Dans son Rapport d’activités 2024, l’Ofnac a constaté une augmentation vertigineuse du nombre de dossiers reçus. Même s’il y a eu beaucoup de dossiers classés sans suite, 6 rapports d’enquêtes ont été transmis au procureur de la République et au procureur de la République financier, et 4 à la Cour des comptes. Les collectivités locales, les établissements publics, les projets, les ministères et les agences sont les plus touchés par ces soupçons de corruption.

Sans doute, cela va être l’un des derniers rapports d’activités de l’Office national de lutte contre la fraude et corruption (Ofnac) sous le magistère de Serigne Bassirou Guèye. Après sa dissolution et la naissance de l’Office national contre la corruption (Ofnac) dont l’appel à candidatures des futurs membres est en cours, il pourrait être remplacé. En 2024, l’Ofnac a annoncé une «augmentation significative du nombre de dossiers reçus» par rapport à 2023. Et «le nombre de dossiers classés sans suite connaît également une augmentation». D’après l’Ofnac, «le taux de classement sans suite atteint ainsi 40, 05 % en 2024, un chiffre nettement supérieur à la moyenne générale de 17, 6%». Qu’est-ce qui explique cette tendance ? «La hausse du taux de classement sans suite suggère que de nombreux dossiers ne remplissent pas les critères nécessaires pour aboutir à une suite judiciaire ou administrative, ou ne visent pas des infractions de la compétence de l’office», note la structure.
Aujourd’hui, la région de Dakar, en tant que principal centre économique et administratif du pays, concentre l’essentiel des signalements de corruption, avec 188 cas recensés en 2024, soit 47, 12% du total. Suivent Thiès avec 57 plaintes (14, 29%) ; Louga, Kolda et Diourbel enregistrent également des signalements significatifs. «Il convient de noter que Matam et Tam­bacounda, qui n’avaient recensé aucun cas l’année précédente, affichent désormais des taux de signalement faibles mais non négligeables (respectivement 1, 50% et 2, 76%)», alertent les services de Serigne Bassirou Guèye.

Il faut noter que rapport aux infractions supposées, le faux et usage de faux, qui «révèle une prolifération de documents falsifiés, souvent liés à des fraudes administratives ou financières», est devenu très développé. Il y a aussi la mauvaise gestion, qui «illustre des préoccupations quant à l’utilisation des ressources publi­ques et privées, l’escroquerie, l’abus de pouvoir et la concussion», qui «mettent en exergue la récurrence des abus d’autorité dont sont victimes les particuliers».

En tout cas, l’Ofnac constate que les collectivités locales «sont de loin les personnes morales les plus régulièrement visées par des dénonciations, représentant près de 30% des cas». «Ce qui peut laisser paraître une vulnérabilité élevée de ces institutions face à la fraude et à la corruption», note-t-il. Il ajoute à la liste les établissements publics, les projets, les ministères et les agences, qui représentent ensemble une part «importante des entités touchées, soulignant la prévalence de la fraude et de la corruption dans le secteur public».

Dans le cadre du suivi des dossiers, il faut savoir que près de 40% des 397 plaintes et dénonciations reçues en 2024 ont été classés sans suite, 36% ont donné lieu à une enquête, 2% ont été transmis à d’autres autorités et 22% sont en instruction. En plus, des rapports d’enquêtes ont été en­voyés à la Cour des comptes, comme celui de la Chambre des métiers de Sédhiou, les affaires contre le maire de la commune de Kanène Ndiob, contre l’ancien médecin-chef du District sanitaire de Bambey et con­sorts.

Pour les signalements et demandes d’informations effectués, l’Ofnac a saisi par exemple le Directeur général de la Police nationale pour la dénonciation d’un cas visant un Commissaire de police, le Directeur général des Impôts et domaines pour deux faits présumés de fraude fiscale.

Par ailleurs, 12 rapports d’enquêtes examinés ont donné lieu à une décision définitive de l’Assemblée des membres avec des classements sans suite. Mais, 6 dossiers ont été transmis au procureur de la République (1 seul dossier) et au procureur de la République financier, qui est probablement en train de les éplucher. Même si certains ont commencé à être vidés depuis plusieurs mois.
bsakho@lequotidien.sn