Notre pays, le Sénégal, traverse des moments difficiles de son histoire. La crise économique mondiale, avec à l’appui ses conséquences multidimensionnelles, est venue exacerber cette crise identitaire et morale notée ces dernières décennies. Nos repères sautent un à un et une entreprise macabre, qui ne dit pas son nom et en cours, fragilise nos ressorts.

A la déperdition sociale, scolaire et universitaire, est venue s’ajouter une autre, politique. C’est juste de souligner, devant ce tableau, que certains scientifiques qui parlent de dérèglement organique ont raison. Le bon comportement, la décence des propos, l’humilité, la courtoisie, le civisme et la discipline ont changé de camp et ne semblent plus être l’apanage des intellectuels, des érudits, voire des sages. Je me demande de nos jours, pourquoi la sagesse prend des relents de passivité, le discours véridique en partisannerie lâche et les insanités perçues comme la nouvelle règle d’illustrer un soi-disant courage.
Si la communication avait de beaux jours dans les dernières décennies de notre vie contemporaine, force est de reconnaître que les conflits générationnels ont piétiné ses valeurs. Les alliés d’hier se crêpent le chignon pour un rien, les frères s’entretuent et certains ennemis se retrouvent comme sur un plateau d’argent. La lecture de ces paradoxes ne reflète guère que l’image décrite par le romancier Chinua Achebe «derrumbamiente, effondrement». Cependant si presque toutes les couches de la société en font les frais, le comportement de la société des leurres (politiciens, opposants, activistes) s’illustre dangereusement sur le chapitre de la défiance, de l’irrespect des institutions et une tentative mafieuse de désacralisation des liens ombilicaux existant entre les corporations ethniques et religieuses. Même si, osons le dire, la caution vient de l’immixtion du milieu religieux dans le pouvoir étatique, des pas dangereux ont été faits à travers la génération des milices autour de dignitaires souvent tentés, à tort, par des sorties musclées contre le régime en place.

Mais en sus de ces dérives qui peuvent nous mener loin et qui ternissent souvent l’image de la tenue, la nouvelle posture adoptée par les politiciens opposants et les activistes vise à se prononcer sur des affaires relevant de la sécurité, à des fins de récupération politique. Ignorant royalement l’origine, la portée et les conséquences des sujets, ils s’en accaparent sans retenue en ne livrant souvent pas la bonne information, avec le dessein de ternir l’image des Forces de défense et de sécurité. Mais ce qu’ils n’auront jamais dans leur conscience, comme dans leur subconscient, c’est qu’ils s’adressent à des Sénégalais comme eux qui, au-delà de cet état, demeureront à jamais des citoyens républicains, désintéressés et très soucieux de la stabilité de ce Sénégal. Si ce n’est pas le Haut-commandant de la gendarmerie, le Directeur général de la police ou dans une moindre mesure, le chef d’Etat-major général des Armées, ils s’épanchent sur eux par des contre-vérités en usant à fond de leurs capacités de mythomane.

Pourtant, ils doivent savoir que ceux qui sont au sommet de ces organisations ont prouvé un profil moral non entaché de tares et des compétences avérées pour porter des épaulettes et sans clientélisme se hisser au niveau où ils se trouvent. «Nous», parce que nous appartenons à jamais à cette grande famille «en tenue», sommes et avons été intègres, citoyens dans l’âme, à part entière mais entièrement à part. Ces tares, manigances, délations, mensonges dont le seul objectif est de discréditer les chefs et creuser un fossé entre les populations et nous, ne passera pas. Ces hommes du devoir dont vous sablez le nom par des insanités, gardent un mutisme et jugent inutile d’ester en Justice. Leur dignité et leur haut esprit de sacrifice les en empêchent. Ils n’en souffrent aucunement, non pas parce qu’on leur a appris «à souffrir en silence», mais ils se réfèrent à ce dicton célèbre : «Le chien aboie, mais la caravane passe» (sans être insolent comme eux).

Comme la Justice et l’Administration territoriale, les Forces de défense et de sécurité exécuteront à la lettre leurs missions régaliennes, quelles que soient vos tortuosités dans vos positions d’appréciation. Car même si l’autorité suprême change de nom, ces grands corps de l’Etat seront aux ordres de l’autorité dont les pouvoirs de commander lui ont été conférés par le Peuple. Enfin, continuez vos luttes politiques, même si vous le faites avec une maladresse et une imperfection de rang. Mais arrêtez vos manœuvres sectaristes, divisionnistes et malhonnêtes. Laissez les Forces de défense et de sécurité en paix, pour ne pas dire : «Qu’on nous laisse en paix.»

Lieutenant – Colonel (ER) Adama DIOP
Ancien chef de la Division Médias et Stratégie de la Dirpa