Un retour rapide au pays des étudiants sénégalais à Wuhan, épicentre de l’épidémie du coronavirus. C’est la requête de Abdoulaye Wade. Il a proposé un plan de rapatriement. Mais pour Macky Sall, le Sénégal ne dispose pas de moyens logistiques pour faire cette opération.

Un rapatriement «immédiat» des 13 étudiants sénégalais coincés à Wuhan, en Chine, épicentre de l’épidémie du coronavirus. Voilà ce que Me Abdoulaye Wade demande à son prédécesseur. «Nous ne devons pas laisser plus longtemps nos étudiants, leurs parents et amis dans l’angoisse», estime l’ancien président de la République. Cette sortie intervient dans un contexte où ce débat s’enflamme de jour en jour, notamment sur les réseaux sociaux. Me Abdoulaye Wade s’en est mêlé. Du coup, la polémique sur un possible rapatriement ou non de ces compatriotes va enfler davantage. Car le Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (Pds) vient de prendre le contrepied de Macky Sall qui avait déclaré que le Sénégal n’a pas les moyens de rapatrier les 13 étudiants. «Evidemment, il faut le faire avec précaution et ne pas exposer les Sénégalais au risque du coronavirus. Eux aussi ont droit à la santé. Ce rapatriement doit être entrepris immédiatement car, si une maison brûle, on ne dit pas ‘’Je vais réfléchir’’. Toutefois, on doit prendre des précautions pour que des malades n’importent pas dans notre pays les microbes d’une épidémie dangereuse qui expose la population entière», préconise Me Wade.
Dans un communiqué, l’ancien Président a proposé «son» plan pour extirper les Sénégalais de cette ville mise en quarantaine. A ses yeux, les précautions à prendre sont très simples. En effet, il demande d’abord l’envoi d’une équipe médicale constituée de médecins sénégalais qui, en collaboration avec leurs collègues chinois, vont sélectionner ceux qui ne sont pas atteints pour un rapatriement immédiat. Et les autres, ajoute-t-il, s’il y en a, doivent être traités sur place dans les hôpitaux chinois jusqu’à leur guérison totale. Dans le même sillage, Me Wade estime que les autres étudiants doivent être mis en quarantaine dans un pays très chaud. «Car, selon les spécialistes, le risque de propagation au Sénégal est faible du fait que nous sommes un pays chaud», rapporte-t-il. D’ailleurs, il a lancé un appel à l’ensemble des pays africains «sans exception», surtout ceux d’Afrique de l’Ouest, pour une lutte commune contre le coronavirus. «Dans le cas où il y aurait des ressortissants d’autres pays africains bloqués à Wuhan, nos pays pourraient mutualiser leurs efforts et organiser un rapatriement collectif dans le respect des mesures traditionnelles de précaution, notamment la quarantaine en pays chaud avant la rentrée à leur domicile.»
Avant Me Wade, son prédécesseur s’était prononcé sur la question. Macky Sall a été clair. L’Etat ne dispose pas de moyens pour rapatrier les Sénégalais de Wuhan, d’après lui. «Leur rapatriement requiert et demande une logistique tout à fait hors de portée du Sénégal. Puisqu’il faudrait des avions spéciaux qui puissent aller sur place. Il faudrait du personnel différent de celui des compagnies aériennes. Peut-être du personnel militaire. Et lorsque ces personnes reviennent, il faudrait les mettre en quarantaine dans un lieu équipé en conséquence. Ce qui n’est pas le cas, pour le moment, de notre pays», avait-il avoué lors de la cérémonie mensuelle de levée des couleurs, au palais de la République. Par ailleurs, le chef de l’Etat a assuré que le Sénégal travaille de concert avec les autorités chinoises pour que les ressortissants sénégalais en Chine puissent bénéficier d’un suivi convenable. En conférence de presse, les parents des étudiants concernés avaient exprimé leur surprise quant à la déclaration du Président. Ils ont fait comprendre qu’il est de «sa responsabilité de veiller à la sécurité de ses citoyens, sur le territoire comme à l’extérieur».