Tivaouane, cité religieuse de Cheikh Al Seydi El Hadji Maodo Malick Sy, capitale de la Tidianiyya, a, ce dimanche 20 avril 2025, dès les premières heures de la matinée, fait le plein et continuait d’accueillir dans la plus grande ferveur religieuse, le monde islamique, pour les besoins de la célébration de l’édition 2025 de la Ziarra générale, mémorable journée de grâce, sublime moment d’adoration d’Allah Tout-Puissant, mais aussi de retrouvailles et de solennités. La ville de Maodo draine, à l’instant, à un rythme spectaculaire, plusieurs milliers de fidèles tidianes.

Lecture du Saint Coran, prières et louanges dédiées au Sceau des Prophètes, Seyy­idinaa Mouhammad Ras­soulilah (Psl), recueillement auprès des mausolées des vénérés Cheikh, des disciples réaffirmant leur acte d’allégeance à la famille Sy, entre autres, ont rythmé, durant toute la journée, l’actualité dans la cité religieuse devenue le point de ralliement des pèlerins, avec de fortes affluences de talibés venus des quatre coins du pays et d’ailleurs. Le comité d’organisation n’a ménagé aucun effort dans l’accueil des hôtes. De très nombreux talibés qui, depuis presque 72 heures, convergent vers ce sanctuaire de l’islam, et que la Cellule Zawiya Tijaniyya, organe chargé de l’animation scientifique et de la communication de la Hadra Malikiyya de Tivaouane, sous l’autorité du Khalife général des Tidianes, a voulu mettre dans d’excellentes conditions de séjour. Toutes les instructions ont été scrupuleusement respectées par l’Etat pour une bonne organisation de l’évènement.

Dès vendredi, le sanctuaire de l’islam de Mame Maodo a accueilli de nombreux fidèles venus célébrer le Gamou en l’honneur de Sokhna Oumou Khaïry Sy. Un évènement qui se poursuit avec la Ziarra générale de Tivaouane dédiée à Serigne Babacar Sy, initiée en 1930, devenue aujourd’hui un événement phare pour la communauté tidiane. Partout, au niveau des différentes «Zawiya», ces temples d’Allah qui font la fierté de la ville sainte, c’est l’effervescence des grands moments de recueillement, particulièrement dans les mosquées de El Hadji Maodo Malick Sy et de son 1er khalife, Cheikh Al Seydi Khalifa Aboubacar Sy.

Panel sur les opportunités de financement des dahiras
«Opportunités de financement des dahiras.» C’est le thème d’un panel de haut niveau organisé, ce samedi 19 avril 2025, par la Cellule Zawiya Tijaniyya, dans le cadre de la Ziarra générale 2025 de Tivaouane. Un événement tenu sous le chapiteau de la Foire internationale des dahiras, en présence d’un public nombreux et attentif, composé de responsables de dahiras, d’acteurs économiques, de représentants d’institutions religieuses et de fidèles engagés. Modéré par Serigne Abdou Hamid Sy, président de la Commission communication du Coskas et coordonnateur de la Cellule Zawiya Tijaniyya, ce panel a été pensé comme un espace d’échanges stratégique sur les leviers économiques à la disposition des dahiras. L’objectif est clair : repenser le modèle de fonctionnement de ces piliers de la vie religieuse sénégalaise, en leur offrant les outils et connaissances nécessaires pour bâtir un avenir plus autonome, structuré et résilient.

Des voix d’experts pour éclairer les perspectives
Quatre intervenants de grande qualité ont partagé leur vision et leur expérience : Sokhna Ndèye Astou Sy, présidente de la Commission entrepreneuriat de la Cezat, a souligné le rôle central des femmes dans la structuration économique des dahiras, en insistant sur la nécessité de promouvoir l’entrepreneuriat communautaire à fort impact social. Cheikh Oumar Ndiaye, Directeur général d’un cabinet spécialisé en finance inclusive, a expliqué avec clarté les mécanismes modernes permettant aux dahiras d’accéder à des financements adaptés à leur réalité, en insistant sur l’importance de la gouvernance et de la transparence dans la gestion des fonds. Dr Ahmed Lamine Athie, Directeur général de la Haute autorité du waqf, a présenté le waqf comme un outil à fort potentiel pour assurer un financement durable des actions religieuses, sociales et éducatives, en lien avec les valeurs de l’islam. Babacar Dramé, Directeur général de Tayssir Finance, a partagé son expertise sur les produits financiers islamiques, notamment les mécanismes solidaires compatibles avec les principes religieux, offrant ainsi des pistes concrètes pour le développement économique des dahiras.

Vers un modèle économique au service de la foi et de la communauté
Au-delà des interventions, le panel a été marqué par une grande interactivité avec le public. De nombreuses questions ont permis d’approfondir les échanges et de mettre en lumière des cas concrets vécus par les dahiras, entre difficultés de financement et initiatives innovantes. Cet événement a permis de dégager des pistes d’actions concrètes, notamment «la nécessité de former les responsables de dahiras à la gestion financière et à l’entrepreneuriat», «l’opportunité de créer des fonds waqf communautaires», «l’importance de tisser des partenariats avec des institutions financières islamiques», «le besoin de renforcer la mutualisation des ressources entre dahiras», «un engagement renouvelé pour l’avenir».

La Cellule Zawiya Tijaniyya se félicite de la tenue de ce panel, qui marque une nouvelle étape dans la structuration de l’action économique des dahiras. Fidèle à sa mission de modernisation des outils de communication et de développement communautaire dans le respect des valeurs religieuses, la cellule s’engage à accompagner les réflexions issues de ce panel et à proposer, dans les mois à venir, des initiatives concrètes de renforcement de capacités, de mobilisation de ressources et de digitalisation des dahiras. Avec le soutien de ses partenaires, la Cellule Zawiya Tijaniyya réaffirme sa volonté de bâtir un avenir où spiritualité et développement marchent ensemble, pour le rayonnement de la Hadara.

Aux origines de la Ziarra générale
C’est un évènement qui grandit chaque année. La grande Ziarra générale de Tivaouane est un rendez-vous religieux que le 1er khalife de Maodo, Cheikh-Al Khalifa Serigne Babacar Sy (Rta), avait choisi pour symboliser le
renouvellement du pacte entre le disciple et le maître spirituel qui a en charge l’éducation spirituelle (tarbiyya), rappellent les responsables de la Cellule Zawiya Tijaniyya. Ils expliquent que «c’est donc pour perpétuer cette belle tradition que le Khalife général Serigne Babacar Sy Mansour a instruit sa famille, en relation avec l’ensemble des parties prenantes, notamment Dahi­ratoul Kiram, Dahiratoul Ahmadiyya et les fédérations, le Coskas, Dahiratul Muqta­fina, le Jumelage Seydi Jamil, Action Daraji, la Cellule Zawiya Tijaniyya, pour prendre toutes les dispositions nécessaires en vue de sa parfaite organisation».
Un important rendez-vous religieux initié depuis 1930 par l’illustre Serigne Babacar Sy Cheikh-Al Khalifa qui, en son temps, invitait les fidèles à faire leur ces cinq recommandations : «Sen diiné, sen tariqa, sen métier, sen dahira, sen yonu Tiwawon.» Voilà résumé tout le sens de cette commémoration qu’il avait choisie pour symboliser le renouvellement du pacte entre le disciple et le maître spirituel qui a en charge l’éducation spirituelle (tarbiyya). La Cellule Zawiya Tijaniyya, revenant sur l’historique de l’évènement religieux, de rappeler : «Dahiratoul Kiram est le premier dahira à être créé, en 1927, par le 1er khalife de Maodo, Cheikh-Al Khalifa Serigne Babacar Sy (Rta). C’est en 1930 qu’est née la volonté de ses talibés, autour de Dahiratoul Kiram, de consacrer une journée de l’année à un pèlerinage d’illumination, mais aussi de la bénédiction du khalife. A savoir la Ziarra qui offre à tous les adeptes une occasion de révérer deux principes fondamentaux dans le soufisme islamique : «l’allégeance (Moubaya) : Diayaneté» et «l’engagement (Aqd) : Kolëré».»

Il s’agit ici de l’école qui consacre l’éducation spirituelle comme essentielle dans la vie du musulman et qui nécessite à cet effet un face-à-face entre maître spirituel (shaykh tarbiya) et aspirant (murid) aux fins d’une initiation pour une élégance morale et un renoncement à tous les plaisirs égoïstes. Une occasion, pour la cité de Mawlana Cheikhal Hadj Malick Sy, un haut lieu d’absolution de péchés et de purification pour les disciples tidianes, de renouer avec la fièvre religieuse. A sa création, le premier dahira du Sénégal, en l’occurrence Dahiratoul Kiram, était uniquement composé de fonctionnaires et d’intellectuels sénégalais ayant reçu une éducation spirituelle avancée sous l’égide du khalife de la Tijanniya Cheikh Al Khalifa Abubakar Sy. C’est d’une vision cosmique des anges disciples de Seydina Sheikh Ahmad Tijani organisés en groupes que Serigne Babacar Sy s’inspira pour créer le nom de «Dahira».

Par Cheikh CAMARA – cheikh.camara@lequotidien.sn