RAPPORT – Malgré des progrès sans précédent réalisés pour sa réduction dans le monde : La pauvreté reste un problème en Afrique subsaharienne

L’extrême pauvreté est un problème subsaharien. C’est ce que révèle le dernier rapport de la Banque mondiale sur cette question. Dans le document, cette institution informe que des progrès sans précédent ont été réalisés ces dernières années pour la réduction de la pauvreté dans le monde, notamment dans des régions comme l’Asie de l’Est et du Pacifique.
Des progrès sans précédent ont été réalisés pour réduire la pauvreté dans le monde. Selon un rapport de la Banque mondiale sur la pauvreté, «entre 1990 et 2015, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a ainsi été réduit de plus d’un milliard». Une réduction qui s’explique par «la forte croissance mondiale et l’enrichissement de nombreux pays en développement, notamment dans les régions les plus peuplées de l’Asie de l’Est et du Pacifique, et de l’Asie du Sud». Tout en relevant que «ces remarquables progrès nous ont rapprochés de l’objectif fixé par la Banque mondiale, à savoir réduire l’extrême pauvreté à moins de 3% de la population mondiale à l’horizon 2030». Le document souligne que «la lutte contre l’extrême pauvreté est loin d’être terminée et devient même plus difficile». D’après le rapport, «le nombre de pauvres dans le monde reste beaucoup trop élevé et il est de plus en plus évident que les avantages de la croissance économique n’ont pas été répartis également entre les régions et les pays». Soutenant «qu’une grande partie du monde a éliminé les formes extrêmes de pauvreté», les experts de la Bm informent que «celle‑ci est de plus en plus tenace et difficile à éradiquer dans certaines régions, en particulier dans les pays touchés par les conflits violents et pénalisés par la faiblesse de leurs institutions». C’est le cas en Afrique subsaharienne. D’après le document de la Banque mondiale, cette région «compte aujourd’hui la majorité des pauvres de la planète et, contrairement à la plupart des autres régions du monde, leur nombre total augmente». D’après les chiffres, «le nombre de personnes vivant dans la pauvreté y est passé d’environ 278 millions en 1990 à 413 millions en 2015». Ce, ajoute le rapport, «alors que le taux moyen de pauvreté y était d’environ 41% en 2015, et inférieur à 13% dans les autres régions». Renseignant que la pauvreté extrême est de plus en plus un problème subsaharien, le document précise que «sur les 28 pays les plus pauvres du monde, 27 se trouvent en Afrique subsaharienne». L’explication de cette situation doit être recherchée dans «les difficultés rencontrées par les pays africains en partie liées à leur forte dépendance à l’égard des industries extractives qui ont de faibles retombées sur les revenus des pauvres, à la prévalence des conflits et à leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles comme la sécheresse».
Difficile d’éradiquer la pauvreté à cause des conflits, la
faiblesse des institutions…
En outre, le rapport met en exergue le contraste entre l’existence de cette pauvreté et la «croissance plus rapide dans certaines économies africaines, comme le Burkina Faso et le Rwanda». C’est ce qui fait dire aux auteurs du document que malgré cette croissance, «la région a également eu du mal à améliorer la prospérité partagée». «Les 40% les plus pauvres dans la douzaine de pays d’Afrique subsaharienne couverts par l’indicateur ont vu leurs revenus augmenter en moyenne de 1,8% par an entre 2010-15 (soit légèrement moins que la moyenne mondiale de 1,9% par an). Le fait que les revenus des 40% les plus pauvres aient reculé dans un tiers de ces 12 pays est toutefois plus inquiétant», a-t-on expliqué. Autre fait remarquable, c’est qu’une grande partie «des progrès réalisés au cours de cette période l’ont été en Asie de l’Est et dans le Pacifique, où l’essor économique de la Chine a aidé des millions de personnes à sortir de la pauvreté». D’après la Banque mondiale, «dans les pays de cette région, le taux moyen de pauvreté est passé de 62% en 1990 à moins de 3% en 2015». De même, il est souligné que «plus récemment, l’Asie du Sud a fait de remarquables progrès dans la lutte contre l’extrême pauvreté, qui ont permis de réduire davantage encore le taux de pauvreté dans le monde». «Le nombre de pauvres en Asie du Sud est tombé à 216 millions en 2015, alors qu’il s’élevait à un demi-milliard en 1990», a-t-on déclaré. Analysant ces données, les auteurs soutiennent que «le contraste frappant entre l’Asie et l’Afrique explique pourquoi il est de plus en plus difficile de réduire la pauvreté dans le monde». Cela, à cause du fait que «malgré son recul constant à l’échelle planétaire, toutes les régions n’ont pas participé à la croissance mondiale et certaines sont laissées pour compte».
Au regard de cette situation, la Banque mondiale indique que «pour mettre fin à l’extrême pauvreté, l’Afrique subsaharienne et les Etats pénalisés par la faiblesse de leurs institutions ou touchés par un conflit devront bénéficier d’une attention renouvelée». Les estimations montrent que «l’Inde comptait en 2015 le plus grand nombre de pauvres (176 millions) et abritait près d’un quart des pauvres de la planète». Le rapport révèle que «son taux d’extrême pauvreté est nettement inférieur au taux moyen observé en Afrique, mais le nombre total de pauvres y reste élevé en raison de sa forte population». Toutefois, «les prévisions pour 2018 suggèrent que l’Inde est sur le point de perdre son statut de pays le plus pauvre au profit du Nigeria». «Le taux d’extrême pauvreté et le nombre de pauvres en Asie du Sud n’ont cessé de diminuer et cette tendance devrait se poursuivre. On assiste ainsi à un déplacement de la pauvreté de l’Asie du Sud vers l’Afrique subsaharienne», renseigne le rapport. Pour la Banque mondiale, l’accélération de la croissance économique et le renforcement des efforts de règlement des conflits violents seront essentiels pour «hausser le rythme de réduction de la pauvreté en Afrique et ailleurs». D’ailleurs, les auteurs du document informent que «les choses ne s’amélioreront pas d’elles-mêmes». Ainsi, ils préconisent «des efforts pour assurer une croissance solidaire, en privilégiant davantage l’augmentation de la capacité de production des pauvres». Selon eux, «pour que l’Afrique subsaharienne et d’autres pays fragiles puissent atteindre l’objectif de 3%, leur taux de croissance devra être élevé et les revenus des 40% les plus pauvres de leur société devront également augmenter à un rythme plus soutenu».
dkane@lequotidien.sn