Devenu professionnel sur le tard, Cheikh Ndoye est retourné en 3e division française avec Red Star pour rebondir, après une grave blessure au genou, contractée en 2019. A 35 ans, le milieu de terrain tire un premier bilan de sa carrière. L’international sénégalais égrène ses expériences avec fierté. Et ne compte pas s’arrêter là.
Quand il entre dans le club house du stade Bauer, l’atmosphère prend tout de suite de l’épaisseur. Du haut de son mètre quatre-vingt-treize qu’il ne redresse qu’après avoir passé la porte, Cheikh Ndoye sourit, décontracté. Malgré son statut d’international et son expérience en première division française (Ligue 1), il sait qu’il n’y a pas de place pour les stars à Saint-Ouen, club de la région parisienne. «Je viens et je me mets au boulot. Quand je dois parler je parle, sinon je me comporte comme un être humain normal.» L’humilité et le goût du travail, deux qualités qui ont forgé la carrière du Sénégalais.
Milieu défensif
et buteur
Formé à Yakaar au Sénégal, Cheikh Ndoye débarque en France le 25 septembre 2009, à 23 ans, et s’engage avec Epinal, en quatrième division (Cfa) : loin d’une vie rêvée de footballeur professionnel. Cette saison-là, le milieu défensif inscrit 11 buts en Cfa et permet au petit club des Vosges de monter en troisième division (National). Douze ans plus tard, le Sénégalais a gardé tout son sens du but. Cinq unités à son compteur déjà cette saison sur les 25 marquées par le Red Star en championnat. Mais là aussi, Cheikh Ndoye évacue les louanges : «Ce n’est pas quelque chose de nouveau pour moi, mais je ne me fixe pas comme objectif de marquer chaque week-end, car ce n’est pas mon rôle.»
Cette faim de victoire, couplée à son expérience du haut niveau, font du Sénégalais un des leaders du vestiaire audonien. Mais pas seulement.
L’importance
du vestiaire
«Selon moi, je suis un leader naturel, lance un brin bravache Cheikh Ndoye. Quand j’arrive sur le terrain, j’ai cette habitude de parler avec tout le monde.» Son ouverture aux autres et son goût du partage ont joué un rôle déterminant dans son arrivée au Red Star… La greffe a pris rapidement avec ses coéquipiers également. «La vie d’un groupe, c’est le vestiaire, pose Cheikh Ndoye. Tous les clubs où je suis passé, Epinal, Créteil, Angers, c’est pareil.» Dans celui du Red Star, l’international diffuse sa joie, son exigence et son expérience.
«Une finale de Coupe de France, ça n’arrive qu’une fois»
Des éléments qui pèsent cette saison. Le Red Star se bat pour la montée en deuxième division (Ligue 2), mais vit surtout un beau parcours en Coupe de France. Après avoir éliminé Lens en seizièmes de finale, les Audoniens ont tiré un autre club de Ligue 1 pour les huitièmes. Et pas n’importe lequel : l’Olympique Lyonnais… Il peut en témoigner. 27 mai 2017, Stade de France. Finale de Coupe de France. 0-0 à l’orée du temps additionnel. Au courage, Angers résiste au Paris Saint-Germain pour la deuxième finale de son histoire, soixante ans après une défaite face à Toulouse. Sur un ultime corner de Di Maria, le malheureux Issa Cissokho dévie le ballon dans ses propres filets. L’occasion est manquée, mais Ndoye retient «une belle expérience».
«Le Sénégal fait partie des favoris»
Des aventures en coupe, Cheikh Ndoye en a connu d’autres. Lors de la Can 2017, le Sénégal s’arrête en quarts, défait aux tirs aux buts par le Cameroun. En 2018, au Mondial russe, l’histoire est plus courte. A égalité parfaite avec le Japon, le Sénégal est éliminé au nombre de cartons, une première. Mais «je suis fier de moi, d’avoir représenté dignement mon pays à une Coupe du monde», retient-il. S’il n’a plus rejoué avec sa sélection depuis sa rupture des ligaments croisés, le milieu audonien veut encore croire à sa présence au Cameroun pour la prochaine Can, où «le Sénégal fait partie des favoris», selon lui. «Dans tous les grands clubs, il y a un Sénégalais. J’espère que le Sénégal va remporter cette Coupe d’Afrique que tout le pays attend depuis l’indépendance.»
Venu au Red Star pour rebondir, Cheikh Ndoye assure ne pas penser à la retraite. Mais il peut sereinement se retourner sur sa carrière. Le «gamin qui rêve de jouer une Coupe du monde» mesure la chance qu’il a eu de vivre un tel parcours. «Je suis entré dans le monde professionnel un peu tard, vers 26-27 ans. Quelqu’un qui débute sa carrière comme ça, qui fait une Coupe d’Afrique et une Coupe du monde, qui a joué en Ligue 1 et en Ligue 2, qui a été capitaine… Je suis fier de moi-même.»
Avec Rfi.fr