Dans le cadre de la troisième phase du Projet d’appui stratégique aux travailleuses domestiques (Pastdom), le Centre de recherche et d’action sur les droits économiques, sociaux et culturels (Cradesc) a décidé d’approfondir la recherche sur les agences de placement et les institutions de contrôle du travail domestique en Afrique de l’Ouest, évoluant pour la plupart dans l’«informalité». Par Dialigué FAYE –
Le travail domestique constitue une composante essentielle des économies et des sociétés, en employant des millions de femmes et d’hommes à travers le monde. Mais, force est de constater que ce secteur demeure marqué par une précarité persistante, une absence de reconnaissance, une vulnérabilité accrue des travailleuses et travailleurs domestiques.
Après deux premières études sur cette question, le Centre de recherche et d’action sur les droits économiques, sociaux et culturels (Cradesc), avec l’appui de la Fondation pour une société juste, a décidé d’approfondir la recherche, mais en mettant l’accent sur les agences de placement et les institutions de contrôle, ainsi que sur la santé des travailleuses domestique en Afrique de l’Ouest. Cette recherche s’inscrit dans le cadre de la troisième phase du Projet d’appui stratégique aux travailleuses domestiques (Pastdom).
«Dans certains pays, les travailleuses domestiques font souvent recours à des agences de placement. Et les résultats de nos recherches nous montrent que c’est un secteur qui n’est pas encadré, où il n’y a quasiment pas de réglementation sur les agences de placement. Ces agences sont dans l’informalité. Souvent, elles facilitent une meilleure protection des travailleuses domestiques, mais des fois, elles occasionnent des violations des droits de ces dernières.
Nous avons ainsi pensé qu’il fallait approfondir la recherche sur les agences de placement et les autres structures d’appui, mais aussi sur la santé des travailleuses domestiques», explique Dr Fatima Diallo, Directrice exécutive du Cradesc.
Laquelle rappelle que le Cradesc avait entrepris, depuis 2021, la mise en œuvre du Pastdom dont l’objectif général est de contribuer à la réduction de la vulnérabilité des travailleuses domestiques à travers une documentation, la réalisation de leurs droits économiques, sociaux et culturels, et d’évaluer l’efficacité des appuis dont elles bénéficient pour mieux porter le plaidoyer pour des politiques publiques visant leur protection et leur émancipation économique.
Aujourd’hui, indique Dr Diallo, le Pastdom a pu mobiliser et impacter plus de 4325 travailleuses domestiques et plus de 360 organisations, structures et entités dans les neuf pays de la sous-région, notamment le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali et le Sénégal, dans sa première phase réalisée en 2021 et 2022. Dans la deuxième phase, le projet a eu à couvrir la Gambie, le Bénin, la Mauritanie et le Togo.
Plusieurs réalisations sont enregistrées depuis son lancement. Neuf rapports nationaux ont été produits dans chacun de ces pays, ainsi que deux rapports régionaux sur les travailleuses domestiques publiés. S’y ajoute un ouvrage en cours d’édition, documentant les violations économiques et socioculturelles à l’encontre des travailleuses domestiques…
En fournissant une documentation solide sur le secteur, le Pastdom, selon la Directrice exécutive du Cradesc, «a pu attirer l’attention des autorités étatiques qui ont montré leur détermination à renforcer la protection des droits de ces travailleuses».
Malgré tout, soutient Mme Diallo, «nous sommes conscients de l’ampleur de la tâche à accomplir et des défis, notamment la nécessité d’approfondir certains aspects-clés mis en évidence dans les premières phases».
Saluant le travail du Cradesc, la directrice de l’Institut de population, développement et santé de la reproduction (Ipdsr) de l’Ucad, Pr Rosalie Aduayi Diop, considère que «les travailleuses et travailleurs domestiques sont dans un monde invisible et cela constitue une des pires formes d’injustice sociale».
Une injustice qui, d’après Aminata Kane Thioye, inspectrice du Travail, par ailleurs coordonnatrice de la Cellule genre au ministère du Travail, de l’emploi et des relations, «échappe au contrôle des institutions comme l’Inspection du travail». A son avis, des études de ce genre pourraient permettre au gouvernement de moduler la législation, afin de pouvoir prendre en charge efficacement les préoccupations des travailleuses domestiques.
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