Me Madické Niang, groupe Liberté et démocratie : «A toutes les étapes de la procédure, le droit a été violé»

«Je marque toute ma tristesse et ma déception. On a toujours considéré que c’était une Assemblée de rupture. La rupture voudrait qu’on ne se positionne pas seulement en termes d’intérêts partisans, mais qu’on prenne en compte le droit et les intérêts du Peuple sénégalais. D’abord au niveau de la Commission ad hoc, il y a eu de nombreuses irrégularité qui m’ont poussé à démissionner de mon poste de vice-président, mais en restant dans la commission. Vous avez entendu tout à l’heure le rapporteur qui a outrepassé ses pouvoirs. Au lieu d’écrire au ministre comme la commission lui avait demandé, il convoque Khalifa Sall à notre insu. Il s’arroge donc des pouvoirs que notre Règlement intérieur ne lui donne pas. Le président a simplement des pouvoirs administratifs : organiser les réunions, recevoir les correspondances et demander que ces correspondances soient transmises. Aujourd’hui, ce qui s’est passé est inadmissible. On n’a jamais vu un député détenu et dont on lève l’immunité. Si le droit était pris en compte, on aurait fait deux choses. D’abord arrêter les poursuites, saisir l’Assemblée. Si l’Assemblée lève l’immunité, il leur est loisible de le remettre en prison et de continuer les poursuites. Mais on ne peut pas le garder en prison et vouloir lever son immunité. Deuxièmement, il n’a pas pu se défendre parce qu’il est en prison. Le droit à la défense consacré par la Constitution a été violé à toutes les étapes de la procédure.»

Aymérou Gningue, groupe Bby  : «Khalifa Sall n’a pas été entendu parce qu’il y a eu un constat de carence»
«La démocratie vient de s’exprimer au Parlement. Toutes les procédures qui sont conformes à notre Règlement intérieur et qui sont conformes à notre Constitution ont été appliquées. Le Parlement n’est pas le Tribunal, mais il a le devoir de faire en sorte que la justice puisse fonctionner dans ce pays. Le procureur a demandé la levée de l’immunité parlementaire pour pouvoir continuer la procédure avec toute la présomption d’innocence que nous reconnaissons au député Khalifa Sall. Nous sommes aujourd’hui en train d’organiser les conditions d’un procès juste et équitable. Khalifa Sall n’a pas été entendu parce qu’il y a eu un constat de carence. Mais comment voulez-vous entendre quelqu’un qui ne veut pas être entendu ? Depuis trois mois, vous avez vu ses propres avocats dire que jamais Khalifa Sall ne sera entendu. Alors qu’est-ce que vous voulez ? Qu’on bloque la procédure parce qu’il n’a pas été entendu ? Combien de députés ont vu leur immunité parlementaire levée alors qu’ils n’ont pas été entendus ? Mais dans cette affaire, nous avions créé les conditions pour entendre Khalifa Sall. Nous avons commis le ministre de la Justice avec des personnes assermentées qui lui ont apporté la convocation. Mais Khalifa Sall a refusé de la prendre et un constat de carence a été versé au dossier. Donc, nous sommes tout à fait dans la légalité.»

El Hadji Issa Sall, député non-inscrit : «J’ai eu honte pour cette Assemblée dont je suis membre»
«C’était prévisible. C’est quel­que chose qui a été calculée depuis très longtemps. Moi, je n’ai pas pu lever la tête. J’ai eu honte pour cette Assemblée dont je suis membre. C’est une mascarade, c’est aussi simple que cela. Il  fallait attendre aujourd’hui pour comploter et lever l’immunité parlementaire. Ils ont été pressés simplement. Il leur aurait fallu le libérer depuis la proclamation des résultats et, plus tard, peut-être, l’appeler pour lever son immunité. Je pense qu’à ce niveau, il y a eu un problème de compétence et de courage. Ils n’ont pas voulu prendre leurs responsabilités. Le procureur a manqué de compétence.»