Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) et l’Association islamique pour servir le Soufisme (Ais), se sont réunis hier, dans les locaux de l’institution, pour discuter avec les journalistes sur la qualité des contenus des programmes de télévision en période de Ramadan.
A quelques jours du démarrage du Ramadan, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a pris les devants en rencontrant la presse. Aux côtés du président du Cnra, une délégation de l’Association islamique pour servir le Soufisme (Ais) qui a été très réceptive aux avis et recommandations du Cnra. Le président Babacar Diagne, qui a expliqué vouloir prévenir d’éventuels manquements au respect des valeurs que les Sénégalais ont en partage, a appelé les acteurs de la presse à conformer leurs productions pendant le Ramadan, aux réalités sociologiques et culturelles du pays. «J’ai dit à Mame Cheikh Mbacké, quand il m’a appelé, que nous ne pouvons parler aux prêcheurs. Le régulateur, il parle aux organes de presse qui s’occupent du contenu des programmes. Par contre, eux (les prêcheurs), ils le peuvent, parce que ce sont des collègues, ils sont ensemble dans les confréries, ils peuvent leur parler», a expliqué le président Diagne, soutenu dans son argumentaire par ses collaborateurs membres de l’Assemblée du Conseil.
M. Diagne ajoute que la liberté d’expression sans discipline est source de chaos. «Le Cnra est un régulateur et non un législateur. Vous (les journalistes), vous êtes libres mais prenez votre responsabilité. Parce que ce que nous avons vu ces dernières années est vraiment catastrophique. Et il ne faut pas que nos moyens de vivre compromettent notre façon de vivre», renchérit-il. Dans le même esprit, le sociologue Djiby Diakhaté a rappelé que, pendant ce mois d’abstinence, il y a des prêcheurs qui prennent la parole et qui écorchent les confréries des autres. «Vous pouvez parler de votre confrérie, sans écorcher les croyances et les convictions des autres. L’idée, c’est juste d’éviter qu’il y ait des malentendus, des différends entre des groupes qui constituent une même et grande famille. Nous nous situons juste dans cette perspective.» Et de prévenir que, sous peu de temps, «on va rappeler à ceux qui font les théâtres et sketches de faire attention aussi».
L’Association islamique pour servir le Soufisme (Ais) a exprimé sa totale adhésion à la démarche du régulateur et s’est engagé à partager les recommandations de l’institution. Mame Cheikh Mbacké, président de l’Ais, appelle ses camarades prêcheurs à faire preuve d’indulgence durant le Ramadan et à mettre «la primeur sur les discours qui ressemblent les différents foyers religieux, de toutes les sensibilités et de toutes les obédiences confondues», a-t-il souligné. «Il faut un discours de raffermissement des relations au lieu de verser souvent dans le divisionnisme et la comparaison malsaine entre les confréries», dit-il.
Le besoin de rencontrer le Cnra pour sensibiliser les prêcheurs en amont, s’explique par les dérives dans les messages et prêches dans l’espace audiovisuel, en période de Ramadan. Mais aussi de voir comment donner une nouvelle orientation à ces émissions et plateaux religieux, a expliqué imam Mouhibine Sow, membre du comité scientifique de l’Ais.