Réaction – Levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom : Modou Diagne se joint au concert de dénonciation

Modou Diagne Fada, président du parti Les démocrates réformateurs/Yeesal (Ldr/Yeesal), fustige la démarche entreprise pour lever l’immunité parlementaire du député Farba Ngom. Il y voit une politisation de cette affaire en parlant de «justice des vainqueurs». C’est ainsi qu’il prône que des réformes ou des corrections soient apportées sur la loi régissant la Centif pour permettre aux mis en cause de se défendre. Par Amadou MBODJI –
Modou Diagne Fada, président du parti Les démocrates réformateurs/Yeesal (Ldr/Yeesal), ne croit pas à la rupture tant théorisée par les tenants du pouvoir. L’ancien ministre des Collectivités territoriales sous Macky Sall estime que les responsables du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) ont adopté la même approche que celle de leurs prédécesseurs avec la radiation de Barthélemy Dias et la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom.
«On se rend compte que c’est une répétition de l’histoire. Et bien avant 2000, d’ailleurs, le Sénégal a connu cela, du temps du régime de Abdou Diouf. Sous Macky Sall aussi, des députés, d’éminentes personnalités de l’opposition d’alors, ont vu leur immunité parlementaire levée. On espérait qu’avec la rupture tant vantée qu’on n’en serait pas encore là. On se rend compte qu’en l’espace de deux mois, un député a été radié et un autre a vu son immunité parlementaire levée. Et on ne sait pas combien ils seront avant la fin de la législature», s’est fendu Modou Diagne Fada lors de l’émission «Le Grand Jury» sur la Rfm, hier dimanche.
L’ancien ministre de la Santé et de la prévention sous le régime du Président Abdoulaye Wade voit, dans la démarche du pouvoir, une politisation de l’affaire du député Farba Ngom. Pour s’en convaincre, il déclare qu’aucun dossier n’a été soumis à l’appréciation des députés avant la levée de l’immunité parlementaire du proche de Macky Sall. «Quand vous demandez à une institution aussi sérieuse, composée d’honorables députés, vous devez leur accorder de la considération et leur remettre toute la documentation nécessaire pour leur permettre de juger en toute conscience la situation. Mais on ne peut pas envoyer trois, quatre lettres dans lesquelles on rappelle des numéros de rapport, des numéros de dossier, sans pour autant que le dossier lui-même ne soit transmis à l’Assemblée nationale», fait-il savoir. Diagne Fada donne ainsi raison aux députés du Groupe parlementaire Takku Wallu et évoque «une procédure biaisée» par «une majorité mécanique» de Pastef. C’est sous ce rapport que l’ancien Dg de la Sonacos parle de «justice des vainqueurs» en s’en offusquant. Il déclare dans la foulée que si ceux qui ont le pouvoir s’en prennent à ceux qui l’ont perdu, ça «peut nous ramener très loin».
Le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, selon lui, «sont accusés par une frange de l’opposition de procéder à des règlements de comptes avec les anciens tenants du pouvoir».
Revenant sur la Centif, Modou Diagne Fada dira que des réformes s’imposent à cette structure de l’Etat pour, dit-il, permettre à toute personne incriminée de pouvoir se justifier.
«Dès l’instant que vous faites une enquête sur une personne, l’enquête doit être contradictoire», plaide Diagne Fafa. Considérant que si des réformes ne sont pas prévues pour les textes de la Centif, l’ancien patron de la Sonacos pense qu’il faut bien apporter des corrections pour permettre à la Centif, au moins, d’entendre les mis en cause.
Avant qu’il ne souligne que nous sommes au Sénégal où dès l’instant qu’on est en train d’enquêter sur une personne, «pour l’opinion, la personne a tort». «Dès l’instant qu’on dit qu’il est placé sous mandat de dépôt, il est coupable. Alors que la détention préventive n’a rien à voir avec la culpabilité d’une personne», glisse-t-il.
Malgré le boycott des députés de la Coalition Takku Wallu, l’Assemblée nationale avait voté majoritairement, vendredi dernier, la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom. Désormais, le maire des Agnam devra faire face à la Justice pour répondre des faits qui lui sont reprochés par le Pool judiciaire financier dans l’affaire présumé de blanchiment d’argent d’un montant de 125 milliards de nos francs.
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