Le village de Cambérène s’est réveillé, hier matin, avec le rappel à Dieu du Khalife général des Layènes, Mouhamadou Makhtar Laye. C’est la tristesse dans la localité où quasiment tous ses habitants ont afflué à Yoff où repose désormais le 6ème Khalife des Layènes après avoir tiré sa révérence à Cambérène, selon Ousseynou Laye, fils de Oustaz Magoum Keur et frère de Ibrahima Ndiongue Gazou. Devant son fastfood, le téléphone collé à l’oreille, échangeant avec un interlocuteur en lui disant qu’il est frappé par le deuil, Ousseynou Laye fait partie de ceux qui faisaient le ziar chaque vendredi au regretté Khalife des Layènes. «Nous faisons le ziar tous les vendredis en compagnie de mes frères Mbaye et le groupe Amana. Ce que je retiens du khalife, c’est quelqu’un de discret», a fait savoir d’emblée celui dont le père était un des plus grand chanteurs religieux de la communauté layène.
Mouhamadou Makhtar Laye «n’était pas attaché aux choses d’ici-bas», et était un «adepte de l’innovation en conformité avec les préceptes de l’islam». «C’était un homme correct. Tout le monde connaît sa sincérité. C’était un homme de principe. Il aimait et encourageait tout ce qui participe à faire avancer le pays et la religion islamique», renchérit Ousseynou Laye. La discrétion fait partie de son existence même en étant khalife. Et il a été enterré dans la dis­crétion. «Il ne s’affichait pas et il a toujours été comme ça avant d’être khalife. Il a été toujours discret. Cela fait partie de sa vie. C’est un homme bien, un altruiste qui aimait partager avec les autres. Le message du khalife était unificateur et renforçait la foi en Dieu. Cam­bérène a appris avec une grosse surprise son décès, mais nous nous en sommes remis à Dieu. C’est ce que Seydina Limamou Laye nous a enseigné», se résigne Ousseynou Laye.
Orphelin de son khalife, Cambérène était plongé dans le calme violé par les vrombissements des voitures qui y passaient. Le village retient de son désormais khalife un homme de Dieu doublé d’un intellectuel comme le mentionne Ousseynou Laye. Mouhamadou Makhtar Laye a vu le jour en 1950 et a fait ses études secondaires au Lycée Blaise Diagne, avant de poursuivre ses études au Maroc et en France. Il a vécu en France de 1977 à 1987, avant de rentrer au Sénégal. Il est un expert en télécommunications et en informatique. Ce qui lui a valu de travailler au sein de l’Office des postes et télécommunications devenu Société nationale des télécommunications, en l’occurrence la Sonatel. Il est le fils du second khalife Seydina Mandione Laye et petit-fils de Seydina Lima­mou Al Mahdi.

Le regretté khalife des Layènes est un érudit de l’islam et avait une large connaissance de la religion musulmane basée sur les enseignements de Limamou Laye Al Mahdi. La modestie est ce qui caractérise le défunt khalife des Layènes.

Le Khalife général des Layènes est remplacé par son porte-parole, à savoir Seydina Mouhamadou Lamine Laye, qui devient le 7ème guide de cette communauté. «Il a étudié chez l’imam Mouhamadou Sakhir à Yeumbeul, avant de se rendre au Maroc pour poursuivre ses études», selon Issa Laye Diop. «Il s’exprime très bien en français. Ça fait longtemps qu’il préside des cérémonies à travers les Gamou et l’anniversaire de l’Appel. Il représente le khalife lors des évènements religieux, note Issa Laye Diop. C’est cet homme aujourd’hui que Dieu a voulu qu’il soit le Khalife général des Layènes.» Le rappel à Dieu de son prédécesseur l’a trouvé hors du pays. Le nouveau khalife des Layènes est présentement aux Etats-Unis, à New York, où il a même dirigé la prière de Korité.
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn