Les patients vont vivre un calvaire dans les structures de santé du pays. Les travailleurs de la santé ont décrété, ce jeudi, une grève générale pour protester contre le manque d’équité dans l’affaire Astou Sokhna.Par Dieynaba KANE

– Ce jeudi sera une journée difficile pour les usagers des structures de santé du pays. Les travailleurs de la santé ont décidé d’observer une grève générale aujourd’hui pour protester contre la façon dont l’affaire Astou Sokhna est en train d’être gérée. Ils comptent juste s’occuper des urgences et assurer le service minimum. Le Collectif des travailleurs de la santé et de l’action sociale, qui regroupe, entre autres, le Sames, le Syndicat des travailleurs de la santé, le Syndicat autonome de la santé, le Syndicat des travailleurs de la santé des collectivités locales, l’Association nationale des sages-femmes d’Etat du Sénégal, dénonce «le manque d’équité». Dans une dépêche de l’Aps, il est noté que le porte-parole de ce collectif et Secrétaire général du Sames a demandé «aux agents des différents syndicats de travailler main dans la main pour lutter contre le manque d’équité (…) de l’Etat au détriment des agents de santé». Amadou Yeri Camara et ses camarades, qui étaient en conférence de presse hier, ne veulent pas que les agents de la santé soient voués aux gémonies. Dans ses propos, le Secrétaire général du Sames soutient : «La durée de la lutte dépendra du (…) traitement de cette affaire Astou Sokhna et de celui de nos plateformes revendicatives par l’Etat du Sénégal. Nous nous battrons pour [le respect de] nos droits, notre dignité et le respect de notre noble métier.» Dans la même veine, il a dénoncé l’attitude des autorités depuis l’éclatement de cette affaire. «Au lieu de mener des enquêtes impartiales et de prendre des mesures conservatoires, les autorités se précipitent pour tenir le personnel de santé coupable de négligence», a-t-il fustigé. Et Dr Camara d’ajouter : «C’est une manière d’attiser le feu et d’apeurer le personnel de santé, qui pourrait devenir fragile.» Le Secrétaire général du Sames a également déploré le placement sous mandat de dépôt de quatre des six sages-femmes accusées de négligence. D’après lui, «le parquet vient de commettre une (…) forfaiture en plaçant sous mandat de dépôt quatre des six sages-femmes accusées, dont deux sont enceintes et l’une atteinte de cardiopathie». Mardi, quatre sages-femmes de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye ont été placées sous mandat de dépôt pour non-assistance à personne en danger, à la suite du décès de Astou Sokhna survenu le 1er avril dans cet établissement public de santé. Cette dernière, arrivée au terme de sa grossesse, avait été admise à la maternité de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga le 31 mars dernier, où elle va décéder en couches plusieurs heures après son arrivée. Les sages-femmes poursuivies seront jugées le 27 avril devant le Tribunal des flagrants délits de Louga. Le ministre de la Santé et de l’action sociale, suite à des missions effectuées par son département après le drame, a tenu une conférence de presse lors de laquelle il a fait savoir que la mort de Astou Sokhna est «un décès maternel évitable». Après ce constat, le gouvernement a pris des mesures administratives comme le limogeage du Directeur général de l’hôpital et la suspension des 8 employés qui seraient impliqués dans le décès de la dame. Des décisions qui ont provoqué la colère des travailleurs de la santé, qui protestent contre le manque d’équité dans cette affaire.
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