14 avril 2001-14 avril 2021, voilà 20 ans que nous quittait le journaliste «poularophone», Abou Anne, plus connu sous le nom de Tidiane, dans un accident de voiture à Ouro Madiwou, à quelques kilomètres de Podor. Son combat pour la forte présence des langues nationales dans les radios lui avait valu des sanctions mais aussi des promotions comme la Direction des chaînes régionales de la Radiodiffusion télévision du Sénégal (Rts) et la charge des langues nationales. Son combat de toujours, l’érection de radios au Fouta, est en passe de se réaliser.Par Demba NIANG –

Partisan de la promotion des langues nationales dans les médias, notamment celle pulaar, Tidiane Anne avait suggéré maintes fois aux Fou­tankés, dans son émission do­mi­nicale «Andu sa andi adin», la création de radios par des cotisations. C’était sa réponse à ceux qui dénonçaient le peu de temps réservé à la langue pulaar à la Rts en ces temps-là. Très fréquemment, celui qui s’était fait le porte-voix de la culture pulaar, invitait les hommes d’affaires à investir dans la création de radios pour la promotion de leur culture. De son vivant, le journaliste a vu naître la première radio où une langue nationale comme le pulaar avait une bonne place, Jamono Fm à Dakar. Après sa disparition, d’autres verront le jour. L’homme de radio qu’il était, avait compris très tôt le rôle des médias, surtout la radio, au sein d’une communauté. Son vœu le plus cher, s’était concrétisé avec la première radio communautaire du département de Podor, Radio Gaynako Fm, la radio des éleveurs. Depuis cette date, les radios communautaires peuplent le nord-est du Sénégal. Aujourd’hui les radios ont poussé comme des champignons dans le Fouta et en particulier dans le département de Podor. La deuxième radio communautaire créée en 2004, Pété Fm de son nom, a été accueillie avec enthousiasme par les populations de cette partie du département de Podor, de la région de Matam et de la Mauritanie. Cette radio communautaire est restée longtemps un joyau dans cette zone que la Rts avait cessé de couvrir. Aujourd’hui, une multitude de radios communautaires ont été mises en place. Elles sont Pamel Fm et Douéra Fm à Podor, Ngatamaré Fm et Bamtare men Fm à Ndioum, Bamtare Fm, Démette Fm, Yélo Fm, Cas-Cas Fm, Pété Fm et Fouta Fm a Pété, Nann-k Fm et la plus récente, Baga Lamba Fm, inaugurée au début du mois d’avril 2021.

Déséquilibre géographique
Si l’invite du défunt journaliste était adressée aux hommes de sa communauté, ces derniers ont répondu favorablement mais aussi tardivement. Car la plupart des radios du département sont la propriété d’hommes d’affaires et d’Ong. Si bien qu’elles ont le statut de radios communautaires. De ce fait, beaucoup d’entre elles sont membres de l’Union des radios associatives et communautaires (Urac). Le grand nombre de radios offre un large choix aux auditeurs mais géographiquement, ces radios sont inégalement reparties sur le territoire. L’île à Morphil entre Podor et Cas-Cas dispose ainsi de six radios. Le même nombre est aussi recensé sur l’axe de la RN2 où on note l’émission de six radios dont deux à Ndioum, deux à Pété, une à Dodel et une autre à Galoya Toucouleur. Mais dans la partie excentrée de la RN2 communément appelée le Diéri, une seule radio émet à Namarel, la radio Gaynako. Une situation qui résulte de la non-électrification de cette zone.
Même si désormais les populations du Fouta disposent de radios pour diffuser l’information dans les zones les plus reculées, les problèmes restent nombreux pour ces antennes. Et ils ont pour noms le manque de personnel qualifié, le man­que de ressources financières et de programmes réguliers. Aujourd’hui, les radios communautaires du département doivent d’abord leur survie à l’engagement de leur personnel.
Correspondant