RADIO – Marie-Christine Saragosse, Pdg France médias monde : «C’est impossible de ne pas parler les langues africaines quand on s’intéresse à l’Afrique»

Depuis un mois, la rédaction de Radio France internationale (Rfi) en mandenkan et fulfuldé a enrichi son offre éditoriale avec 2h quotidiennes de programmes dans chacune de ces deux langues. Hier, lors d’une conférence de presse en ligne entre Paris et Dakar, les responsables de la chaîne mondiale se sont réjouis de la pertinence du projet qui a un volet de développement durable à travers les thématiques abordées dans les différentes émissions.
Un mois après avoir lancé son offre éditoriale enrichie en mandenkan et fulfuldé, les responsables de Rfi ont fait face à la presse hier pour expliquer la pertinence de cette démarche. Lors de cette conférence de presse qui s’est déroulée en ligne, la Présidente directrice générale de France médias monde a fait savoir que «c’est impossible de ne pas parler les langues africaines quand on s’intéresse à l’Afrique comme Rfi». Et Mme Saragosse d’expliquer : «Les langues africaines portent l’histoire, la culture de l’Afrique. Les parler c’est donc reconnaître leurs identités, leurs cultures, leur donner toute son importance». Autre raison qui justifie cette démarche, c’est de faciliter la compréhension des auditeurs de Rfi qui «sont imparfaitement francophones». D’après la Pdg de France médias monde, pour les gens qui ne parlent pas le français, «le fait d’entendre leur langue maternelle, quand ensuite on passe au français», leur permet d’avoir «des clés de compréhension du français beaucoup plus facile». Poursuivant ses explications, elle ajoute : «Quand ils ne parlent pas du tout, cela leur donne envie d’apprendre le français.» D’ailleurs, souligne-t-elle, Rfi met toujours en place une méthode d’apprentissage du français en même temps qu’elle lance une rédaction dans une langue africaine. «Il y a une méthode d’apprentissage à partir du mandenkan, la méthode d’apprentissage du français à partir du fulfuldé est en cours», a-t-elle annoncé. Se réjouissant de la réussite de ce projet, Mme Saragosse informe qu’il a été remarqué dès le lancement de «la rédaction mandenkan à Bamako, après la demi-heure de mandenkan, les gens restaient en français ; donc l’audience en français augmentait de 30%». «L’interaction avec la rédaction de Paris est très importante. Cela élargie l’univers de tout le monde et c’est du gagnant-gagnant de parler ces langues», a-t-elle dit. Interpellé sur le choix de Rfi de développer des contenus en langues locales alors que des chaînes des pays concernés ont déjà investi ce créneau, Frédéric Garat, directeur de la rédaction mandenkan et fulfuldé, précise que ce qui se fait «ce n’est pas de l’information locale». «On fait de l’information internationale. Nous donnons des éléments d’information sur ce qui se passe en Russie, les élections aux Etats-Unis. C’est plus vaste que ce qui se passe au niveau national», a-t-il expliqué.
A la question de savoir si France médias monde, avec ses partenaires, envisage d’élargir ce projet à d’autres langues africaines, Marie-Christine Saragosse évoque les contraintes budgétaires. A ce propos, elle déclare : «Chaque langue est précieuse. Si on n’avait pas des contraintes budgétaires, évidemment ce serait fantastique d’en faire encore davantage. Il y a la contrainte financière, mais dans les 12 langues qu’on utilise pour apprendre le français, on rêve d’avoir des rédactions dans ces langues. Il faut commencer par se donner à fond dans ce projet, montrer combien c’est important et à quel point on va réussir et du même coup cela va donner envie d’aller plus loin et de continuer le projet».