Des progrès sont certes notés dans le domaine des droits reproductifs, la lutte contre les grossesses non-désirées et les décès maternels mais des millions de femmes sont encore privées du droit de contrôler leur propre corps et de façonner leur vie. Dans un rapport où il fait l’état sur la population mondiale, l’Unfpa appelle la Com­munauté internationale à redoubler d’efforts.

La lutte menée pour les droits reproductifs a transformé la vie de centaines de millions de femmes dans le monde en leur permettant de contrôler leur propre corps et façonner elles-mêmes leur avenir. C’est ce qui ressort du rapport publié par le Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa) sur l’état de la population mondiale. Dans son document, l’Unfpa informe que «les efforts des mouvements de lutte en faveur des droits reproductifs ont fait chuter le nombre de grossesses non désirées et de décès maternels, et ont ouvert la voie à des vies plus saines et plus productives pour des millions de personnes». Le rapport renseigne que beaucoup de progrès ont été accomplis depuis 1969 date du démarrage des activités de l’Unfpa. On note que « le nombre moyen de naissances par femme était alors de 4,8, contre 2,9 en 1994 et 2,5 aujourd’hui». S’agissant du «taux de fécondité dans les pays les moins avancés», il a chuté «de 6,8 en 1969 à 5,6 en 1994 et à 3,9 en 2019». Il en est de même pour «le nombre de décès maternels liés à la grossesse» qui est passé «de 369 pour 100 000 naissances vivantes en 1994 à 216 en 2015». Concernant l’utilisation des contraceptifs modernes par les femmes on est passé de 24 % en 1969, contre 52% en 1994 et 58% en 2019.

«200 millions de femmes n’ont pas accès aux informations et services relatifs à la contraception moderne»
Malgré tous ces efforts, renseigne l’Unfpa dans son rapport, «de trop nombreuses femmes sont encore privées de leurs droits reproductifs». Il s’agi d’après les chiffre de «plus de 200 millions de femmes qui voudraient éviter une grossesse mais n’ont pas accès aux informations et services relatifs à la contraception moderne». D’après cette organisation des Nations unies chargée de la santé sexuelle et de la reproduction, «il reste encore un long chemin à parcourir pour que chacun, partout dans le monde, puisse revendiquer ses droits et ses choix». En plus des besoins non-satisfaits en santé sexuelle et reproductive, le rapport révèle que «800 millions de femmes en vie aujourd’hui auraient été mariées durant l’enfance». A cela s’ajoute le fait que «dans les pays en situation d’urgence, plus de 500 femmes et filles meurent chaque jour durant la grossesse et l’accouchement». Le rapport s’est aussi intéressé à la capacité des femmes «à prendre des décisions dans trois domaines fondamentaux : les relations sexuelles avec leur partenaire, l’utilisation de la contraception et la santé». Ainsi il a été constaté que «dans les 51 pays où de telles informations sont disponibles, seuls 57 % des femmes mariées ou en couple sont capables de faire leurs propres choix dans chacun de ces trois domaines». Cette situation fait dire à la directrice exécutive de l’Unfpa que «malgré la disponibilité croissante des contraceptifs au fil des années, des centaines de millions de femmes n’y ont toujours pas accès aujourd’hui, pas plus qu’au choix en matière de reproduction qui leur est associé». De ce fait, ajoute-t-elle, «elles se trouvent privées du pouvoir de prendre des décisions relatives à leur corps, notamment de choisir si et quand elles souhaitent concevoir un enfant». La publication de ce rapport coïncide avec les 50 ans du démarrage des activités de l’Unfpa mais surtout le 25e anniversaire de la Conférence internationale de 1994 sur la population et le développement (Cipd). Une conférence «lors de laquelle 179 gouvernements ont appelé à ce que toutes les personnes aient accès à des soins de santé reproductive complets, y compris la planification familiale volontaire et des services qui permettent aux femmes de mener à bien grossesse et accouchement». C’est donc tout le sens de l’appel lancé par le Dr Natalia Kanem aux dirigeants mondiaux pour réaffirmer «les promesses faites au Caire il y a 25 ans afin de garantir la santé et les droits en matière de sexualité et de procréation pour tous». Selon la directrice exécutive de l’Unfpa, en novembre, «la Communauté internationale aura une occasion historique de parachever l’œuvre de la Cipd lors du Sommet de Nairobi sur son 25e anniversaire qui se tiendra au Kenya, où les gouvernements, les militants et les parties prenantes se rassembleront pour préserver les progrès accomplis à ce jour et tenir la promesse du programme de la Cipd, afin que personne ne soit laissé de côté».

dkane@lequotidien.sn