Le Sénégal doit encore faire des efforts en ce qui concerne les Objectifs de développement durable, notamment 1, 3, 4 et 5 qui touchent la pauvreté, la santé, l’éducation et l’égalité des genres. Selon Equal measure 2030 qui évalue les progrès dans la réalisation de l’égalité des genres, beaucoup de défis restent à relever.

L’analyse de la situation de l’équité et de l’égalité des genres présente bien des défis au Sénégal. C’est le résultat du rapport de l’Indice du genre pour le suivi des Objectifs de développement durable (Odd). Selon Equal measure 2030, qui est un outil d’évaluation des progrès sur des réalisations de l’égalité de genres, les Odd 1 sur la pauvreté, 3 sur la santé, 4 l’éducation et 5 sur l’égalité de genres présentent plusieurs défis. Selon les données disponibles en 2011, 47% de la population vivent au-dessous du seuil de la pauvreté fixé au niveau national et seuls 15% de la population se situant dans le quintile de richesses, le plus pauvre bénéficiant d’une couverture sociale. Et malgré le fait que des lois offrent aux femmes comme aux hommes un accès équitable à l’usage et au contrôle de la terre, elles n’en tirent pas profit. Du coup, elles restent pauvres et Equal measeure 2030 parle de féminisation de la pauvreté au Sénégal. Pour ce qui est de l’Odd 3, en rapport avec la santé, malgré les efforts du Sénégal et la réduction du taux de mortalité maternelle et infantile, des femmes continuent de perdre la vie en donnant la vie. Le rapport note également un accès assez faible à la planification familiale avec 47% des femmes qui ont déclaré en 2016 que leurs besoins en Pf sont satisfaits par des méthodes modernes contre 72% dans les cinq autres pays où le même rapport a été fait (Colombie, Inde, Indonésie, Kenya, Salvador).

L’Odd4, qui vise un accès équitable à l’éducation, présente également des défis. Le Sénégal a atteint presque la parité dans le primaire. Par contre, le maintien des filles dans les classes pose un réel problème. Anta Konté du Forum des éducatrices africaines prend l’exemple du taux de transition du Cm2 à la 6ème qui est de 65,38% pour les filles au niveau national, alors que celui de la 3ème à la Seconde est de seulement 53% pour les filles. «Les blocages se situent au niveau du moyen et du secondaire où les taux bruts de scolarisation sont respectivement de 55,43% et 34,17% et le taux d’achèvement pour le moyen est de 40,09%», souligne Anta Konté qui estime que ces données doivent être fortement améliorées pour assurer le maintien des filles à l’école. Elle préconise à cet effet une application plus effective des textes de loi en faveur de la promotion de l’équité du genre. A ces défis,  Madina Dia de Plan international y ajoute des problèmes de sécurité, car les violences basées sur le genre et les normes sociales sont reconnues comme étant des obstacles majeurs à l’égalité des genres au sein du pays. Et selon les résultats de l’indice d’Em 2030, 60% des filles et des femmes ne se sentent pas en sécurité lorsqu’elles circulent la nuit. Aussi, notre pays présente le pourcentage de femmes le plus élevé, (49%), pensant qu’elles peuvent être battues par leur mari dans certaines circonstances. Il y a aussi certaines pratiques traditionnelles telles que le mariage d’enfants avec 31% des femmes âgées de 20 à 24 ans ayant été mariées avant leurs 18 ans, et les mutilations sexuelles féminines. Dans ce sillage, 23% des filles et des femmes de 15 à 49 ans ont subi cette pratique.

En revanche, le Sénégal peut se réjouir des bonnes performances vers l’égalité des genres grâce à ses dispositions juridiques. Le pays a promulgué la loi sur la parité et désormais 41,8% des postes électifs sont occupés par des femmes. Des efforts, selon le rapport, qui doivent être étendus aux départements ministériels où la représentation est faible.

Equal measure 2030 est l’outil le plus exhaustif et le plus aligné pour mesurer les progrès des réalisations du genre. Il est innovant en ce sens qu’il rassemble la société civile et le secteur privé. Il s’appuie sur des consultations et a travaillé sur 232 indicateurs au niveau mondial. D’après Plan international qui a organisé cette rencontre, les données sont le moteur du changement. La prochaine étape sera l’élaboration
d’un plan d’actions et sa mise en œuvre afin de pouvoir relever les défis avec les pouvoirs publics.