En attendant l’enterrement de Cheikh Niass, les résultats de l’autopsie font état de la mort de l’émigré survenue à cause d’une infection du Covid-19 et du diabète. Des résultats jugés objectifs par Me Ciré Clédor Ly, avocat de la famille du défunt, qui dénonce les conditions «exécrables» de détention au Sénégal et plaide pour une réforme.Par Abdou Latif MANSARAY – 

Les résultats de l’autopsie effectuée par les médecins légistes de l’hôpital Aristide Le Dantec sur le corps du défunt Cheikh Niasse sont connus depuis hier vendredi. En attendant l’inhumation de la victime, ces résultats font état d’une mort de l’émigré survenue à cause d’«une infection à virus Sarcov2 ou Covid-19 avec une atteinte pulmonaire massive sur un terrain de diabète décomposé avec acide actose». Sur le plan physique, il a été noté une «absence de stigmates de tortures physiques», alors que les contestations faites jusqu’ici soutenaient que la victime a fait l’objet de tortures de la part de la police. Ces résultats étaient très attendus par la famille du défunt et l’opinion.
Appréciant ces conclusions, l’avocat de la famille du défunt parle de «résultats objectifs» dévoilés par un expert en présence des médecins, de la police scientifique et de la famille du défunt. Me Ciré Clédor Ly, qui dit «prendre acte de cela», s’est demandé au micro de Sen Tv si les proches du défunt vont «s’arrêter ou aller plus loin». «Tout dépend de la famille du défunt. Je ne peux pas répondre à leur place», avance-t-il comme réponse. «J’avais promis que tout sera fait pour que la lumière jaillisse. La lumière a été donnée par les experts. Nous ne doutons pas de leur probité», renseigne la robe noire.
Poursuivant, Me Ly souligne : «Maintenant c’est une affaire qui, au-delà de la mort de Cheikh Niass, pose une question plus profonde. C’est d’abord celle concernant les personnes (citoyens ou étrangers) qui sont arrêtées, gardées à vue ou placées sous mandat de dépôt. Il y a des pouvoirs exorbitants du procureur de la République. Et ces pouvoirs, on devrait les revoir.» Un constat qui le pousse à dénoncer les «conditions exécrables de détention au Sénégal». «Lorsque vous êtes arrêté à la police, la garde à vue est systématique et on vous met dans des conditions exécrables. Au-delà du cas de Niass, on doit revoir notre système, les conditions d’arrestation, de détention et de placement sous mandat de dépôt», plaide Me Ciré Clédor Ly.
«C’est une banale affaire de 5 mille francs, un défaut de présentation d’une carte grise qui, finalement, conduit à une mort d’homme», constate le conseil de la famille de Cheikh Niass. Qui poursuit : «Même s’il n’y a pas de causes directes ou indirectes, peu importe. Parce que les causes indirectes, ce sont les circonstances, peut-être, une enquête, si la famille le veut, qui pourrait certainement les déceler.»
L’avocat dit se mettre à la disposition de la famille éplorée. «Si la famille veut une enquête approfondie, c’est son droit. S’ils me requièrent, on analysera et on verra s’il y a possibilité de pousser plus loin ou pas», fait comprendre Me Ciré Clédor Ly.
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