Rapport Artprice : Le marché de l’art 2024 fragilisé par le contexte géopolitique mondial

Le rapport annuel Artprice, publié lundi 10 mars, indique que le produit mondial des ventes aux enchères d’œuvres d’art a chuté de plus de 33, 5% en 2024, à 9, 9 milliards de dollars, son plus bas niveau depuis 2009. En cause, la situation internationale incertaine et le manque d’œuvres de grande valeur. Avec 121 millions de dollars, c’est L’empire des lumières, une toile du peintre belge surréaliste René Magritte, qui détient le prix record pour une œuvre d’art en 2024 ; une somme pourtant inférieure au record de 2023, décroché par une œuvre de Pablo Picasso. «Les grands collectionneurs sont restés sur la réserve, y compris pour des figures majeures comme Mark Rothko, Jasper Johns, Ellsworth Kelly ou Jean-Michel Basquiat», détaille Thierry Ehrmann, à la tête d’Artprice, leader mondial de l’information sur le marché de l’art. L’an dernier, même Picasso n’a plus fait recette, avec des ventes mondiales divisées par deux en 2024, selon le rapport Artprice.
Les conflits en Ukraine et au Proche-Orient, ou encore la situation politique incertaine aux Etats-Unis, ont découragé la prise de risques ou les achats coups de cœur, tout du moins sur le segment des œuvres les plus chères. Car les créations les plus abordables, celles à 600 euros en moyenne, ont entretenu les ventes en volume.
Un marché de l’art qui se numérise
Les jeunes collectionneurs -39 ans d’âge moyen- plébiscitent les ventes en ligne, séduits par l’innovation et la création numérique. C’est d’ailleurs un robot humanoïde autonome qui a créé la surprise : un portrait du mathématicien anglais Alan Turing. Réalisé par une intelligence artificielle, ce portrait s’est vendu à un million de dollars, annonçant une nouvelle tendance : celle des œuvres issues de l’Ia, un outil adopté par une nouvelle génération d’artistes.
De plus, les acheteurs chinois ont beaucoup moins investi : 1, 8 milliard de dollars (-63%) contre 4, 9 milliards de dollars en 2023. Le pays rétrograde au deuxième rang mondial derrière les Etats-Unis (3, 8 milliards de dollars), à égalité avec l’Union européenne (1, 8 milliard de dollars), devant le Royaume-Uni (1, 4 milliard de dollars) et la France (732 millions de dollars). Les maisons de vente Christie’s et Sotheby’s Paris concentrent plus de 50% du marché français (380 millions de dollars) et les ventes les plus prestigieuses, comme Le Melon entamé de Chardin (1760), vendu 28, 9 millions de dollars chez Christie’s, plus du double de son estimation haute.
Rfi