L’agression dont a fait l’objet notre consœur Maïmouna Ndour Faye, a été condamnée par la classe politique, pouvoir et opposition confondus.Par Amadou MBODJI –

Le Premier ministre et candidat de la Coalition Benno bokk yaakaar (Bby) à l’élection présidentielle, Amadou Ba, s’indigne de l’agression contre la journaliste et patronne de la chaîne privée de télévision 7Tv, Maïmouna Ndour Faye. Présidant le Conseil interministériel sur l’évaluation et la définition des priorités des politiques de promotion et de soutien aux femmes hier, le chef du gouvernement condamne le traitement dont a fait l’objet la directrice de la 7Tv, «sauvagement agressée» dans la nuit du jeudi au vendredi en revenant d’une émission politique qu’elle animait. Le Premier ministre et candidat à la Présidentielle a formellement indiqué, dans son discours d’ouverture, que des dispositions sont déjà prises pour traquer et traduire en Justice les auteurs de cet acte. «Conformément aux instructions du chef de l’Etat, toutes les dispositions sont prises pour que la lumière soit faite. D’ores et déjà, les Forces de défense et de sécurité, toutes les administrations compétentes en matière d’enquête, sont déployées pour que l’auteur ou les auteurs soient traduits en Justice», a annoncé le Premier ministre.

Le Directoire de campagne du candidat Amadou Ba avait, auparavant, condamné cette agression. Non sans  engager «tous les démocrates et républicains à rester plus que jamais vigilants pour extirper la violence et les fauteurs de violence de l’espace démocratique, qui n’est compatible qu’avec le débat d’idées dans le respect des règles de l’Etat de Droit».

Les autres acteurs de la classe politique ont également condamné cette agression. C’est le cas de la Ligue démocratique (Ld),  qui dit être «profondément consternée par cet acte de violence odieux». Ce parti politique, membre de la majorité présidentielle, exprime «sa solidarité et son soutien indéfectible à la journaliste, à sa famille et à toute l’équipe de la 7Tv, en cette période difficile». Réaffirmant «son attachement à la liberté de la presse», la Ld rappelle que «ce principe est un pilier fondamental de toute démocratie». C’est sous cet angle que ce parti considère que «toute attaque contre les journalistes constitue une atteinte directe à la liberté d’expression et aux valeurs démocratiques que le parti défend». «Une enquête approfondie et diligente sur cette agression» est ce que réclame la Ld. Le parti  exige, par ailleurs, que ceux qui en sont les auteurs soient traduits en Justice une fois démasqués. Réaffirmant son engagement dans le combat en faveur de la liberté de la presse, la Ld s’engage à toujours lutter «contre toutes formes de violence et d’intimidation à l’encontre des professionnels des médias».

Vantant le «professionnalisme de MNF», la Ld soutient que la journaliste anime «une émission de haute facture, à très large audience, où des acteurs politiques de tous bords sont invités». «Ainsi, MNF offre une tribune précieuse aux partis politiques et à tous les leaders d’opinions», déclare la Ld dans un communiqué. Président du mouvement «Gueum sa bopp», Bougane Guèye Dany condamne cette agression. Il soutient : «Ils ont osé lever la main sur MNF.» «Ils viennent de franchir le Rubicon pour donner un signal fort à tous ceux qui s’opposent à leur funeste projet d’installation du chaos au Sénégal. Il est clair que les lâches auteurs de cette agression cynique ont voulu rééditer l’assassinat ignoble de Norbert Zongo et le meurtre raté à Bamako du journaliste Saouti Haïdara», déclare le patron du groupe de presse privé D-Média. Une transition trouvée pour parler du projet de loi d’amnistie que cherche à faire voter à l’Assemblée nationale le chef de l’Etat. Une initiative du gouvernement dont Bougane Guèye Dany remet en cause la pertinence. «Si au Burkina et au Mali, des enquêtes ont tenté d’élucider ces actes lâches et inhumains, au Sénégal, la classe politique veut nous imposer, légalement, une amnistie pour réserver un enterrement de première classe à tous les crimes entre 2021 et 2024. L’agression de Maïmouna doit faire réfléchir. Elle doit obliger le Président Macky Sall et tous les députés à rejeter le projet de loi portant Amnistie générale sur les faits liés aux manifestations politiques», argumente le leader du mouvement «Gueum sa bopp». «Face à une classe politique de plus en plus violente où l’intolérance est érigée en règle», note le patron de D-Média, «voter une amnistie revient à cautionner un génocide en téléchargement et tailler une immunité pour les politiciens professionnels». Candidat à l’élection présidentielle, Thierno Alassane Sall (TAS) a réagi à l’agression de MNF en rappelant un fait. «MNF a souvent prévenu qu’elle était menacée, on ne l’a pas prise au sérieux. Elle-même a pris, sans doute, l’affaire à la légère ou, peut-être, n’a-t-elle pas vu changer le pays où nous vivons. Le Sénégal, naguère un pays de dialogue, de tolérance, où l’impertinence était chez elle, se transforme, sous nos yeux, en un pays où l’intolérance se propage et s’exprime par une violence désormais amnistiée et libérée», déplore TAS.

«MNF est la dernière victime d’une série loin d’être épuisée. Nous sommes nombreux à nous savoir menacés et à ne sortir que bien entourés. Ce qui rend l’agression contre MNF intolérable, c’est non seulement le modus operandi odieux, mais la cible choisie. MNF est l’incarnation de l’impertinence, du courage, de la liberté… L’une des rares à poser des questions qui fâchent à tous. Et à rire de tout», ajoute Thierno Alassane Sall. La Coalition «Diomaye Président», pour sa part, se joint au concert de dénonciations de l’agression de la directrice de la chaîne privée 7Tv pour la condamner. Elle demande aux autorités compétentes de prendre les mesures nécessaires pour élucider les circonstances de cette affaire et de veiller à ce que justice soit faite.

Ces proches du candidat Diomaye Faye ont aussi appelé solennellement l’Etat à garantir le respect de la liberté de la presse et d’expression. Mais également prôné un renforcement de la sécurité et de la protection des journalistes, nationaux et étrangers, qui sont souvent cibles de violences verbales et physiques.
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