Thierno Bocoum, président d’Agir, salue la décision du nouveau gouvernement de réduire les coûts des denrées de première nécessité. Il en a profité pour faire une piqûre de rappel aux nouvelles autorités afin de leur éviter les difficultés rencontrées par le régime sortant en appliquant les mêmes mesures.Par Amadou MBODJI –

Leader du mouvement Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (Agir), Thierno Bocoum magnifie la réduction des prix de certaines denrées de première nécessité décidée par le nouveau gouvernement. Mais, le politicien met du bémol par rapport à cette mesure en pensant que si des mesures étatiques adaptées ne sont pas prises, les prix pourraient de nouveau grimper.

«Une baisse des prix, aussi minime soit-elle, n’est jamais négligeable. 1 franc de plus vaut mieux qu’1 franc de moins dans la poche des goorgoolous.»
«Nous encourageons et soutenons toute initiative visant à réduire significativement le coût de la vie. Cependant, il est important de noter que des réductions de prix (baisse d’autorité) non compensées par des mesures étatiques ont souvent conduit à des phénomènes de spéculation et à une hausse des prix», prévient Thierno Bocoum.

Pour s’en convaincre, le président d’Agir d’utiliser la machine à remonter le temps pour en extirper des exemples. «Par exemple, en novembre 2022, suite aux 11 décisions de baisse des prix des produits et services de consommation courante prises par le Président Macky Sall lors du Conseil national spécial de la consommation, le ministère du Commerce, de la consommation et des petites et moyennes entreprises avait fixé le prix homologué du riz brisé ordinaire à 325 F Cfa le kilogramme. Aujourd’hui, malgré la réduction de 40 F Cfa prévue par les autorités actuelles sous l’égide du président de la République Bassirou Diomaye Faye, le prix reste supérieur à celui homologué il y a un peu plus d’un an, s’élevant à 410 Fca», rappelle M. Bocoum. «Il s’y ajoute», souligne-t-il, que «le maintien du prix sera tributaire de facteurs exogènes liés à l’évolution du marché des pays exportateurs». «A noter également, et en attendant l’arrêté portant homologation, que le plus souvent certains prix fixés sont majorés d’un différentiel de transport dans les régions à l’intérieur du pays. Ce qui va encore réduire la petite marge chez certains compatriotes et les prix seront plus chers à l’intérieur du pays qu’à Dakar», analyse le leader d’Agir.  «Les autorités sénégalaises doivent agir rapidement, comme promis, en mettant en œuvre des réformes structurelles pour augmenter l’offre de manière massive et endogène. Elles doivent donc se concentrer sur la mobilisation des ressources pour soutenir des stratégies de réformes structurelles visant l’autosuffisance alimentaire», recommande-t-il.

«Pour être en conformité avec leurs promesses», les autorités doivent commencer par supprimer les nombreuses caisses noires ainsi que certaines agences et directions inutiles qui forment des doublons avec d’autres et dont le maintien a été, malheureusement, acté par l’actuel président de la République, Bassirou Diomaye Faye, dans le décret n°2024-940 portant répartition des services de l’Etat et du contrôle des établissements publics, des sociétés nationales et des sociétés à participation publique entre la présidence de la République, la Primature et les ministères. «Ces mesures auraient permis de réduire le train de vie de l’Etat, de créer des ressources additionnelles pour mettre en branle une politique structurelle devant conduire à une baisse conséquente et définitive de certains produits de première nécessité», fait-il savoir. «Une loi de finances rectificative s’impose», selon Thierno Bocoum, «pour mieux réorienter les ressources de notre pays vers la satisfaction des besoins des populations qui croulent sous le poids de la vie chère, et ainsi répondre efficacement aux promesses faites aux populations». «Dans ce contexte d’une économie extravertie, l’Etat sénégalais doit tenir compte à la fois des importateurs et des fournisseurs qui assurent la pérennité des produits, mais aussi des consommateurs, en attendant de créer les conditions d’une solution endogène», mentionne Thierno Bocoum.

«La pression fiscale et les diminutions d’autorité des prix auront pour conséquence de désintégrer le secteur formel de notre pays qui risque de se verser dans l’informel ou de mettre la clé sous le paillasson», souffle-t-il.
«Nous nous félicitons, par ailleurs, de la suppression de la parafiscalité sur le ciment», note Bocoum, avant de dire : «Aider chaque Sénégalais à avoir un toit en réduisant les coûts de construction est une priorité majeure.»
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