Les déclarations du leader de Ag/Jotna sont jugées tirées par les cheveux par tous les spécialistes. L’avocat doit faire des efforts pour convaincre.Par M. GUEYE – Me Moussa Diop, juriste de son état, a besoin de plus d’explications pour convaincre le public de la fiabilité des «informations»
qu’il a balancées à la presse sur le deal portant sur le diamant sénégalais. Des personnes interrogées hier par le journal Le Quotidien n’ont pas manqué de relever la légèreté des accusations de l’ancien Dg de la société Dakar dem dikk et néo-opposant au pouvoir de Macky Sall.
Certains ont commencé par relever que, s’agissant de la période citée, M. Aly Ngouille Ndiaye n’était déjà plus ministre de l’Energie et des mines, le poste étant passé sous l’autorité de Thierno Alassane Sall. Aly Ngouille était devenu ministre de l’Industrie, «et ne pouvait donc plus signer un document sous le titre de ministre de l’Energie et des mines».
Cette première incohérence notée, l’ancien directeur des Mines, Ousmane Cissé, en dévoile d’autres. Ce spécialiste, qui a occupé ces fonctions de 2011 à 2019, explique que «dans ce pays, seuls deux permis de recherche de diamants ont été accordés, le premier le 19 janvier 2016, pour une durée de 3 ans ; et le second en 2018. Et ces deux permis ont été délivrés à des Sénégalais bon teint». Il ajoute que les rapports de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) concernant les périodes en cause, parlent de ces permis, et donnent les noms des entreprises bénéficiaires. Et pour finir, l’ancien directeur des Mines relève que les 2 permis se sont avérés infructueux.
Mieux encore, Ousmane Cissé souligne qu’à sa connaissance, à ce jour, il n’y a aucun site d’extraction de diamants dans ce pays. A la suite d’autres témoignages, M. Cissé indique que la seule pépite trouvée à ce jour dans ce pays, l’a été dans les années 1970, sur les rivages de la Falémé. Les recherches effectuées avaient abouti à la conclusion qu’elle devait avoir suivi le courant depuis le Mali voisin. Jamais après, aucune autre trace n’a plus été trouvée.
D’autres interlocuteurs ont mis l’accent sur la formulation des lettres citées par M. Diop. Un ancien membre du service du protocole de la Primature souligne qu’il est «impensable que, dans un document officiel, le président de la République s’adresse à un partenaire, en lui donnant du «Cher Collaborateur». Des familiarités de ce type ne se font pas dans un courrier officiel de la Présidence».
Un autre observateur conclura en déclarant que, «si le Président veut recevoir quelqu’un en secret, il n’a pas besoin d’aller jusqu’à un hôtel à Paris. Il suffirait de le faire entrer discrètement au Palais, et peu de personnes seraient au courant».
Aly Ngouille dément
Aly Ngouille Ndiaye dément les accusations de Me Moussa Diop. La cellule de communication de sa coalition indique : «Le Président Aly Ngouille Ndiaye rejette fermement ces allégations infondées contre sa personne.» L’ancien ministre soutient aussi que les lettres mentionnées par Me Diop «sont inexistantes et ne sont qu’une pure imagination de ses auteurs». «La terminologie «autorisation d’exploration» ne figure pas dans le Code minier du Sénégal de 2003 et celui de 2016. Les termes consacrés sont autorisation de prospection et permis de recherche», ajoute-t-on, non sans renvoyer aux rapports de l’Itie de 2016, 2017 et 2018.
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