La résurgence de l’abrogation de la loi d’amnistie oppose deux camps. Si la nouvelle opposition, à travers Mme Aïssata Tall Sall, croit dur comme fer que l’abrogation de cette loi ne sera pas simple, ce n’est pas le cas du pouvoir. Celui-ci, par le biais de Amadou Bâ, député nouvellement élu, pense le contraire.Par Amadou MBODJI
– L’installation officielle, aujourd’hui, des députés de la 15ème Législature intervient au moment où resurgit le débat sur l’abrogation de la loi d’amnistie. Ancienne ministre des Affaires étrangères et députée de la Coalition Takku Wallu, Aïssata Tall Sall avait abordé avec fermeté le projet d’abrogation de la loi d’amnistie. Elle estime cette possibilité comme une tâche qui sera loin d’être simple. «On dit qu’ils vont abroger la loi d’amnistie. On attend de voir. C’est facile à dire, mais beaucoup plus difficile à faire. Et je parle en connaissance de cause», a-t-elle déclaré.
Une position contre laquelle se dresse le député de Pastef Amadou Bâ. «Les crimes du régime de Macky Sall ne peuvent être couverts ni par l’immunité, ni par l’imprescriptibilité, ni par l’impunité», soutient Amadou Bâ. Avant de poursuive son argumentaire en parlant de «délits intangibles».
«Ce sont, pour le coup, des crimes et délits intangibles, car pouvant relever de ceux définis et punis dans le Statut de Rome sur la Cour pénale internationale et qui ne peuvent être couverts par aucune loi d’amnistie, d’amnésie ou d’immunité», fait savoir Bâ en réponse à la sortie de l’ex-Garde des sceaux Aïssata Tall Sall sur la loi d’amnistie. «Aucune loi d’amnistie ne pourra empêcher que les auteurs de ces crimes de masse échappent aux fourches caudines de la Justice», indique le député nouvellement élu de Pastef.
Il suffira, selon lui, de «sortir les rapports d’autopsie et de non-autopsie des 80 manifestants non armés, démontrant qu’ils ont été exécutés de façon coordonnée et grâce à des moyens de répression d’Etat, spécialement achetés à cette fin». Mais aussi, à l’en croire, de démontrer que «le procureur, le ministre de la Justice et le président de la République ont refusé ou empêché l’ouverture d’enquêtes, et ont précipité les enterrements pour cacher la vérité aux familles et d’établir que toutes les victimes (morts, blessés, emprisonnés, exilés) appartiennent à un même parti politique, et qu’elles étaient traquées sur l’ensemble du territoire de façon systématique».
Cette loi d’amnistie avait été votée au plus fort de la crise politique, avant l’élection présidentielle de mars dernier qui a abouti à l’avènement d’un nouveau régime incarné par le duo Bassirou Diomaye Diakhar-Ousmane Sonko.
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