Qui sommes-nous ?

De la nécessité de s’arrêter un moment pour interroger notre idéal de vie
C’est connu, même si on a de plus en plus tendance à l’oublier, l’homme est le produit d’une éducation, d’une culture ; en un mot, d’une civilisation parce que l’Homme n’est pas, il est un devenir dans un projet de socialisation.
Ce projet passe par une éducation qui définit le rapport, la relation de l’Homme à la vie, aux institutions, aux lois, aux choses.
C’est cette culture acquise qui donne de la valeur aux êtres, aux concepts, aux choses avec lesquels nous entrons en contact.
Toute société à l’obligation de trouver un moyen d’assurer sa reproduction sociale. La vie en commun, dans une certaine harmonie, procède d’un ensemble d’éléments de référence.
Les choses sont simples quand on a le même référentiel.
Mais où se construit ce référentiel ?
Si l’on a pu dire, ailleurs, que l’école est le berceau de la République, en est-il de même chez nous ? Dans quel moule est façonnée la société sénégalaise ?
Où doit se faire la socialisation de l’homo senegalensis ?
N’est-ce pas le rôle qui devrait être assigné à l’école ?
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde avec plusieurs repères qui s’interpénètrent et aux contours mal définis.
C’est ainsi qu’un problème, par ailleurs très simple à résoudre, devient plutôt complexe à cause des regards très différents que nous lui portons.
Quelles sont les valeurs à transmettre aux générations futures ? Où doivent-elles être transmises ? Par qui ? Quelles représentations avons-nous de la «réussite» ? Le matériel est-il une valeur ou juste un moyen ?
Dans l’imaginaire populaire, le Sénégalais veut se présenter comme un Homme pacifique, ouvert, généreux, fidèle, courageux, intelligent, presque parfait, digne héritier d’illustres guides dans tous les domaines, notamment spirituel, toutes qualités résumées dans les notions de «diom» et de «téranga» portées comme un étendard ou un emblème du pays.
Alors pourquoi dans la vie quotidienne, dans nos institutions, nos structures d’éducation et de formation, les médias, ce sont d’autres comportements, marqués par la violence, l’intolérance, le manque de discernement pourtant critiqués et décriés par tous, qui sont constatés ?
Qu’est-ce qui peut expliquer ce fossé entre la représentation et la réalité ?
La société n’est pas une construction achevée, elle se crée, se recrée, se réinvente en répondant aux nouveaux besoins et aux agressions venues d’ailleurs. La réponse doit être collective, réfléchie, organisée dans des cadres et structures dédiés à cet effet.
Nos structures d’éducation et de formation (école, «daaras») ont-elles été conçues pour assurer, assumer cette fonction de reproduction sociale ? Sont-elles adaptées pour jouer ce rôle ? Ont-elles la finalité de produire le même modèle de citoyens ?
Faire l’économie de cette réflexion et d’un effort d’assimilation, c’est courir le risque de rejet et de vivre dans une société éclatée, sans boussole, sans gouvernail, ballottée dans tous les sens et qui peut se fracasser à tout moment sur un obstacle.
Quand nous analysons la marche de notre société, nous restons souvent dans l’émotion. Que faire concrètement ? Sommes-nous capables de faire la rupture, de prendre un autre chemin ?
Ce ne sera plus alors de la littérature, mais de la politique. Au total, acceptons-nous de prendre des risques en empruntant un chemin inconnu pour nous réinventer ? Il faut beaucoup de courage et une dose de témérité pour redresser la barre.
Mais il en faut, car c’est un passage obligé pour assurer notre survie en tant que Nation et pour la perpétuation de notre devise : «Un peuple, un but, une foi».
Dié A Camara SOUKHO
dieacamaras@gmail.com