La drogue la plus utilisée au Sénégal est le chanvre indien devant la cocaïne, l’héroïne et la méthamphétamine. L’Onudc appelle les autorités à un contrôle plus strict aux frontières.

C’est un mal qui guette la stabilité du Sénégal. Et met à genoux certains pays de la sous-région ouest-africaine. Présente­ment, toutes les drogues circulent au Sénégal. La révélation est du directeur régional de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc) en Afrique de l’Ouest. Pierre Lapaque, qui présentait hier le rapport 2016 de l’Onudc sur les tendances de la drogue au niveau mondial, alerte sur la hausse de la quantité de drogue qui circule sur l’étendue du territoire. «Le Sénégal, à l’image des autres pays de l’Afrique de l’Ouest, est un pays qui est touché par toutes les drogues. On n’est pas encore à des phénomènes ultra-violents, mais c’est une pénétration du marché par les criminels», s’inquiète M. Lapaque, précisant que le chanvre indien «est de loin la drogue la plus utilisée devant la cocaïne, l’héroïne et la méthamphétamine».
Fin 2015, le Sénégal, conscient de la montée exponentielle du niveau d’addictologie de ses jeunes à la drogue, décide de créer le Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar (Cepiad). Il y a quelques semaines, une délégation de l’Onudc a visité l’infrastructure. Le témoignage de Pierre Lapaque illustre l’importance de la consommation de drogue au Sénégal. Il dit : «Quand le gouvernement, avec notre appui, créait le Cepiad, on disait que ça aiderait une centaine ou 200 personnes. Mais on nous a dit que 1 031 personnes dont 70 femmes sont venues au Cepiad en 2 ans. On avait complètement sous-évalué l’importance du problème. Et ces chiffres ne concernent que Dakar. Il faudra des sous-Cepiad à Ziguinchor, à Saint-Louis et dans d’autres villes. Majori­tai­rement, ce sont des Sénégalais qui ont été traités, mais il y avait aussi des Gambiens, des Mauritaniens, des Maliens, des Guinéens, des Canadiens et des Français.»
Une situation qui, pour l’Onudc, résulte des difficultés que connaît le Sénégal dans le contrôle des frontières. «C’est une criminalité organisée et transnationale. A part le chanvre indien qui pousse ici, toutes les autres drogues sont importées. Il faut mieux contrôler les frontières. Sur le plan terrestre, c’est compliqué voire impossible à contrôler, vu le nombre de kilomètres et le nombre de pays qui entourent le Sénégal», estime M. Lapaque.
Pour lutter contre ce fléau, le directeur régional de l’Onudc en Afrique de l’Ouest invite le Sénégal à ne pas cacher ses données en matière de drogue. «Le Sénégal transmet des données qui ne sont pas certaines à 100%. Le pays a une bonne connaissance des données en termes de saisie», explique-t-il. Par contre, insiste-t-il, «ce qu’il ne faut pas faire, c’est la politique de l’autruche en disant qu’il n’y a pas de problème. C’est une erreur fondamentale».
bgdiop@lequotidien.sn