Selon l’Observatoire des mines qui a sorti son rapport 2017 le jeudi dernier, les engins de la mort ont occasionné 8 605 victimes de mines et de restes d’explosifs de guerre à travers le monde, dont environ 2 089 personnes tuées. Ce qui représente le total annuel de victimes enregistrées le plus important de celles rapportées depuis 1999 (9 228 victimes). Une situation qui serait la conséquence directe du nombre exceptionnellement élevé de victimes de mines. Et ce, pour la 2ème année consécutive au niveau des zones de conflits tels le Yémen, la Libye, voire l’Ukraine.
Il ressort de ce rapport que les mines et les restes d’explosifs de guerre tuent et blessent principalement des civils qui représentent 78% des victimes recensées en 2016. «Quelques conflits intenses, où l’indifférence totale pour la sécurité des civils persiste, ont abouti à des nombres très élevés de victimes de mines pour la deuxième année consécutive», a déclaré Loren Persi, rédacteur de la section sur les victimes et l’assistance aux victimes du rapport 2017 de l’Observatoire des mines. Et pour qui «cela démontre la nécessité pour tous les pays d’adhérer au Traité d’interdiction des mines et pour des niveaux accrus d’assistance aux victimes des mines». Toutefois, l’Observatoire des mines reconnaît les efforts consentis par les pays pour mettre un terme au fléau que représentent les mines d’ici 2025. Et de façon plus positive également, le rapport estime que les contributeurs internationaux ont augmenté leur soutien à l’action contre les mines ; un terme générique, selon ce rapport, qui englobe le déminage, l’assistance aux victimes, l’éducation aux risques, la destruction des stocks, les activités de suivi et de plaidoyer.
Ainsi, 32 donateurs ont contribué à hauteur de 479,5 millions de dollars en assistance internationale pour l’action contre les mines dans 40 Etats et trois autres territoires, une augmentation d’environ 85,5 millions de dollars par rapport à 2015. Et les contributions par les Etats affectées pour leurs propres programmes nationaux ont totalisé 85 millions en 2016. Et globalement, selon l’Observatoire des mines, les contributions à l’action contre les mines se sont élevées à approximativement 564,5 millions de dollars, une augmentation d’environ 40 millions de dollars par rapport à 2015.
Sénégal : L’Asvm commente le rapport et diagnostique le cas spécifique du Sénégal
Réagissant à ce rapport face à la presse, Jacques André Toupane, personne-ressource au niveau de l’Union régionale des associations de personnes handicapées de Ziguinchor, a indiqué que beaucoup d’efforts ont été faits. Seulement, M. Toupane estime qu’en dépit de ces résultats, un nombre important de victimes civiles (78%) a été noté ; d’où la gravité, à ses yeux, de la situation. Et laquelle nécessite une mobilisation des fonds pour la réduction du nombre de victimes, mais également le respect des engagements. Et pour ce qui est de l’assistance des victimes de mines au Sénégal, il se pose, de l’avis du responsable des personnes vivant avec un handicap, un problème de suivi de ces dernières au niveau de leur famille et par rapport à leur insertion sociale.
Commentant à leur tour le rapport de l’Observatoire des mines, les responsables de l’Initiative solidaire pour les actions de développement (Isad), dont l’Association sénégalaise des victimes des mines (Asvm) est l’une des composantes, estiment que pour ce qui est du cas spécifique du Sénégal, affecté dans sa frange sud qu’est la Casamance, des efforts ont été consentis par rapport à la progression au déminage dans certaines zones entrepris par Handicap international avec le financement de partenaires, mais également le soutien du ministère des Affaires étrangères du Sénégal. Avec l’échéance de 2021, notent-ils, il est important d’intensifier ces actions de déminage pour avoir zéro mine à la date butoir.
Seulement, Mamady Gassama et ses camarades doutent fort de l’atteinte de cet objectif à cause de la lenteur notée sur le terrain par rapport aux actions de déminage. D’ailleurs, avec l’arrêt des programmes de sensibilisation contre les dangers des mines en Casamance, le secrétaire général de l’Isad, Souleymane Diallo, parle de la nécessité de mettre en branle des stratégies pour la poursuite du déminage qui doit être sous-tendu par des efforts intensifs de la part aussi bien de l’Etat que des bailleurs. Mamady Gassama, l’administrateur financier de l’Isad, estime d’ailleurs qu’il ne saurait y avoir d’émergence en Casamance sans la prise en compte des enjeux sécuritaires, voire de la problématique mines.
imane@lequotidien.sn