En 2024, les crédits en souffrance au niveau des Institutions de microfinance (Imf) sont ressortis à 56 milliards de francs Cfa contre 38 milliards de francs Cfa en 2023, soit une croissance de 46% sur la période sous revue.Par Dialigué FAYE –

 En 2024, la dynamique positive observée en 2023 dans les indicateurs-clés de la microfinance s’est maintenue. Mais relativement aux impayés, le volume a nettement augmenté. De 38 milliards de francs Cfa en 2023, les crédits non remboursés intégralement ou qui ont fait l’objet d’un remboursement tardif sont passés à 56 milliards de francs Cfa, soit une hausse de 46% pour l’année 2024, selon le rapport annuel 2024 de la Direction de la règlementation et de la supervision des Systèmes financiers décentralisés (Drs-Sfd) du ministère des Finances et du budget.

Ainsi, mentionne la Drs-Sfd, «la qualité du portefeuille des Imf s’est détériorée de 2 points de pourcentage par rapport à 2023. Le taux de crédit en souffrance est ressorti, en 2024, à 7, 2% pour un plafond de 3%».

La production de crédit a toutefois connu une hausse de 2, 6% pour ressortir à 804, 8 milliards de francs Cfa en 2024.

Sur la période, il est noté une hausse de 2, 8% de l’encours de crédit qui a atteint 774, 1 milliards de francs Cfa en 2024 et a représenté 4, 3% du Produit intérieur brut (Pib).

Quant à l’encours de crédit sain, il s’est établi, d’après la Drs-Sfd, à 718 milliards de francs Cfa après une hausse de 0, 5%. Il est constitué des crédits à court terme d’un taux de 37%, des crédits à moyen terme représentant 36% et des crédits à long terme 27%.

A fin décembre 2024, le nombre d’Imf au Sénégal s’est établi à 297 avec un réseau de 999 points de service, après l’ouverture de 86 agences et guichets supplémentaires, en comparaison à l’année 2023. Ces institutions de microfinance ont enregistré 4 millions 496 mille 082 comptes ouverts contre 4 millions 306 mille 771 en 2023.

Ainsi, le taux de pénétration des Imf, calculé en rapport avec la population totale, est ressorti à 24, 8% en 2024 contre 24, 1% en 2023. Quant au taux d’accès de la population adulte corrigé des doublons et des comptes inactifs, il a progressé de 0, 6 point de pourcentage par rapport à l’année précédente pour s’établir à 20, 3%.

Les dépôts ont affiché une progression d’1, 6% par rapport à 2023 pour ressortir à 579 milliards de francs Cfa, représentant 3, 2% du Pib. Ils sont constitués, majoritairement, des dépôts à vue, 47%, et des dépôts à terme, 38%.

Composés essentiellement d’emprunts à terme (98% du total), le volume des financements reçus par les Imf a progressé de 11, 0% par rapport à l’année précédente pour s’établir à 166 milliards de francs Cfa.

Les fonds propres ont connu une progression de 5, 3% pour se fixer à 219 milliards de francs Cfa en 2024 contre 208 milliards de francs Cfa en 2023.
Néanmoins, relève la Drs-Sfd, «des défis subsistent, notamment le respect de certains ratios prudentiels et indicateurs financiers tels que la limitation des prêts aux dirigeants, l’autosuffisance opérationnelle, le coefficient d’exploitation et le taux de marge bénéficiaire».

Dans le cadre de sa mission de supervision, la Drs-Sfd dit avoir «franchi une étape supplémentaire dans son processus d’assainissement du secteur de la microfinance». Cela, en ayant «conduit des missions de diagnostic ciblées auprès des Imf en difficulté, des Imf nouvellement agréées, des Imf ayant bénéficié d’une levée de leur surveillance rapprochée et des Imf en non-conformité majeure vis-à-vis des normes relatives à la Lutte contre le blanchiment des capitaux et le Financement du terrorisme (Lbc/Ft).

En interne, des actions de modernisation des outils de suivi ont été poursuivies afin de garantir des performances optimales dans la supervision des Imf. De plus, grâce au soutien de l’Alliance de l’inclusion financière (Afi), un programme national de renforcement des capacités a été lancé, touchant cinquante Imf et axé sur les thèmes suivants : «gestion et évaluation des risques», «gouvernance» et «finance digitale»».
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