Amina El Aly a réussi à s’extirper des bombardements israéliens au Liban. Cette Libano-Sénégalaise est revenue sur ce qu’elle a vécu au Liban, lors de la conférence de presse tenue hier par l’Ong Action pour les droits humains et l’mitié (Adha) qui réclame le rapatriement de plus de 700 Sénégalais pris sous les bombardements de Tsahal. 

 

Par Amadou MBODJI – Elle est revenue de l’enfer. Le récit de Mme Amina El Aly est poignant. Après avoir flirté avec la mort à cause des bombardements de l’Armée israélienne au Liban, cette femme a réussi à s’extirper du champ de guerre. «Grâce à Dieu !», dit-elle. C’est une délivrance. «Je n’avais ni à manger ni rien du tout. Il n’y avait que mes papiers. (Pleurs) Mais avec les bombes, j’ai commencé à vomir du sang. Mais Alhamdoulilah !
Dieu m’a envoyé quelqu’un qui m’a donné un coup de main pour venir au Sénégal. Il s’appelle Ibrahima Allouche. Quand il m’a vu dans la rue en train de pleurer, il m’a dit : «Qu’est-ce que tu as ?» Je lui ai dit : «J’ai un problème.» Il m’a dit : «Quel genre de problème ?» Je lui ai dit : «Je veux rentrer en Afrique voir ma famille.» Il m’a dit : «Si tu veux, je peux te trouver un billet d’avion.» Je croyais qu’il était en train de blaguer avec moi. Mais en vérité, il m’a renvoyée chez moi. Il est parti en… je suis rentrée au Sénégal», raconte Amina El Aly, revenue au Sénégal à bord d’un vol commercial.

«Avec les bombes, j’ai vomi du sang»
Elle a les yeux larmoyants. Le récit est entrecoupé par les sanglots. Mme Amina El Aly garde toujours les stigmates du calvaire du pays de son père, devenu une ruine. Elle a une pensée pour ses compatriotes qui n’ont pas encore eu la chance de quitter le Liban.

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Elle lance un plaidoyer à l’endroit des autorités. «J’aimerais bien que vous donniez un coup de main à mes sœurs et frères qui sont au Liban pour revenir, parce qu’il y a beaucoup de souffrance là-bas», fait-elle savoir.
Ce fut un long chemin. Un chemin de croix.

De Nabatiyé, la plus grande ville du Sud du Liban, elle a rejoint Beyrouth après trois heures de route. Elle a vu des gens mourir sous les feux des bombardements israéliens. «Elle a rencontré beaucoup de difficultés», soutient sa tante Dalal El Aly qui n’a eu cesse de réconforter sa nièce étreinte par l’émotion et la tristesse.

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«Aujourd’hui, à travers son témoignage, je pense que chaque jour perdu nous rapproche d’évènements  plus graves. Nos compatriotes sénégalais sont nombreux et surtout ils sont vers le Sud. La majorité est du Sud. Pourquoi ?
Ce sont les gens du Sud qui les prennent le plus. Les gens du Sud sont en difficulté, ils ont fui, sont allés sans bagage, sans argent, sans rien, parce qu’on leur a dit «vous n’avez que trente minutes». On n’a le temps que pour prendre ses enfants. Ils dorment sur la corniche, ils sont vraiment très mal lotis. Nos compatriotes sont en souffrance. Et aujourd’hui, ils ont le droit de revenir au pays, d’être pris en charge. Parce qu’ils sont affectés psychologiquement», déclare Mme Dalal El Aly.

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Aujourd’hui, ils sont traumatisés par ces bombardements quotidiens. «Respirer toutes ces bombes affecte la santé. Dans quel état vont-ils revenir ? C’est notre devoir de demander à notre Président de veiller à ce que nos compatriotes sénégalais reviennent au plus vite», soutient-elle. Métissée, Amina Aly dont la mère est Sénégalaise et le père Libanais, a rejoint ses parents au Liban où elle a été mariée. Elle est revenue à ses sources maternelles.
ambodji@lequotidien.sn