Réactions – Paiement des primes : Les athlètes bénéficiaires approuvent, mais…

Les athlètes concernés par les primes de 2007 espèrent que cette fois-ci ce sera la bonne. Le Quotidien a accroché quelques bénéficiaires qui attendent de toucher l’argent avant d’y croire.Recueillis par Woury DIALLO
– Kène Ndoye, athlète : «J’espère que cette fois-ci, ils vont respecter leur engagement»
«J’ai reçu la nouvelle ce matin. C’est une bonne nouvelle. En tout cas, ce serait vraiment réconfortant, si le ministre des Sports tient sa promesse parce que cela fait des années qu’on attend ces primes. Cela a trop duré. On a tout fait, tout dit, sans que rien ne se fasse. On a mené toutes les batailles possibles pour rentrer dans nos fonds. J’étais à Dakar l’année dernière (alitée, elle est présentement en Italie), il y avait des promesses. Comme je l’ai dit, il y a beaucoup de personnes qui attendent ces primes. Et honnêtement, ça leur permettra de réaliser certaines choses. Il y a une nette différence entre ce qu’on te donne et ce que tu as mérité. J’espère que cette fois-ci, ils vont respecter leur engagement.»
Isabelle Sambou, lutteuse : «Il y a eu tellement de promesses»
«Tout ce que je peux dire est que c’est quelque chose qu’on attend depuis des années. Il y a eu tellement de promesses. J’espère que cette fois-ci sera la bonne. On prie pour que cette fois-ci la promesse soit tenue et qu’on puisse rentrer dans nos fonds. On ne peut qu’attendre et prier pour qu’enfin cela se réalise. Que ceux qui sont en charge du dossier prennent la bonne décision et passent à l’acte. On a longtemps attendu et ce serait vraiment une bonne chose que cette affaire soit réglée une bonne fois pour toutes.»
Mamadou Guèye, athlète
«Jusqu’à la fin de ma carrière, je n’ai jamais touché une prime»
«Jusqu’à la fin de ma carrière, je n’ai jamais touché une prime venant du ministère. A l’exception des perdiems qu’on recevait en Equipe nationale. J’ai démarré ma carrière professionnelle en 2009 et j’ai raccroché en 2017 pour m’occuper d’autres choses. C’est un dû qu’ils doivent aux athlètes, certains ne sont plus là. Il y a des amis du karaté ou du taekwondo ; et il y a une dame qui a rendu l’âme il y a deux ou trois ans. C’était une amie. C’est une dame qui a eu pas mal de médailles et qui a beaucoup donné pour son pays. C’est frustrant d’entendre ce genre de situation. C’est difficile. Je lance un message à l’Etat, au ministère des Sports, de penser aux sportifs, de savoir que la plus grosse motivation, c’est celle qui vient des gouvernants, de l’Etat sénégalais. Cet argent, il est vrai, ne peut pas changer notre vie. C’est juste en guise de reconnaissance. Ce que je gagne dans mon boulot, c’est 1000 fois plus que ces primes. A un moment donné, on a même envie de tourner la page de ces primes. Mais il y en a qui en ont besoin fortement. C’est pour cela d’ailleurs, qu’il est difficile de rester longtemps dans le milieu du sport. J’ai raccroché à 30 ans. J’ai eu beaucoup de médailles, j’ai été capitaine de l’Equipe nationale d’athlétisme du Sénégal. J’ai raccroché avec une médaille d’argent aux Jeux de la Francophonie en 2017. J’étais en forme, mais j’ai préféré tourner la page et continuer mes études aux Etats-Unis. Je suis devenu chef d’entreprise. Si on avait reçu ces primes, on allait les investir sur nous-mêmes, alors qu’on était des athlètes.»
Fatou Diabaye, athlète
«Ce n’est pas la première fois qu’ils annoncent le paiement des primes…»
«Ce serait une bonne chose. Maintenant, j’attends de voir si la promesse sera tenue. Ce n’est pas la première fois qu’ils annoncent le paiement des primes mais les engagements ne sont jamais respectés. De 2007 à nos jours, c’est la même chanson. Ils ne savent même pas dans quelles conditions psychologiques l’athlète se prépare pour aller décrocher une médaille. C’est très difficile. Et quand on voit comment on traite les autres disciplines, comme le football, on se pose des questions. Pourtant, quand on parle de titre continental, mondial ou olympique, on cite les athlètes. Ce n’est certes pas comparable en termes de visibilité, mais une médaille reste une médaille. On mérite plus de considération. J’ai été athlète et j’ai arrêté en 2017 avant de devenir coach. Avec tout ce qu’on a apporté au Sénégal, ce n’est ni maison ni voiture, aucune reconnaissance. On va encore attendre.»
wdiallo@lequotidien.sn