissique, heureusement que nos concitoyens sont des gens avertis, mais la vigilance doit toujours être de mise.
Monsieur, vous êtes en train de profaner les tombes des pionniers de la liberté de la presse, pour ne pas dire de la liberté d’expression. Vous avez fait de cette liberté, le libertinage, un instrument de luttes d’intérêts.
Vous écrivez : «Ainsi, le Mfdc n’a pas manqué d’être aux côtés de ses partisans pour en découdre avec les forces de sécurité, violenter jusqu’au sang des personnes, casser des commerces, brûler des domiciles habités. Il a pu être tracé le convoyage à Dakar de combattants du Mfdc, à partir de la Gambie, pour participer aux manifestations. Des images de l’implication de personnes, identifiées comme des rebelles du Mfdc, dans les violentes manifestations, sont disponibles au sein de nombreuses rédactions de médias.» (sic).
Donc, nous Sénégalais, nous ne sommes plus en sécurité si les rebelles sont capables de traverser la Gambie, venir jusqu’à Dakar et repartir sans être inquiétés. Ridicule !
Comme vous avez, dans votre rédaction des preuves, pour rendre service à la Nation, remettez-les illico presto à qui de droit pour que justice soit faite. Le contraire confirmerait ce que la majorité des Sénégalais pensent de vous, ie vous avez perdu votre crédibilité, si vous en aviez une.
En analysant le silence de la ministre du Commerce sur l’affaire de mœurs opposant le leader de Pastef à cette jeune fille, vous avez soutenu : «En effet, ils sont tous les deux d’ethnie ‘‘diola‘‘». Mesurez-vous le poids de ces mots ?
Les manifestations qui ont secoué le Sénégal pendant trois jours et failli basculer le pays sont juste une volonté de libérer le leader de Pastef, selon votre expertise. Quelle stupidité ! Cette situation est tellement manifeste que nul n’a besoin d’être expert pour la comprendre. Je vous fais économie de l’exégèse.
Monsieur Madiambal Diagne, vos enfants ne seront pas fiers de vous si un jour on leur dit que votre géniteur a écrit ceci alors que le pays était à un pas de s’embraser : «On aura noté que les rares personnalités politiques de l’Apr et originaires de la Casamance qui ont osé afficher une position publique critique à Ousmane Sonko et/ou favorable au Président Macky Sall sont des ethnies peulh (Moussa Baldé, Doudou Kâ), mancagne (Victorine Ndèye), manjack (Dr Ibrahima Mendy).»
Vous faites du tort aux ethnies que vous avez citées, car les personnes auxquelles vous faites allusion ne sont pas forcément représentatives de leur communauté et leurs propos n’engagent que leurs auteurs.
Monsieur, vous êtes téméraire ! Aviez-vous écrit sur le génocide rwandais ? Aviez-vous écrit sur la crise politique ivoirienne ? Je suis curieux de savoir. De Noël 1999 jusqu’à aujourd’hui, la Côte-d’Ivoire n’arrive pas encore à trouver le bout du tunnel. Ce petit mot «Ivoirité» a plongé tout un peuple dans l’abîme. Et vous osez !
Monsieur Madiambal Diagne, la Casamance, surtout la ville de Ziguinchor, est le creuset de la société sénégalaise : les religions et les ethnies ne sont pas les facteurs essentiels qui tissent les relations des uns et des autres, ce qui compte c’est leur appartenance à cet espace géographique où chacun manie avec aisance la langue maternelle de l’autre. Les Ziguinchorois sont unis jusqu’à leur dernière demeure, ils ont accepté d’être inhumés dans un même cimetière, un cimetière mixte. Je passe sous silence les célébrations des cérémonies religieuses. Donc, je ne pense pas que vous ayez des épaules assez solides pour supporter ce poids histoirique et sociologique.
Pensez à léguer à vos enfants un Sénégal havre de paix où musulmans et chrétiens vivent dans une cohésion sociale, où les ethnies ne sont que des éléments du même puzzle. Les guides religieux et les autorités coutumières ont élevé la voix pour nous signifier que les garde-fous risquent de casser à tout moment, et vous voilà au milieu de l’arène, charriant le feu de la haine.
Monsieur Madiambal Diagne, respectez la posture des gens ! Vous êtes un habitué des faits, mais cette fois-ci, c’en est trop, et dans la nature des choses, il faut que le sens de responsabilité arrête cette bêtise cancéreuse. Vous avez choisi votre camp, c‘est votre droit le plus absolu, mais permettez aux autres d’avoir une opinion qui est la leur. Or, vous semblez imposer aux Sénégalais l’idée selon laquelle : vérité en deçà chez Madiambal Diagne, erreur au-delà.
Vous êtes Zorro, à vous seul, vous vous êtes même attaqué à une tribune signée par un collectif de 102 Professeurs d’université. Des sommités intellectuelles face à Zorro ! Quelle audace ! L’histoire leur donna raison sous peu de temps. Et au lieu d’avoir le profil bas, vous continuez votre sale besogne.
Monsieur, vous ne connaissez rien de la Casamance, la teneur de vos propos le confirme. La sagesse vous recommande de vous taire et d’attendre d’autres sujets sur lesquels vous pourriez exceller. Le comble de tout cela, vous vous prenez pour un esprit brillant qui maîtrise parfaitement le dossier casamançais. Et cela nous fait peur, car vos inepties, si l’on n’y prend garde, pourraient être une étincelle un jour. C‘est pourquoi je vous prie de nous épargner de votre «expertise», surtout pendant ces moments difficiles.
Vous opposez le Nord au Sud. Je pense que vous le faites à dessein, une déclaration de guerre. Vous cachez derrière vos mots la guerre civile aux Etats-Unis. Vous êtes un danger public. Un journaliste qui se respecte peut-il produire un texte de cette nature ? Un intellectuel (j’ai soutenu dans un article publié en 2004, qu’avoir des diplômes ne nous donne pas systématiquement le statut d’intellectuel ; être intellectuel est un comportement, un bañ katt) ne peut et ne doit tomber dans les bassesses matérielles.
Vous ne semblez pas comprendre qu’il y a certaines personnes qui entrent en politique par conviction, elles ne cautionnent pas tout ce que dit le maître, magister dixit, elles agissent selon leur conscience. Je vous concède qu’il y a une autre espèce de politiciens : des répondeurs automatiques comme on dit chez nous aujourd’hui, c’est pourquoi ils se contredisent tout le temps dans leurs propos, ils répètent ce qu’on leur dit, pourvu que cela plaise au Prince, leur dignité et leur honneur n’ont aucune importance.
Monsieur, que voulez-vous ? Quelles sont vos motivations ? Vous voulez avoir tout l’or du monde ? Lu ko fi jar ! Les biens matériels sont périssables.
Monsieur Madiambal Diagne, vous faites du tort à l’ethnie Joola et vous menacez la stabilité du pays : «Et le cas échéant, force est de dire qu’il lui sera bien difficile de s’imposer s’il risquait un front opposé, composé des Mandingues, Peulhs, Baïnouncks, Mancagnes, Wolofs et autres.» écrivez-vous. De ma vie, je n’ai jamais entendu ou lu ces inepties dans la presse sénégalaise.
Madiambal Diagne, vous aussi, vous osez insérer ce paragraphe dans votre texte : «Déjà les missions diplomatiques occidentales à Dakar n’ont pas manqué d’exprimer leur vive préoccupation aux autorités sénégalaises, quant à cette ambiance xénophobe, d’intolérance qui ne ressemble pas à l’image idyllique de la «Téranga« que le Sénégal vend à travers le monde.»
Vous êtes en train de vous tirer une balle dans le pied. D’autre part, on a entendu des personnes dans l’autre camp soutenir des propos inacceptables dans une République. Mais quelles ont été vos réactions ? Avez-vous une intelligence sélective ? Non, vous souffrez d’une malhonnêteté intellectuelle !
Monsieur Madiambal Diagne, jusqu’à preuve du contraire, je continue à croire que le seul détenteur du pouvoir souverain c’est le peuple qui le délègue à un homme (président de la République) à un groupe d’individus (Assemblée nationale). Donc si le peuple estime que ce pouvoir n’est pas utilisé à bon escient, c’est son droit le plus absolu de se faire entendre. C’est donc un manque de respect de parler de : «Dans ces actes de folie.» Nul ne cautionne tout dans ces manifestations, mais comme vous êtes «expert», je ne vous apprends rien en vous disant que dans toute action humaine (surtout des mouvements des foules) il y a des effets pervers.
L’Etat censé préserver son essence et son existence, en maintenant son unité et son indivisibilité, doit garantir la paix sociale, mais à défaut de remplir ses missions régaliennes, quand la boîte de pandore s’ouvrira…
Monsieur Madiambal Diagne, sachez qu’une plume mercenaire mine la démocratie. La démocratie n’est certainement pas un système politique parfait, mais c’est le meilleur dont nous avons connaissance actuellement et nous avons le devoir de le protéger.
Oupa Diossine LOPPY
Auteur
PS: J’espère que mon opinion sera publiée dans vos colonnes pour une information «plurielle»