Me Khassimou Touré, avocat des parties civiles : «C’est une bonne décision pour nos clients»
«Nous avons assisté aujourd’hui à une bonne et saine application de la règle de droit, le droit a été dit et bien dit, les coupables ont été sanctionnés. La partie civile que je représente a joué sa partition et a eu à recevoir des dommages conséquents. On a alloué à chaque partie civile la somme de cent millions. Ce n’est pas l’argent qui nous intéresse. Quel que soit le montant qui serait alloué, même si c’était le franc symbolique, nous avons aujourd’hui un sentiment de soulagement, d’humilité, de satisfaction parce qu’ils ont été sauvagement tués, ensevelis comme des Tutsis. Mais le Tribunal dans son impérium, après avoir écouté toutes les parties et le ministère public qui a joué sa partition conformément aux règles de l’art, ce Tribunal a décidé du sort des uns et des autres. Le Tribunal a fait un tamis, il a tamisé la procédure, a cherché les coupables. Il a acquitté deux ou trois personnes qui, d’après le Tribunal, n’ont rien à voir dans cette affaire.
Nous n’avons pas encore discuté sur les principes de relever appel, parce que nous avons obtenu une décision satisfactoire. J’ai entendu certains condamnés dire qu’ils vont relever appel. S‘ils relèvent appel, nous serons encore là ; nous allons poursuivre ce dossier jusqu’au bout. Ce qui m’intéresse c’est que la voix des parties civiles soit entendue et à l’occasion de ce procès la voix des parties civiles a été entendue et c’est l’essentiel. En définitive, la règle de droit a été dite et bien dite. Nous avons gagné le procès c’est évident mais pas de triomphalisme béat, nous avons gagné dans l’humilité. Nous garderons toute notre modestie, parce que nous continuons à pleurer nos morts. Aucun centime, aucun montant ne peut remplacer les vies de Ababacar Diagne et de Bara Sow. Mais pour l’essentiel, la décision qui a été rendue est une bonne décision pour les parties civiles. Parce qu’il y a aussi bien sanction privative de liberté que sanction pécuniaire.»
Me Moustapha Dieng, avocat de Béthio Thioune : «Je suis déçu par la décision rendue»
«Je suis déçu par la décision qui a été rendue, même si je la respecte en tant qu’acteur du droit. Je relève avec l’assistance que Cheikh Béthio Thioune a été acquitté du chef d’association de malfaiteurs. Ce qui veut dire qu’il n’y a jamais eu de sa part, une entente préalable avec d’autres en vue de commettre des crimes ou des délits. Ensuite, Cheikh Béthio Thioune a été acquitté par le Tribunal du chef de recel de malfaiteurs. C’est-à-dire qu’il n’a pas essayé de soustraire les concernés dans cette affaire à l’action de la justice. Comment ces deux décisions d’acquittement peuvent cohabiter avec une complicité de meurtre, même si c’est un meurtre simple et non un meurtre avec acte de torture et de barbarie. Comment deux décisions d’acquittement peuvent cohabiter avec la complicité de meurtre et la complicité de la non-dénonciation de crime. La lecture qu’on peut faire de cette décision est que peut-être quelque part, en respectant son droit, le juge a mal appliqué les dispositions du Code de procédure pénale. J’ajoute et il l’a dit compte tenu de son âge, il n’y aura pas d’exécution de la contrainte par corps.
Pour moi cette décision n’est pas satisfactoire. Il nous faudra avec mon client examiner les voies et moyens de faire en sorte que ce qui est une évidence dans ce dossier, c’est-à-dire l’innocence du Cheikh dans cette affaire de Médinatoul Salam, soit reconnue par la justice de notre pays ; sinon par les mécanismes juridictionnels qui existent dans l’ordre international. Nous irons jusqu’au bout, je n’attends qu’une chose : une décision d’acquittement. Parce que Cheikh Béthio Thioune n’est absolument pas coupable des faits qui lui sont reprochés.
Cheikh Béthio Thioune a été jugé par contumace. La procédure de contumace ne m’autorise pas à exercer le droit d’appel. Mais, croyez-le bien, Cheikh Béthio Thioune qui est malade hospitalisé reviendra immédiatement au Sénégal dès que sa santé le permettra et ensemble, devant le Peuple sénégalais, nous le démontrerons de plus fort.»