Mariama Sylla Faye cinéaste productrice : «Nous nous retrouvons avec des maires incultes»

Je suis venu soutenir la direction de la cinématographie pour qu’on puisse retrouver nos droits. Le Sénégal est le pays de Senghor, et Senghor nous avait promis que la culture serait au centre de tout. Et 20 ans, 30 ans, 40 ans après, on se rend compte que la culture n’est pas au centre de tout. On se retrouve avec des maires incultes qui ne comprennent pas que la culture est le point focal de l’acte 3. Si on veut que nos populations aient un imaginaire, rester chez eux, se développer, de travailler et de ne pas prendre des barques pour aller en Europe, il faut qu’un travail soit fait en matière d’image. Et avec ou sans l’aide de l’Etat, les cinéastes sont en train de faire des films, nous sommes dans la résistance. En 2013, quand Alain Gomis, a remporté son 1er étalon d’or, il n’y avait pas le Fopica. Pourtant il avait fait ses films, Moussa Touré avait fait ses films, Ousmane William Mbaye avait fait ses films… Ce fonds est là maintenant, il est minime mais il nous sert. Quand  on nous octroie depuis plus de 10 ans un centre qui devait être rénové et qui est bloqué par le bon vouloir d’un maire, je suis choquée, et je me dis que ce n’est pas un digne fils, ni un digne petit fils de Senghor. C’est une honte, que dans la Médina on ne trouve que des Souk (Cantines). Avoir un centre de cinématographie ça lui ferait un grand bien à lui et ses élus et le travail que nous faisons va bénéficier à tous. Aux populations de Médina, à l’ensemble de la population sénégalaise. En tant que cinéaste ce centre va nous permettre de ne plus aller au Maroc, de rester là-bas pendant 3 ou 4 mois et dépenser les maigres sous que nous avons pour la postproduction. Ce centre est fondamental pour la création et la finalisation de nos projets. Ce sera un énorme investissement pour le pays. Je ne comprends pas pourquoi ce blocage. J’aimerai qu’il ouvre ses portes pour qu’on discute avec lui. Peut être ne comprend-il pas l’enjeu de ce centre.