Le Sames (Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal) décrète un sit-in silencieux de 15 minutes dans toutes les structures de santé le 17 mai 2021. Après avoir chargé l’Etat dans l’affaire de l’incendie de l’hôpital Maguette Lô de Linguère, le syndicat réclame la tenue d’une enquête «impartiale».Par Mamadou SAKINE –

Le Sames (Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal) menace, après l’ouverture de l’information judiciaire contre l’ex-directeur de l’hôpital Magatte Lô de Linguère et deux autres agents pour «homicide involontaire présumé» après la mort de 6 nourrissons, lors d’un incendie de l’unité de néonatalogie. Le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal prévient qu’il «ne regardera pas passivement les agents de santé être conduits inéluctablement vers l’échafaud. Nous allons nous battre, car seule la lutte libère». Ainsi, l’organisation syndicale décrète un sit-in silencieux de 15 minutes dans toutes les structures de santé le 17 mai 2021. En effet, le Sames estime que «dans cette affaire, aussi bien les humeurs du ministre de la Santé que le communiqué du Parquet sonnent comme un réquisitoire à charge contre les agents de santé avec des biais dans l’enquête que le petit juriste de première année ne se serait permis. Sinon, comment comprendre que la Senelec, avec ses délestages et ses surcharges de tension intempestives, soit considérée comme experte dans ce dossier ?».
Alors le Sames déclare son soutien «indéfectible» aux agents de santé de l’hôpital Maguette Lô de Linguère. Mais surtout, il demande la tenue d’une enquête «impartiale» avec de véritables experts indépendants, mais non des «pseudo-experts mouillés jusqu’au cou».
Tirant déjà les conclusions de cette affaire, il estime que la mobilisation des différentes composantes du monde médical est due au fort sentiment d’injustice face à une cabale contre d’honnêtes agents de santé dont le principal tort a été d’avoir travaillé sans les moyens, ni le personnel requis. «Comme on aurait aimé disposer de ces couveuses flambant neuves, de ces agents fraîchement affectés pour sauver ces enfants ! Mais non, c’est au lendemain de l’accident que, comme par miracle, tout ce qui a été demandé à corps et à cris par l’administration de l’hôpital est devenu disponible», fustige le Bureau exécutif national du syndicat. Celui-ci considère donc que l’Etat du Sénégal est responsable de tout accident survenant dans un service public et doit prendre en charge correctement les familles des victimes.
Pour le Sames, la perte de ces jeunes êtres doit servir de leçons et attirer l’attention sur les risques d’un système de santé dépassé.
Par ailleurs, le Sames dénonce «le traitement discriminatoire» des ressources humaines au ministère de la Santé. Selon le syndicat, au moment où il est servi des mises en demeure à deux gynécologues qui ont des dossiers médicaux en bonne et due forme, plusieurs agents qui ont soutenu leur thèse en 2020 ont été affectés directement à Dalal Jamm, d’autres qui n’ont pas rejoint leur poste depuis 2014 n’ont subi aucune mesure administrative. Les syndicalistes dénoncent ce qu’ils qualifient de «deux poids deux mesures» qui, à leurs yeux, est la cause réelle de l’absence de spécialistes dans les régions reculées.
Ils ajoutent que «cette tentative d’ostracisation des agents de la santé dans leur propre ministère ne passera pas, à moins que ces succédanés de médecins puissent opérer les cas chirurgicaux, réanimer des comas, effectuer des pontages sur des infarctus, j’en passe».
msakine@lequotidien.sn