La coalition Yewwi askan wi compte bel et bien se rassembler à la Place de la Nation malgré l’interdiction qui frappe leur manifestation. Les violences de mars 2021 planent sur Dakar.Par Babacar Guèye DIOP –

Le régime en place crie urbi et orbi que les violences et scènes de pillage du mois de mars 2021 (14 morts) ne se reproduiront plus au Sénégal. Des opposants comme Ousmane Sonko ou Khalifa Sall prédisent le contraire. On saura qui a raison cet après-midi à la Place de la Nation, ex-Obélisque. Cette frange de l’opposition va dénoncer les «dérives» du pouvoir de Macky Sall. Concrètement, Ousmane Sonko et Cie dénoncent le rejet des titulaires de la liste nationale de Yaw. Toujours est-il que Dakar peut craindre le pire et les populations des quartiers comme la Médina, Colobane peuvent s’inquiéter. Depuis quelques jours, à la fois sur les réseaux sociaux ou lors des points de presse, le feu est attisé de part et d’autre. Ousmane Sonko a même clamé que la Place de la Nation soit transformée en Place Tahrir.
Dans ce contexte de précampagne, le Préfet de Dakar, Mor Talla Tine, a interdit le rassemblement pour menaces de troubles à l’ordre public et justement cette période de précampagne, qui a débuté le 10 juin. Mais, les concernés vont tenter de braver l’arrêté préfectoral. La confrontation est devenue inéluctable tellement les parties, à savoir le pouvoir et l’opposition, multiplient les déclarations va-t-en-guerre. «Le régime en place choisit ses adversaires depuis 2012. Il n’y aura pas de 3ème mandat. Ça vaut ce que ça vaut. A un moment donné, pour la dignité, il faut donner sa vie», a déclaré mercredi Khalifa Sall, président de la Conférence des leaders de Yaw. A l’opposé, les jeunes de la coalition au pouvoir, Benno bokk yaakaar (Bby), ne comptent pas laisser le champ libre à cette opposition. «Ne laissez pas l’espace politique à ces pyromanes qui n’ont aucun projet de société. Ils sont dans la manipulation, le mensonge et la calomnie. C’est ce qu’il faut refuser», a répliqué dans la foulée Yankhoba Diatta, ministre des Télécommunications et de l’économie numérique.
C’est dans cette atmosphère électrique et de tensions sur fond d’arrestations de rebelles du Mouvement des forces démocratique de la Casamance (Mfdc) que l’opposition compte tenir sa manifestation alors que les autorités brandissent la formule : «Force restera à la loi.» Mais pour le camp des manifestants, la souveraineté appartient au Peuple. Reste à savoir si ce dernier répondra à l’appel.
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