Mardi, la presse locale et le public étaient conviés à une séance d’écoute du mixtape de Crazy Mind, suivie d’une conférence de presse à Dounguel, village situé dans le département de Podor. Une production musicale intitulée «Fijirdé gasii» (fin du divertissement), composée de 10 titres. A travers eux, Crazy Mind affiche son ambition d’avoir une carrière musicale sérieuse afin de conquérir la scène internationale.Par Demba NIANG –

Au Fouta, et surtout dans l’île à Morphil d’où est originaire Crazy Mind, on dénombre des centaines de rappeurs et d’artistes comme les joueurs de dimanche. Quand son compagnon de ses premières années sur la scène musicale, Billy Boy, l’a quitté pour émigrer en Afrique centrale vers 2016, Ousmane Dièye, à l’état civil, va à la conquête de la scène musicale dans les départements de Podor et Matam. Entre 2020, 2021 et 2022, Crazy Mind rafle les prix des concours hip-hop organisé dans ces deux départements et finit par entreprendre l’exode musical à Dakar. Entre fréquentations de studios, rencontres avec plusieurs artistes originaires du Fouta et de Dakar, Crazy Mind crée un staff dynamique autour de lui pour, dit-il, «se professionnaliser», avec une première production intitulée «Confirmation», composée de 5 titres, sortie en 2022. De fil en aiguille, Crazy Mind passe presque entre les studios Nangu mi nanga Records du défunt rappeur Baba Kana et d’Africulture urban de Matador pour mettre sur le marché le mixtape «Fijirde gasiii». Le titre éponyme qui ouvre la production signe le départ de la carrière musicale de ce bonhomme, qui veut aller à «la conquête surtout de l’international». Pour l’artiste, «le temps de jouer pour jouer ou de faire de l’art un passe-temps est derrière», car il est «déjà dans une carrière musicale et le processus est irréversible».

Dans les tubes «Mbawaa famde», «Allah jogii», «Nanmi njiymi» et «Woddin mijjo», faits avec des styles musicaux divers entre le rap, le raggae, le dancehall et le slam où résonnent des instruments du Fouta et du mbalakh, Crazy Mind fait nager dans la spiritualité. Ses talents de rappeur n’ont pas manqué d’apparaître dans sa production avec «Najoore», «Bawdo yo watt» où l’egotrip a laissé la place à une autre thématique. Sur ses rapports avec les artistes de l’île à Morphil et du Fouta, Crazy Mind indique : «A mon arrivée à Dakar, ce sont les artistes, surtout des rappeurs, qui m’ont accueilli et m’ont mis en contact avec des structures. Pour preuve, le son Bawdo yo watt, je l’ai fait avec Wizaby.
Mieux, beaucoup de morceaux ont été enregistrés au studio Nangu mi nanga Records de Baba Kana, avec qui j’étais jusqu’aux derniers instants de sa vie.» Artiste originaire du Fouta, parti à Dakar pour se professionnaliser et lancer sa carrière, Crazy Mind a dédié à son royaume d’enfance deux tubes dans ses productions : «iwdam» et «ndekete ko o pullo».

L’artiste de Dounguel n’a pas manqué de faire un clin d’œil à son âme sœur, et à tous les amoureux, dans «My one». Un titre en anglais dont les paroles sont en pulaar comme les 9 autres. Interrogé sur ce tube, l’artiste n’y va pas par quatre chemins pour montrer sa préférence pour la monogamie. Pourquoi ? «Un seul cœur pour un seul être», dit-il.

Pour une dizaine de titres où les problèmes de sa localité et de l’île à Morphil ne sont pas évoqués, l’artiste se défend : «J’en ai parlé dans plusieurs sons. Nous avons joué notre rôle de lanceur d’alerte et nous allons continuer à le faire, car nous sommes des artistes. Au Sénégal, des gens qui alertent existent, mais ce qui nous manque, ce sont des autorités qui ont la volonté de régler ces problèmes.»

Le mixtape disponible sur le marché et les plateformes, Crazy Mind est déjà en campagne de promotion dans plusieurs localités de l’île à Morphil et dans d’autres localités du Fouta entre septembre et octobre, avant un retour à Dakar où il a programmé, avec ses partenaires et sponsors, des spectacles.
Correspondant