La question de la création d’emplois est intrinsèquement liée à la protection de l’environnement. C’est ce que le Bureau international du travail (Bit) a fait savoir dans un rapport intitulé «Une économie verte créatrice d’emplois». Le document insiste sur la nécessité pour les pays de mettre en œuvre les mesures pour atténuer les conséquences du changement climatique.

Dans un nouveau rapport intitulé Une économie verte créatrice d’emplois, le Bureau international du travail (Bit) insiste sur la nécessité de prendre des mesures pour atténuer les effets du changement climatique. Le document qui souligne que le monde du travail est intrinsèquement lié à l’environnement naturel «montre que parvenir à un environnement durable peut créer des emplois». Selon les auteurs du rapport, certes «la transition vers une économie verte entraînera inévitablement des pertes d’emplois dans certains secteurs à mesure que la proportion d’activités à forte intensité de carbone et de ressources baissera», mais «ces pertes seront plus que compensées par de nouvelles possibilités d’emplois». A les en croire, «les mesures prises dans le domaine de la production et de l’utilisation de l’énergie entraîneront la perte d’environ 6 millions d’emplois, mais aussi la création de 24 millions d’autres approximativement». Une augmentation d’environ 18 millions d’emplois dans le monde qui, d’après le Bit, «sera le résultat de l’adoption de pratiques durables, comme la modification du bouquet énergétique, l’utilisation accrue de véhicules électriques et l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les bâtiments existants et futurs». Pour assurer «une transition juste», le Bit recommande des efforts de promotion de l’économie verte qui doivent s’accompagner de mesures qui «facilitent le redéploiement des travailleurs, favorisent le travail décent, offrent des solutions locales et soutiennent les travailleurs déplacés».

Transition vers une agriculture durable
Encourageant une transition vers une agriculture durable et une économie circulaire, les experts de cette organisation estiment que celle-ci «se traduira par des emplois plus nombreux et souvent de meilleure qualité». Selon eux, «l’adoption de pratiques agricoles plus durables peut créer des emplois salariés dans les moyennes et grandes fermes biologiques et permettre aux petits exploitants de diversifier leurs sources de revenus à la faveur d’une transition vers l’agriculture de conservation». De même, ils soulignent que l’adoption de l’agriculture de conservation, complétée par des mesures de soutien aux travailleurs, peut «contribuer à la transformation structurelle dans les pays en développement». Parallèlement, il est souligné dans le document que «la conversion à une économie circulaire qui met l’accent sur la réutilisation, le recyclage, la remise à neuf et la réparation des biens créera environ 6 millions de nouvelles possibilités d’emplois dans le monde entier». Ces activités vont remplacer «le modèle traditionnel ‘’extraction, production, utilisation et élimination’’».
Le rapport insiste aussi sur l’urgence de la transition. Ce, en raison «de la pression insoutenable de l’activité économique sur l’environnement». Partant du constat que «la croissance des salaires a stagné et, dans une large mesure, les inégalités se sont creusées dans un contexte de pénurie de ressources et de capacité limitée à absorber les déchets», le Bit estime que «les modèles actuels de croissance économique reposent en grande partie sur l’extraction des ressources, la fabrication, la consommation et la génération de déchets». A titre d’exemple, on cite dans le rapport l’année 2013, durant laquelle «l’humanité a utilisé 1,7 fois plus de ressources et de déchets que la biosphère a pu régénérer et absorber». De ce fait, souligne-t-on, «l’activité humaine a déjà provoqué une altération irréversible de l’environnement à l’échelle mondiale». Insistant sur l’urgence de la transition, le rapport précise qu’actuellement, «1,2 milliard d’emplois dépendent directement de la gestion efficace et de la durabilité d’un environnement sain». En particulier «les emplois dans l’agriculture, la pêche et la sylviculture qui reposent sur des processus naturels tels que la purification de l’air et de l’eau, le renouvellement et la fertilisation des sols, la pollinisation, la lutte contre les parasites, la modération des températures extrêmes et la protection contre les tempêtes, les inondations et les vents violents». En plus, la dégradation de l’environnement menace «ces services écosystémiques et les emplois qui en dépendent». Ceci dit, «les effets de la dégradation de l’environnement sur le monde du travail sont particulièrement graves pour les travailleurs les plus vulnérables».
1,2 milliard d’emplois dépendent de la durabilité de l’environnement
Montrant les conséquences de l’environnement sur l’emploi, le Bit informe que «la fréquence et l’intensité croissantes des catastrophes naturelles résultant de l’activité humaine ont déjà réduit la productivité». Ainsi, on note qu’entre «2000 et 2015, les catastrophes naturelles causées ou aggravées par l’homme se sont chaque année traduites par une perte globale de vies professionnelles équivalentes à 0,8% du travail d’une année». A l’avenir, prévient-on dans le document, «les hausses de température projetées rendront le stress thermique plus courant, réduisant le nombre total d’heures de travail de 2,0% au niveau mondial d’ici à 2030 et touchant surtout les travailleurs de l’agriculture et des pays en développement». De même, «les dommages associés à un changement climatique non atténué pèseront donc sur la croissance du Pib, la productivité et les conditions de travail». Il en est de même de la pollution locale de l’air, de l’eau et du sol et d’autres formes de dégradation de l’environnement qui «nuisent à la santé des travailleurs, à leur revenu, à leur sécurité alimentaire et énergétique, ainsi qu’à leur productivité». Le Bit qui encourage l’adoption de mesures spécifiques estime qu’elle peut «minimiser ces répercussions négatives». Il s’agit des mesures de sécurité et de santé au travail, des politiques de protection sociale et d’autres initiatives conçues pour s’adapter à un environnement en mutation.

dkane@lequotidien.sn