Rapport de la Fondation pour la justice environnementale (Ejf) : La surpêche et la pêche Inn entraînent la migration forcée des pêcheurs sénégalais

Les impacts environnementaux et socio-économiques de la surpêche et de la pêche Illégale non déclarée et non réglementée (Inn) exercées par des chalutiers étrangers entraînent la migration forcée des pêcheurs sénégalais vers l’Europe, a affirmé la Fondation pour la justice environnementale (Ejf) dans un nouveau rapport intitulé : «La route mortelle vers l’Europe. Comment la pêche illégale et la surpêche au Sénégal favorisent l’immigration.»
«En 2024, le nombre de migrants entrant en Espagne de manière irrégulière a atteint 63 970, soit plus du double du chiffre de 2022. Une grande partie d’entre eux ont atteint les îles Canaries, le nombre de migrants ayant augmenté de 200% entre 2022 et 2024», lit-on dans le document rendu public mardi.
Le rapport dont l’Aps a eu copie, est le résultat d’une enquête basée sur des recherches approfondies et des entretiens menés au Sénégal et aux îles Canaries, mettant en lumière les impacts environnementaux et socio-économiques croissants de l’augmentation de la pêche industrielle étrangère.
Selon ses auteurs, les pêcheurs artisanaux sont confrontés à des menaces croissantes, en particulier des méthodes de pêche destructrices comme le chalutage de fond, une situation qui s’est gravement aggravée en raison de la surpêche et de la pêche illégale pratiquées par les flottes industrielles européennes et chinoises. «Ces flottes, qui opèrent souvent dans le cadre d’accords de coentreprise opaques, épuisent les populations de poissons et aggravent l’insécurité alimentaire», souligne le rapport.
A en croire Steve Trent, Pdg et fondateur de l’Environmental Justice Foundation, cité dans le document, les conséquences de la surpêche et de la pêche Inn sont considérables et contribuent à l’augmentation inquiétante du nombre de décès de migrants en mer. «Le déclin des populations de poissons qui en résulte entraîne une augmentation des migrations forcées vers l’Europe par la route migratoire la plus meurtrière de la planète, qui a fait plus de 3000 morts rien qu’en 2023», signale d’ailleurs l’étude de l’Ejf.
De plus, «cette situation a gravement affecté les moyens de subsistance des communautés côtières et contribué à l’augmentation de la pauvreté, ce qui signifie que la migration est devenue une stratégie de survie nécessaire pour de nombreuses familles», ajoute le rapport.
Il présente, en outre, des recommandations clés adressées au gouvernement sénégalais, à l’Union européenne et aux entités de pêche industrielle opérant dans les eaux sénégalaises, pour mettre fin à la crise de la pêche au Sénégal et réduire la nécessité d’émigrer.
Ces exhortations insistent sur la gouvernance et la transparence afin de soutenir les pêcheries sénégalaises et les communautés qui en dépendent, souligne le rapport, qui est accompagné d’un film retraçant l’histoire d’un jeune pêcheur sénégalais contraint d’entreprendre le périlleux voyage vers Tenerife et de son père, resté de l’autre côté de l’Atlantique dans leur communauté de pêcheurs.
Au mois de novembre 2024, le Sénégal a mis fin aux accords de pêche avec l’Union européenne, à l’expiration d’un protocole de 5 ans signé en 2019.