L’artiste Boutikou Laye se livre à des chroniques ramadan à la télévision. Intervenant sur plusieurs thèmes, l’artiste s’insurge contre l’obligation du «Sukarou koor», devenu un moyen de pression sociale pour certains hommes et femmes.

Par Amadou MBODJI 

Abdoulaye Thiam, alias Boutikou Laye, n’observe pas de pause durant le mois de ramadan. Son statut d’ar­tiste qui excelle dans le rap, Boutikou Laye en use pour distiller des messages d’éveil et de sensibilisation à l’endroit de la population. Ce qui, en fait, l’amène à se définir comme un chroniqueur. Un privilège qui lui vaut en ce mois béni du ramadan, d’être actif sur le petit écran, après l’avoir été sur les réseaux sociaux, pour dérouler ses chroniques afin de conscientiser la masse. Il assène ses vérités à la société en invitant les jeunes filles à plus de pudeur, en préservant leur image, en évitant les partages de certaines photos prises à partir de leur téléphone. «Habituellement, nous faisons nos chroniques pendant le mois de ramadan. Pour cette année, ça passe sur le petit écran. Nous les faisions sur les réseaux sociaux. Nous ne freinons pas notre carrière. Ce que je fais est différent des autres qui sont obligés d’observer une pause pendant le ramadan. Nous sommes des chroniqueurs», déclare Boutikou Laye sur la Tfm.
Dès les premiers jours du ramadan, Boutikou Laye a fait un procès contre le Sukarou koor. Une pratique ancrée dans la mentalité socio-culturelle sénégalaise, qui consiste pendant le mois sacré du ramadan, à offrir aux plus démunis des denrées de première nécessité. Malheureusement, cette pratique est détournée de sa fonction initiale pour devenir une obligation pour les femmes mariées de couvrir leur belle-famille de cadeaux oné­reux.  S’il dit qu’il n’est pas contre cette pratique, dans la mesure où celle-ci était seulement destinée à ceux ou celles qui en ont les moyens, Boutikou Laye s’offusque en soulignant qu’elle est devenue maintenant «une pression sociale» sur les épaules des hommes, à qui leurs femmes imposent de casquer beaucoup d’argent pour se plier à cette volonté. «Sukarou koor est le deuxième numéro des chroniques que nous faisons sur la Tfm. Le Sukarou koor n’est pas une obligation. Mais, on l’impose à plusieurs femmes et hommes. C’est devenu un moyen de pression sociale», soutient Boutikou Laye, qui lance un appel aux femmes mariées en leur disant que ce «n’est pas aider leurs  maris qui n’ont pas les moyens financiers que de les obliger à souscrire au Sukarou koor». «Les coépouses se livrent à une lutte acharnée à travers le Sukarou koor», déplore Boutikou Laye, qui informe que seuls ceux qui ont les moyens financiers devraient se plier à sa pratique. «Ceux qui ont les moyens financiers peuvent donner le Soukarou koor. Ceux qui n’en ont pas, cela ne devrait pas être une exigence pour eux.  Les dépenses durant le ramadan sont lourdes à porter. Il ne faudrait pas en rajouter», avance-t-il. Ayant l’habitude d’observer le ramadan à Kaolack, Boutikou Laye vit cette fois-ci  à Dakar ce mois béni. Ce qui est spécial pour lui, et son art reflète cette nouvelle réalité que ses yeux découvrent.
ambodji@lequotidien.sn