La Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme) exhorte la Cedeao à reconsidérer les sanctions infligées à la République du Mali et invite les autorités militaires de ce pays à organiser des consultations politiques les plus inclusives possible, afin de déterminer des propositions raisonnables pour une sortie de crise.Par Khady SONKO
– La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) exprime sa vive solidarité au Peuple malien, durement éprouvé par des crises multiformes auxquelles s’ajoutent les sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) contre ce pays membre.
Bien qu’attachée aux textes de la Cedeao et à des institutions sous-régionales au service exclusif des peuples, la Raddho insiste à travers un communiqué, sur la nécessité de rejeter toute rupture de l’ordre constitutionnel ou prise du pouvoir par la force. L’organisation africaine rappelle également aux acteurs de la crise malienne que sa résolution rapide passe par un retour à une vie constitutionnelle normale, le retour des militaires dans leurs casernes et le dialogue entre les fils et filles du Mali, pour ramener la paix et la sécurité dans ce pays à l’histoire millénaire, qui a donné à l’Afrique sa première Constitution politique.
Elle recommande aux autorités militaires du Mali d’organiser des consultations politiques les plus inclusives possible, afin de déterminer des propositions raisonnables pour une sortie de crise et qui permettront la levée rapide desdites sanctions.
A la Cedeao, la Raddho invite à reconsidérer les sanctions, afin d’atténuer leur impact sur les populations déjà durement éprouvées. Aussi, les protagonistes sont conviés à renouer les fils du dialogue, afin de trouver une issue heureuse à cette crise dans les meilleurs délais.
Quant aux souteneurs des deux camps, il leur est demandé de savoir raison garder, là où les organisations régionales et internationales sont appelées à intervenir promptement pour aider à un retour rapide de l’ordre civil et constitutionnel, dans la paix et le respect des engagements des autorités maliennes.
La Raddho encourage la Société civile africaine à proposer ses services et travailler à un rapprochement des positions, en vue d’une issue heureuse.
Lors de sa dernière Session extraordinaire du 9 janvier 2022 à Accra, en République du Ghana, consacrée, en grande partie, à l’examen du chronogramme révisé de la Transition proposée par le gouvernement militaire du Mali, la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao a rejeté le plan qui lui a été présenté et alourdi les sanctions qui pesaient déjà sur la République du Mali, en décidant notamment de la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les pays de la Cedeao et le Mali, à l’exception des produits alimentaires de grande consommation, des produits pharmaceutiques, des matériels et équipements médicaux, y compris ceux pour la lutte contre le Covid-19, des produits pétroliers et de l’électricité.
S’y ajoutent le gel des avoirs de la République du Mali dans les banques centrales de la Cedeao, le gel des avoirs de l’Etat malien et des entreprises publiques et parapubliques dans les banques commerciales des pays de la Cedeao et la suspension de toute assistance et transaction financières en faveur du Mali par les institutions de financement de la Cedeao, particulièrement la Bidc et la Boad.
Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont également inquiétés de la présence possible sur le territoire malien d’agents de sécurité privée, pour suppléer l’Armée malienne dans l’accomplissement de ses fonctions régaliennes qui pourrait, selon eux, avoir un impact potentiellement déstabilisateur pour les Etats de la région.
«L’impact de ces mesures, par leur sévérité, est énorme et risque de peser lourdement sur la vie quotidienne des Maliens déjà affectés par une situation sécuritaire et économique difficiles. D’autant que les Chefs d’Etat et de gouvernement ont conditionné la levée graduelle des sanctions, à l’adoption d’un chronogramme acceptable», déplore la Raddho dans son communiqué.
Réagissant à la décision de la Cedeao, le gouvernement malien a condamné ces sanctions qu’il considère comme «illégales, illégitimes et inhumaines» et qui vont «affecter les populations, déjà durement éprouvées par la crise sécuritaire et sanitaire».
Tout en appelant à la solidarité et l’accompagnement des pays et institutions amis, et en invitant les populations au calme et à la retenue, le gouvernement malien s’est désolé de «l’instrumentalisation de l’organisation régionale par des puissances extrarégionales aux desseins inavoués» et s’est réservé le droit de tirer toutes les conséquences de l’attitude hostile de la Cedeao à son égard.
ksonko@lequotidien.sn